Yémen: Prise de l'aéroport d'Hodeïda, inquiétudes pour la population

A Hodeïda, au Yémen. La coalition formée par l'Arabie saoudite pour combattre les rebelles chiites houthis au Yémen a annoncé mercredi la prise de l'aéroport d'Hodeïda. /Photo prise le 14 juin 2018/REUTERS/Abduljabbar Zeyad

par Mohammed Ghobari

ADEN (Reuters) - La coalition conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour combattre les rebelles chiites houthis au Yémen a annoncé mercredi la prise de l'aéroport d'Hodeïda, où le risque d'une crise humanitaire s'est aggravé avec le déplacement des combats vers des quartiers résidentiels.

D'après les témoignages d'habitants, des avions de la coalition bombardent des positions rebelles sur les routes menant à l'aéroport. "Cela fait cinq jours que nous sommes bloqués dans nos maisons parce que nous avons peur de sortir en raison des combats. Nous n'aurons plus de vivres dans une semaine, il n'y a pas d'eau (courante)", a déclaré Fatima, 56 ans.

Les Houthis, qui tiennent Sanaa depuis septembre 2014, tentent de conserver le contrôle d'Hodeïda, le grand port sur la mer Rouge étant leur principal point d'accès vers l'extérieur.

Mais Hodeïda occupe également une place prépondérante dans l'acheminement de l'aide humanitaire vers tout le Yémen. Selon les Nations unies, 22 millions de Yéménites ont besoin d'une aide d'urgence et 8,4 millions sont déjà menacés par la famine; or, les quatre cinquièmes des biens de première nécessité acheminés au Yémen transitent par Hodeïda.

Trois cargos affrétés par le Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam) sont actuellement à quai, contenant suffisamment de vivres pour nourrir six millions de personnes pendant un mois. Le Pam a annoncé mardi que les opérations de déchargement avaient été accélérées.

Interrogé à Bruxelles par la chaîne de télévision Al Arabia, le colonel Turki al Malki, porte-parole de la coalition, a expliqué que l'alliance sunnite s'employait à présent à détruire les fortifications houthis près de l'aéroport.

Il a accusé les rebelles d'avoir disséminé des blindés au coeur de zones résidentielles.

L'offensive sur Hodeïda, où les forces des Emirats sont en pointe, a débuté mercredi dernier.

Des habitants ont été blessés, d'autres contraints de fuir leur foyer. Les affrontements entravent aussi le travail des agences humanitaires, qui redoutent à présent que les coupures d'eau ne favorisent une épidémie de choléra dans la ville qui compte, en englobant ses alentours, quelque 650.000 habitants.

"La population dit que l'eau a déjà été coupée dans des parties d'Hodeïda. Certains quartiers, avant même la guerre, n'étaient même pas reliés au principal réseau", explique Salim Al Chamiri, coordinateur du Norwegian Refugee Council.

"Avec la température de l'air qui augmente, nous avons pris des initiatives pour former les gens à une consommation sans risque de l'eau", a-t-il dit à Reuters.

Le colonel Malki, porte-parole de la coalition, assure que "le port d'Hodeïda fonctionne normalement, et les mouvements de navires sont normaux. Nous avons des plans humanitaires et des plans de développement pour quand nous aurons libéré la ville".

(avec Marwa Rashad à Ryad et Ghaida Ghantous à Dubaï; Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)