Yémen: Une frappe de la coalition fait des dizaines de morts, dont une trentaine d'enfants

ADEN, Yémen (Reuters) - Une attaque aérienne de la coalition sous commandement saoudien contre un bus de transport scolaire a fait des dizaines de morts, dont une trentaine d'enfants, jeudi dans la province de Saada, la capitale du Yémen, près de la frontière avec l’Arabie saoudite, ont annoncé les services médicaux yéménites et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Selon le dernier bilan communiqué sur Twitter par le CICR, ses équipes médicales à Sanaa ont recueilli les corps de 29 enfants, tous âgés de moins de quinze ans. Elles ont également pris en charge 48 blessés, dont 30 enfants.

Ce bilan concerne le seul hôpital de Sanaa où opèrent les équipes du CICR.

Le chef du département de la santé à Saada, la capitale sous le contrôle des rebelles chiites Houthis, Abdoul Ghani Nayeb, a fait état d'un bilan plus lourd: "Un bus transportant des enfants venus d'une école d'été a été visé aujourd'hui. Il y a 43 martyrs et près de 63 blessés", a-t-il dit à Reuters.

Les bombardements aériens visaient un bus qui conduisait des enfants au marché de Dahyan, dans le nord de Saada, selon le CIRC et les services de santé.

Cette attaque sur un marché fréquenté démontre "le mépris flagrant de la coalition envers la vie des civils", a commenté un porte-parole des Houthis.

La coalition sous commandement saoudien a déclaré pour sa part que ces bombardements aériens avaient pour cible des lanceurs de missiles utilisés pour attaquer la veille la ville industrielle de Djizan, dans le sud de l'Arabie saoudite.

Ces frappes "étaient conformes au droit international et humanitaire", ajoute le communiqué publié par l'agence de presse SPA, qui accuse les Houthis de se servir d'enfants comme boucliers humains.

L'Arabie saoudite et ses alliés musulmans sunnites sont entrés dans la guerre civile au Yémen en mars 2015 pour chasser les Houthis chiites alignés sur l'Iran, qui contrôlent une grande partie du nord du Yémen, et notamment sa capitale Sanaa, et rendre le pouvoir au gouvernement yéménite en exil.

Les représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Yémen ont déployé des moyens d'urgence pour faire face à l'afflux de blessés.

"Ubuesque, honteux et indigne", a dénoncé Jan Egeland, qui dirige le Norwegian Refugee Council, une ONG humanitaire venant aux secours des populations déplacées. "Quand un car transportant des écoliers innocents devient une cible légitime, on est dans un mépris flagrant des règles de la guerre", a-t-il ajouté.

(Aziz El Yaakoubi et le bureau de Dubaï; Danielle Rouquié Et Henri-Pierre André pour le service français)