XV de France: des "bars du Pays Basque" pour regarder la Coupe du monde à potentiel titulaire en Bleu, l'incroyable trajectoire de Maxime Lucu

XV de France: des "bars du Pays Basque" pour regarder la Coupe du monde à potentiel titulaire en Bleu, l'incroyable trajectoire de Maxime Lucu

C'était il y a 4 ans. Les Bleus s'empêtraient dans une Coupe du monde difficile au Japon. Maxime Lucu, lui, était bien loin de tout ça. Joueur de ProD2 au Biarritz Olympique, il regardait les matchs du XV de France avec ses potes de Saint-Pée sur Nivelle dans des bars du Pays Basque. Alors être dans l'effectif qui dispute la Coupe du monde en France… "Jamais je n'y aurais cru", nous confiait-il avant la préparation.

Lucu n'a jamais été le grand talent que tout le monde attendait au plus haut niveau. Sa réussite, c'est celle d'un rugbyman travailleur qui a dû enfoncer les portes et se faire une place à chaque fois qu'il en a eu l'opportunité. "Il a dû travailler un peu plus que les autres pour y arriver, souffle son frère Ximun ancien joueur pro à Biarritz. On a dû forcer un peu le passage." Maxime Lucu s'est construit dans les traces de son père Jean-Paul, ancien talonneur de Saint-Pée sur Nivelle et de son frère Ximun.

Il débute le rugby très jeune et se retrouve avec une génération de cracks. Avec son ami d'enfance Charles Ollivon, l'équipe de senpertar (nom des habitants de Saint-Pée) rafle tout. Des mini-poussins aux moins de 14 ans, Saint-Pée est l'épouvantail de la région. "On s'était même qualifiés pour le super challenge à Marcoussis, poursuit Clément Ozcoidi, ancien coéquipier de Lucu et désormais coprésident du club de Saint-Pée, le SPUC. On n'avait jamais quitté le Pays Basque, ça faisait un peu 'indiens dans la ville'. Le soir on a assisté à un match du XV de France contre les Blacks."

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Lucu: "J'ai toujours été au pied du mur"

Charles possède des qualités naturelles qui le font vite basculer vers le milieu professionnel à Bayonne. Pour Maxime "plus discret" c'est son tempérament de gagneur et son mental qui va le propulser vers le Biarritz Olympique. Ximun, son frère, a même bataillé avec les dirigeants de l'époque pour lui faire intégrer le BO en jeune malgré son talent.

"J’ai toujours été au pied du mur, lâche le demi de mêlée de l'UBB. Je n’étais jamais le premier choix de mes entraîneurs. À Biarritz, on m’a dit que je ne jouerai pas sauf s’il y a des blessés. Je suis arrivé à Bordeaux en sachant que Christophe (Urios) ne me voulait pas forcément. On me disait que je n’allais pas jouer, que j’allais redescendre en ProD2. J’ai toujours refusé ça en me disant : 'Je peux jouer. Je vais montrer que je peux le faire.' À chaque fois que j’ai eu des défis comme ça, j’ai toujours réussi à les relever. Ça me pique dans mon orgueil."

À son arrivée à l'UBB, Lucu partait comme numéro trois dans la hiérarchie. En six mois, il s'est imposé comme un leader incontestable en Gironde et est convoqué en équipe de France. " Beaucoup me disaient que l’équipe de France, c’était impossible, continue Lucu. J’ai voulu montrer l’inverse en portant le maillot. J’essaie d’avoir de l’abnégation pour attraper tout ce que je peux, profiter de tout ce que je peux. J’ai de la chance de faire ce sport et quand il y a un défi, j’essaie de le relever. Depuis que je joue au rugby c’est comme ça."

Invaincu avec le maillot bleu

Avec les Bleus de Galthié aussi, il a su se frayer son chemin. Au point de devenir le numéro deux derrière l'intouchable Antoine Dupont. En 17 sélections avec la France, Maxime Lucu n'a jamais perdu. Il est même le seul joueur invaincu de la liste des 33 avec le maillot frappé du coq. Pendant trois ans, il a appris à maîtriser son rôle de finisseur.

"Le fait de battre l’Afrique du Sud lorsque je rentre après le carton rouge d’Antoine (Dupont), ma première titularisation contre le Japon (hors tournée estivale) où on fait un match très sérieux, ces moments ont donné plus de confiance au staff pour m’utiliser. Ça montre qu’on a tous un rôle important dans cette équipe quels que soient les absents." Face à l'Italie et potentiellement en quart de finale, Maxime Lucu devra prendre les rênes du train bleu. Son jeu au pied d'occupation, sa capacité à gérer les matchs et sa complémentarité avec Matthieu Jalibert plaident en sa faveur. "Je me rappelle souvent des moments où on jouait dans le jardin de nos parents et quand je vais au Stade de France je me dis… Putain, quel chemin parcouru", termine Ximun. Qu'il est loin le temps des bières basques devant les matchs de son XV de France en 2019.

Article original publié sur RMC Sport