William Cliff élève le banal au sonnet

Deux recueils du Belge empreints de mélancolie vivable

William Cliff continue. Depuis quarante-cinq ans, le Belge tient en vers la chronique de sa propre existence. Sa bibliographie, qui comprend déjà une vingtaine de recueils, s’enrichit de deux nouveaux livres : Au nord de Mogador (Le Dilettante) et surtout Matières fermées, un recueil de sonnets édités à La Table ronde.

Une œuvre dont le projet est une anomalie dans le paysage actuel. Depuis 1973, le natif de Gembloux, près de Namur, relate les événements de sa vie, ses désirs, ses voyages, ou simplement ses humeurs, en utilisant les formes des poètes qu’il admire : le rondeau de Charles d’Orléans, le dizain de Maurice Scève ou le sonnet de Shakespeare, un autre William que Cliff avait traduit pour les Editions du Hazard. Dans Matières fermées, le Belge emprunte d’ailleurs très souvent à l’Anglais la forme en trois quatrains suivis d’un distique.

Les textes ainsi produits portent le paradoxe d’obéir à une certaine complexité formelle tout en étant très accessibles pour des lecteurs même pas du tout aguerris aux poèmes élisabéthains. Car si la poésie de William Cliff a bien une caractéristique, c’est qu’on ne sent jamais la forme à la lecture. Ses vers sont connus pour pouvoir être parcourus dans une grande fluidité. Ici, les phrases s’enchaînent d’un vers à l’autre, d’un paragraphe à l’autre et même parfois d’un poème à l’autre, créant comme un vaste récit général. L’impression de simplicité, presque d’humilité dans l’écriture, est encore renforcée par un vocabulaire peu complexe et des rimes (souvent) pauvres :

«Les contrariétés qui pèsent sur la vie, / les traverses qui blessent, les forces du mal, / nous essayons d’en guérir par la poésie / que nous écrivons pied à pied tant bien que mal» (sonnet 143).

Dans Matières fermées, Cliff revient en 217 poèmes de 14 alexandrins chacun sur son enfance, comme dans beaucoup de ses ouvrages (il avait composé une Autobiographie dès 2009). Le poète observe aussi son propre (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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