Westinghouse (Toshiba) pourrait se déclarer en faillite mardi

par Kentaro Hamada et Taro Fuse

TOKYO (Reuters) - Toshiba souhaite que sa filiale américaine de centrales nucléaires Westinghouse Electric se déclare en faillite dès mardi afin de contenir ses pertes avant le 31 mars, date de la la fin de l'exercice fiscal au Japon, a dit lundi une source directement informée du dossier.

La procédure risque toutefois d'être complexe et de faire intervenir à la fois les autorités américaines et japonaises, ce qui pourrait ne pas la rendre possible dès cette semaine.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe redoute que le président américain Donald Trump prenne prétexte de cette mise en faillite pour critiquer la stratégie des entreprises japonaises aux Etats-Unis.

"Westinghouse est un employeur majeur et un groupe nucléaire avec des projets en cours dans deux différents Etats, dont l'un bénéficie de garanties de prêts du département américain de l'Energie", observe George Borovas, du cabinet d'avocats Sheaman & Sterling.

L'avenir de Toshiba et de Westinghouse a déjà été évoqué lors de discussions bilatérales entre le ministre du Commerce japonais Hiroshige Seko et les Américains Wilbur Ross et Rick Perry, respectivement secrétaire au Commerce et secrétaire à l'Energie.

"Une déclaration le 28 mars est une possibilité. Le raisonnement, c'est ce que ce serait bien si on y parvenait mais quant à savoir si les choses se passeront bien ou pas, c'est une autre question", a dit la source s'étant exprimée lundi.

Pour lever des capitaux frais et absorber les pertes de Westinghouse, Toshiba s'est résolu à céder ses activités de puces mémoire, une vente que ses actionnaires doivent approuver jeudi en assemblée générale.

Toshiba tient à ce que la déclaration de mise en faillite ait lieu mardi, avant la tenue de l'assemblée générale.

Le conglomérat a réaffirmé lundi qu'il n'était pas opportun de s'exprimer sur le sujet de manière prématurée.

Les banques créancières du groupe, dont Sumitomo Mitsui Banking et Mizuho Bank, préfèreraient, elles, que cette déclaration de faillite de Westinghouse n'intervienne pas mardi. Les deux établissements redoutent une assemblée générale trop houleuse, a dit une source financière.

"Les créanciers sont conscients que Toshiba veut une déclaration de mise en faillite d'ici la fin du mois, mais ils préfèreraient si possible qu'elle ait lieu après l'assemblée générale", a-t-elle ajouté

D'autres sources ont déclaré en fin de semaine dernière à Reuters que Toshiba avait informé ses créanciers qu'il lancerait cette procédure de faillite pour Westinghouse Electric vendredi prochain.

DES CHARGES 8,34 MILLIARDS D'EUROS

La décision de se placer sous la protection de la loi sur les faillites appartient au conseil d'administration de Westinghouse et ne requiert pas le feu vert des actionnaires de Toshiba.

La mauvaise santé financière de Westinghouse entrave les efforts de redressement de Toshiba plus d'un an après un scandale comptable au sein du groupe japonais, qui a été une nouvelle fois incapable mi-mars de publier des comptes trimestriels audités, ce qui le menace d'une radiation de la Bourse de Tokyo.

Toshiba s'attend à ce qu'une mise en faillite de Westinghouse porte les charges financières liées à sa filiale à environ 1.000 milliards de yens (8,34 milliards d'euros) pour l'exercice fiscal en cours, contre une estimation officielle de 712,5 milliards de yens jusqu'à présent, ont dit des sources.

Malgré ce surcoût initial, le groupe japonais espère ainsi limiter les risques de pertes futures liées à deux chantiers de centrales nucléaires en Géorgie et en Caroline du Sud.

D'après le journal japonais Nikkei, Toshiba a demandé à la compagnie sud-coréenne Korea Electric Power (Kepco) de l'aider dans la réorganisation d'un Westinghouse mis en faillite.

Un porte-parole de Kepco a dit qu'aucune requête n'avait été adressée à la compagnie sud-coréenne.

(Avec Makiko Yamazaki à Tokyo et Jane Chung à Séoul; Bertrand Boucey et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)