A Washington, les dirigeants économiques mondiaux font valoir un consensus

En marge des assemblées du FMI et de la Banque mondiale à Washington, les grands argentiers du Groupe des Vingt ont continué vendredi de minimiser les frictions avec l'administration Trump au sujet notamment des devises et du commerce. /Photo prise le 21 avril 2017/REUTERS/Mike Theiler

par Francesco Canepa et Gernot Heller WASHINGTON (Reuters) - Les grands argentiers du Groupe des Vingt ont continué vendredi de minimiser les frictions avec l'administration Trump au sujet notamment des devises et du commerce, tout en reconnaissant que nombre de projets du président américain restaient peu clairs. Donald Trump a paru se concentrer vendredi sur les affaires intérieures, en annonçant la présentation prochaine de sa réforme fiscale, et un réexamen de mesures de régulation financière. En marge des assemblées du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington, les responsables internationaux, réunis à quelques mètres de la Maison blanche, ont évoqué pour leur part le "large consensus" trouvé avec les conseillers économiques du président, sur la nécessité de garder ouvertes les frontières et de coordonner les régulations financières au niveau mondial. "Presque tout le monde a souligné l'importance de marchés ouverts et d'un libre accès aux marchés", a déclaré le gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, à l'issue de réunions avec les ministres des finances du Groupe des Vingt, et notamment le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin. "C'était le consensus", a-t-il ajouté. Les ministres des finances et responsables économiques présents lors des réunions avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ont salué la reprise de l'économie mondiale, mais aussi évoqué la présence de questions politiques susceptible de remettre en cause ces progrès. Les discours de Trump sur le commerce et sa méfiance à l'égard de groupes "mondialistes" comme le FMI ont jeté une ombre sur les discussions, tout comme la perspective d'un premier tour de l'élection présidentielle française susceptible de perturber la dynamique économique de la zone euro. RELATION DE TRAVAIL AVEC WASHINGTON Mais le risque Trump semble, pour le moment, passer au second plan. L'organisation du G20, actuellement présidée par l'Allemagne, est devenue sous le mandat du démocrate Barack Obama un forum central de discussions entre les vingt premières économies industrielles et émergentes. Cette semaine, des responsables ont estimé que le secrétaire américain au Trésor et d'autres responsables des Etats-Unis semblaient prêts à poursuivre le travail sur la régulation financière. Les questions sources de division, comme la valeur de la monnaie chinoise ou le large excédent commercial enregistré par l'Allemagne avec les Etats-Unis, ont toutefois été évitées. L'administration Trump avait précédemment menacé d'adopter des mesures pour réduire les importations et s'en était prise à l'Allemagne, accusant Berlin d'exploiter un euro faible pour creuser cet excédent. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré vendredi qu'aucun de ces deux sujets n'avait été discuté à Washington et a dit avoir constaté une certaine détente dans la controverse commerciale avec les Etats-Unis. L'acier en particulier, largement produit par l'Allemagne, reste un point de friction entre les deux pays. Lors d'un événement distinct du Groupe des Vingt en Allemagne, la ministre de l'Economie allemande, Brigitte Zypries, a estimé que l'enquête sur l'acier étranger annoncée par Donald Trump indiquait des "tendances protectionnistes regrettables". Elle a annoncé en outre qu'elle discuterait du marché mondial de l'acier avec le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, lors d'un entretien téléphonique la semaine prochaine. Wolfgang Schäuble a dit penser qu'une "solution sans confrontation" aux questions économiques serait obtenue lors de la prochaine réunion des leaders économiques du G20 à Hambourg en juillet. Le chancelier de l'Échiquier britannique, Philip Hammond, a jugé que les Etats-Unis et le Royaume-Uni pouvaient aller plus loin, et s'entendre sur un accord commercial bilatéral tandis que le Japon et d'autres responsables ont indiqué qu'ils ne s'attendaient à aucune mesure abrupte de la part de Trump. Les projets de déréglementation financière du président américain ont rendus nerveuses les autorités européennes en la matière, mais le gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, s'est dit certain qu'il n'y aurait pas de "nivellement par le bas" des régulations. (Avec David Lawder; Julie Carriat pour le service français)