Appel de Hollande et Obama à intensifier les frappes contre l'EI

WASHINGTON (Reuters) - François Hollande a appelé mardi à Washington, avec l'appui de Barack Obama, à livrer contre l'Etat islamique une bataille "commune, collective et implacable" impliquant des frappes au coeur des villes occupées et l'appui de combattants au sol. Au terme d'une heure et quarante minutes d'entretien à la Maison blanche avec le président américain, les deux hommes ont appelé à intensifier les frappes contre Daech en Syrie comme en Irak. "Nous ne laisserons pas abîmer le monde et, face à Daech, nous devons avoir une réponse commune, collective et implacable", a dit le président français lors d'une conférence de presse commune. Sur le plan militaire, "il s'agit de détruire Daech partout où il se trouve, de couper ses sources de financement, de traquer ses dirigeants, de démanteler ses réseaux et de reconquérir les territoires qu'il contrôle", a-t-il énuméré. France et Etats-Unis ont décidé à cette fin "d'intensifier (leurs) frappes, d'élargir leur portée, de renforcer les échanges de renseignement sur les cibles". "La priorité est la reprise des points-clés occupés par Daech en Syrie", a-t-il insisté, expliquant que les frappes françaises se feraient au coeur même des villes occupées par Daech, contre des centres de commandement et de formation. François Hollande a aussi jugé urgent de fermer la frontière syro-turque "pour qu'aucun terroriste ne vienne en Europe pour perpétrer des actes barbares". La lutte implique aussi à ses yeux d'appuyer les combattants présents sur le terrain, de "faire en sorte que ces forces-là puissent être aidées, équipées, par l'ensemble des pays qui veulent, sur le plan militaire, détruire Daech." Il a appelé de ses voeux de meilleurs échanges d'informations entre alliés, ce que Barack Obama lui a promis. "Les Etats-Unis vont rapidement partager leurs renseignements avec la France", a dit le président américain. Au plan diplomatique, François Hollande a de nouveau prôné une "transition politique crédible" en Syrie, ce qui revient à établir "un calendrier précis permettant un cessez-le-feu et l'ouverture d'un processus conduisant au départ de Bachar al Assad". "NOUS SOMMES TOUS FRANÇAIS", DIT OBAMA Sur les rapports avec Moscou, soutien du président syrien, il a dit souhaiter coopérer avec la Russie "si elle concentre son action militaire sur Daech" et "si elle s'engage pleinement pour la recherche d'une solution politique en Syrie". François Hollande doit se rendre jeudi à Moscou pour y rencontrer Vladimir Poutine et confirmer le rapprochement des deux pays pour mener de front des opérations militaires, notamment à travers une coopération de leurs groupes aéronavals respectifs présents en Méditerranée. La position des Russes dans la région se complique encore avec les tensions créées par le crash, mardi, d'un avion de chasse russe abattu par les forces turques. François Hollande et Barack Obama ont mis en garde contre les risques d'un "embrasement général" suite à cet incident. Pour le président américain, "la Turquie, comme tous les pays, a le droit de défendre son intégrité territoriale et son espace aérien". "Tout cela nous montre qu'il y a quand même un problème permanent avec les opérations russes dans la mesure où celles-ci se produisent près des frontières turques et visent l'opposition modérée qui est appuyée par la Turquie et par d'autres pays", a-t-il aussi souligné. Onze jours après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris, Barack Obama a dit sa solidarité en déclarant en langue française : "Nous sommes tous Français". "Le 11 septembre (2001-NDLR), tous les Français étaient Américains et après le 13 novembre, les Américains étaient Français. Nos deux peuples fusionnés dans la même émotion mais surtout dans la même défense de la liberté", a dit François Hollande. "En attaquant la France, c'était le monde entier que les terroristes, les assassins lâches de Daech, voulaient viser". (John Irish, avec Elizabeth Pineau et Marine Pennetier à Paris, édité par Yves Clarisse)