Washington et Damas divergent sur la présence d'experts de l'OIAC à Douma

Des inspecteurs de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sont arrivés mardi à Douma, a affirmé la presse syrienne, alors que la France exhortait Damas et Moscou à leur accorder un "accès complet, immédiat et sans entrave". /Photo prise le 17 avril 2018/REUTERS/Omar Sanadiki

par Laila Bassam

BEYROUTH (Reuters) - Les Etats-Unis et la Syrie ont donné des comptes rendus divergents mardi sur la mission des inspecteurs de l'OIAC, Damas assurant qu'ils étaient arrivés à Douma dans la Ghouta orientale, tandis que selon le département d'Etat, ils ne sont pas entrés dans la ville-même, théâtre d'une attaque chimique présumée le 7 avril.

La télévision officielle syrienne a affirmé que les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques étaient entrés dans la ville, où, selon certaines sources, des dizaines de civils seraient morts le 7 avril lors d'une attaque chimique.

La porte-parole du département d'Etat Heather Nauert a en revanche dit mardi que selon ses informations, les inspecteurs de l'OIAC avaient pu voir la ville mais "d'après ce que nous savons, ils ne sont pas entrés dans Douma".

A La Haye, ville où se trouve le siège de l'OIAC, on déclarait de source diplomatique que les experts n'avaient pas pénétré pour l'instant dans Douma.

Les Etats-Unis, a dit la porte-parole du département d'Etat, ont obtenu par ailleurs des renseignements montrant qu'à la fois du chlore et du gaz sarin avaient été utilisés à Douma le 7 avril, lors de l'attaque qui a déclenché près d'une semaine plus tard des frappes coordonnées occidentales contre des installations du régime syrien.

Douma est aux mains des forces gouvernementales syriennes depuis que les derniers insurgés qui tenaient la ville s'en sont retirés.

Les experts de l'OIAC ont été dépêchés en Syrie samedi pour inspecter Douma en quête d'éléments sur l'attaque présumée, que les Occidentaux imputent aux forces fidèles à Bachar al Assad.

Le régime de Bachar al Assad et la Russie ont démenti catégoriquement que les troupes syriennes aient eu recours à des armes chimiques.

Les inspecteurs de l'OIAC devaient entamer leur mission lundi à Douma, mais l'ambassadeur britannique auprès de l'organisation avait annoncé le même jour que la Russie et la Syrie ne les avaient pas autorisés à s'y rendre.

Pour son homologue américain, les forces russes pourraient avoir cherché à faire disparaître les traces d'un recours aux armes chimiques, des soupçons également exprimés mardi à Paris. A Moscou, on assure que le report des inspections de l'OIAC est dû aux frappes occidentales.

A Paris, la porte-parole du Quai d'Orsay évoquait mardi les mêmes craintes: "Il est très probable que des preuves et des éléments essentiels disparaissent de ce site, par ailleurs entièrement contrôlé par les armées russes et syriennes".

(Avec Dahlia Nehme, Jean-Philippe Lefief, Jean Terzian et Eric Faye pour le service français)