Washington dit avoir déjoué un assassinat politique destiné à venger la mort du général iranien Soleimani
Les États-Unis ont annoncé ce mardi 6 août avoir déjoué l'assassinat sur leur sol d'un responsable gouvernemental fomenté par un Pakistanais lié selon eux à l'Iran, pour venger la mort du général iranien Qassem Soleimani tué en 2020 par une frappe américaine en Irak.
"Les personnes qui seront visées sont celles qui font du mal au Pakistan et [au] monde musulman". D'après des documents judiciaires, rendus publics ce mardi 6 août par la justice américaine, un ressortissant pakistanais, lié à l'Iran, Asif Merchant, prévoyait d'assassiner un responsable politique aux États-Unis.
Selon Washington, cette attaque, qui a été déjouée, aurait eu pour objectif de venger la mort du général iranien Qassem Soleimani tué en 2020, sous la présidence Trump, dans une frappe américaine en Irak. Le général Soleimani était l'architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et le chef de la Force Qods chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution.
"Depuis des années, le ministère de la Justice travaille sans relâche pour contrer les tentatives de l'Iran de riposter contre des responsables américains à l'assassinat du général iranien Soleimani", a déclaré le procureur général Merrick Garland, comparable au ministre de la Justice, dans un communiqué.
Asif Merchant, 46 ans, a été interpellé le 12 juillet dernier alors qu'il prévoyait de quitter le sol américain et est actuellement en détention. "Merchant, travaillant pour d'autres à l'étranger, est soupçonné d'avoir planifié le meurtre de responsables gouvernementaux des États-Unis sur le sol américain", a accusé le procureur fédéral de Brooklyn à New York, Breon Peace. Il est ainsi poursuivi pour projet de "meurtre par tueurs à gages", a annoncé Merrick Garland.
Donald Trump ciblé?
Selon une plainte déposée par un agent du FBI, Asif Merchant orchestrait son complot depuis au moins avril 2024. Ses trois objectifs? "Voler des documents ou des clés USB au domicile d'une cible", "planifier une manifestation" "pour faire diversion", "et tuer un politicien ou un fonctionnaire du gouvernement". Tout en spécifiant que les victimes seraient ciblées "ici" aux États-Unis.
Si aucune mention n'est faite de Donald Trump dans les documents judiciaires, plusieurs médias américains, dont CNN et le New York Times, affirment que les enquêteurs pensent que l'ancien président américain figurait parmi les cibles potentielles.
Le Monde explique que les autorités américaines avaient reconnu le mois dernier qu'une menace iranienne contre la vie de Donald Trump avait nécessité des mesures de sécurité supplémentaires dans les jours précédant un rassemblement en Pennsylvanie. Si c'est à ce même rassemblement en Pennsylvanie que le milliardaire républicain a été victime d'une tentative d'assassinat, le ministre de la Justice a écarté "tout lien" entre l'affaire Asif Merchant et les faits du 13 juillet.
Des tueurs à gages recrutés
Pour mettre en oeuvre son complot, le ressortissant pakistanais, considéré par Washington comme "étroitement lié à l'Iran" a souhaité recruter des personnes aux États-Unis. Il a alors contacté une personne "dont il pensait qu'elle pourrait l'aider dans son projet criminel", d'après la déclaration sous serment d'un agent du FBI.
"Cette personne a en fait signalé le comportement de Merchant aux services de police et est devenue une source confidentielle travaillant avec les forces de l'ordre", est-il détaillé.
Cette même personne a été chargée de recruter des tueurs à gages. Les tueurs à gages présentés à Asif Merchant étaient deux agents des forces de l'ordre sous couverture.
Ce dernier a accepté de verser aux faux tueurs à gages une avance de 5.000 dollars pour le futur assassinat et a indiqué qu'il donnerait les instructions, y compris le nom de la cible, la dernière semaine d'août ou la première semaine de septembre.
D'après l'agent du FBI, Asif Merchant avait alors précisé qu'il était le "représentant" aux États-Unis, sous-entendant qu'il y avait d'autres personnes pour lesquelles il travaillait en dehors du pays.
"Tout droit tiré des méthodes iraniennes"
Pour le directeur du FBI Christopher Wary, ce recours à des tueurs à gages "est tout droit tiré des méthodes iraniennes".
"Le ministère de la Justice a instruit nombre d'affaires contre des individus agissant pour le compte du gouvernement iranien visant à tuer des Américains aux États-Unis", a rappelé le procureur général Merrick Garland.
"Ces menaces devraient continuer et cette affaire n'est pas la dernière", a-t-il prévenu. L'Iran est la bête noire des États-Unis. Leurs relations diplomatiques sont rompues depuis 1980.
Les Affaires étrangères pakistanaises ont annoncé être en contact avec Washington et "attendre plus de détails" notamment sur "les antécédents de l'individu en question".
La représentation iranienne auprès des Nations unies, citée par l'agence officielle Irna, a affirmé ce mardi dans la nuit que l'Iran n'avait "reçu aucun rapport à ce sujet" de la part des États-Unis.
"Il est clair que cette méthode est contraire à la politique du gouvernement iranien consistant à poursuivre le tueur de Soleimani", a-t-elle ajouté.
Il y a tout juste deux ans, Téhéran avait qualifié de "ridicules" des accusations de la justice américaine selon lesquelles un membre des Gardiens de la Révolution avait comploté pour tuer John Bolton lorsqu'il était conseiller à la sécurité nationale du président d'alors, Donald Trump.