Wall Street termine en repli face aux tensions coréennes

par Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a terminé en net recul mardi, le S&P-500 affichant sa plus forte baisse quotidienne depuis environ trois semaines, alors que les tensions internationales restent vives deux jours après le nouvel essai nucléaire de la Corée du Nord.

Moscou a jugé qu'un vote d'ici lundi prochain au Conseil de sécurité de l'Onu du projet américain de résolution renforçant les sanctions contre Pyongyang serait "prématuré".

L'indice Dow Jones a perdu 234,25 points, soit 1,07%, à 21.753,31. Le S&P-500, plus large, a reculé de 18,70 points, soit 0,76%, à 2.457,85. Le Nasdaq Composite a cédé de son côté de 59,76 points (-0,93%) à 6.375,57 points.

Les marchés américains ayant été fermés lundi pour "Labor Day", il s'agissait de la première journée d'ouverture de Wall Street depuis l'annonce du sixième essai nucléaire de la Corée du Nord, le plus puissant jamais effectué par ce pays.

"Il semble que l'escalade ait franchi une étape supplémentaire, mais il y a beaucoup de choses dans les semaines à venir qui pourraient inciter les investisseurs à un peu plus de prudence", dit Randy Frederick, chez Charles Schwab.

Le mois de septembre, traditionnellement le plus difficile de l'année, pourrait être encore compliqué par un éventuel bras de fer à Washington autour du plafond de la dette.

Sept des 10 grands secteurs du S&P accusent un repli. Les financières ont été les plus attaquées, avec un indice en baisse de 2,20%, leur plus forte baisse depuis mi-mai, après des déclarations accommodantes de responsables de la Réserve fédérale face à la faiblesse de l'inflation.

La gouverneure de la Fed, Lael Brainard, a déclaré que l'inflation était "bien éloignée" de l'objectif de 2% de la banque centrale américaine et que cette dernière devait faire preuve de prudence en matière de relèvement des taux.

PRUDENCE SUR LES TAUX

Un deuxième responsable, le président de la Fed de Minneapolis Neel Kashkari, est allé plus loin en reprochant aux récents relèvements de taux d'être, non seulement responsables de la faiblesse de l'inflation, mais aussi de miner le rebond du marché de l'emploi évoquée pour justifier les hausses de taux.

Goldman Sachs a perdu 3,59% et pesé lourdement sur le Dow, tandis que le S&P a été alourdi par les baisses de 2,39% de JPMorgan et de 3,24% de Bank of America.

Sur le marché des changes, le dollar cède du terrain face à un panier de devises de référence (-0,35%), affaibli à la fois par la Corée du Nord et par les déclarations de la Fed.

"Pour ce qui est des taux d'intérêt, tout le monde attend de voir ce qui va se passer. Personne ne table sur une hausse de taux en septembre, mais nous aurons une série d'indicateurs économiques d'ici décembre qui pourraient modifier les chances d'un relèvement de taux", ajoute le gérant de Charles Schwab.

Sur le plan macroéconomique aux Etats-Unis, les commandes à l'industrie ont subi en juillet leur baisse la plus marquée depuis près de trois ans mais les commandes de biens d'équipement ont été plus importantes que ne le donnait une première estimation, signe que les entreprises ont beaucoup investi au début du troisième trimestre.

Du côté des valeurs individuelles, le conglomérat industriel United Technologies, maison mère du motoriste Pratt & Whitney, a abandonné 5,69%, plus net recul du Dow, après avoir conclu le rachat de l'équipementier aéronautique Rockwell Collins pour 30 milliards de dollars (25,2 milliards d'euros). L'action Rockwell Collins a pris 0,3%.

Boeing, qui est sorti de son silence pour annoncer qu'il étudierait de près le projet, a cédé 1,39%.

Contre la tendance, le laboratoire pharmaceutique Insmed s'est envolé de près de 120% à la suite de l'annonce de résultats positifs d'un essai clinique sur un traitement d'une maladie rare du poumon.

Au total environ 6,7 milliards d'actions ont changé de mains sur les marchés américains, contre 5,8 milliards en moyenne au cours des 20 dernières séances.

Sur le marché pétrolier, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a rebondi de 3% à 48,66 dollars, la reprise progressive de l'activité des raffineries fermées avant le passage de la tempête Harvey soutenant la demande. A l'inverse, les contrats à terme sur l'essence, qui s'étaient envolés la semaine dernière, sont retombés de 3%..

(Lewis Krauskopf et Sruthi Shankar, Juliette Rouillon pour le service français)