Les tensions commerciales ont plombé Wall Street

par Wilfrid Exbrayat

PARIS (Reuters) - Wall Street a terminé en baisse vendredi, s'étant résolument orientée vers le territoire négatif en fin de séance sur une information de CNBC voulant que les négociations commerciales sino-américaines ne progressent plus, après avoir joué aux montagnes russes au gré des péripéties de ce dossier.

L'indice Dow Jones a perdu 98,68 points, soit 0,38%, à 25.764 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 16,79 points (0,58%) à 2.859,53 points. Le Nasdaq Composite a laissé 81,76 points, soit 1,04%, à 7.816,29 points.

Sur l'ensemble de la semaine, le S&P recule de 0,76%, le Dow de 0,69% et le Nasdaq de 1,27%.

Le Dow Jones a ainsi aligné quatre semaines consécutives dans le rouge, une série inédite depuis trois ans.

Le S&P-500 et le Nasdaq inscrivent eux deux semaines d'affilée en négatif, le NYSE n'ayant finalement pas réussi à se remettre du coup de tabac de lundi dernier.

"Rien d'anormal à ce la Bourse faiblisse en fin de semaine", a dit Peter Tuz (Chase Investment Counsel). "Le risque de voir quelque chose de bizarre se passer durant le week-end pousse à prendre ses bénéfices à mesure que la fin de la semaine approche".

La presse officielle chinoise a jeté de l'huile sur le feu vendredi en remettant en cause la sincérité des Etats-Unis quant à leur volonté affichée de reprendre les discussions commerciales, estimant que leurs récentes décisions, telle l'exclusion du groupe de télécoms Huawei du marché américain, avaient dégradé le climat des négociations.

Le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin a bien dit qu'il se rendrait bientôt à Pékin pour y poursuivre les négociations mais le ministère chinois du Commerce a fait savoir jeudi qu'il n'avait aucune information à ce sujet.

En revanche, les discussions entre les Etats-Unis et l'Union européenne pourraient progresser avec la confirmation par la Maison blanche du report de six mois de sa décision sur une éventuelle imposition de droits de douane sur les voitures et pièces détachées importées.

Autre nouvelle encourageante, les États-Unis ont conclu un un accord supprimant les droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Canada et du Mexique.

Côté résultats de sociétés, sur 460 des 500 sociétés composant l'indice S&P-500 qui ont publié, 75,2% ont battu le consensus. Les analystes pensent que les bénéfices ont augmenté de 1,4% au premier trimestre, alors qu'ils anticipaient une perte de l'ordre de 2% début avril.

Le volume a été de 6,71 milliards de titres échangés contre 6,98 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les tensions commerciales ont fait passer au second plan le fait que la confiance du consommateur américain ait rebondi à un plus haut de 15 ans au mois de mai.

VALEURS

Les querelles du commerce international ont eu raison des valeurs industrielles.

L'équipementier agricole Deere & Co a perdu 7,7%, plus forte perte du S&P-500, car il a revu à la baisse ses prévisions annuelles.

Caterpillar, 3M, Textron, General Dynamics et FedEx ont poussé l'indice des industrielles a afficher une perte de 1,1%.

Sur les 11 grands indices sectoriels S&P, seul celui des "utilities" a fini en hausse (+0,48%), les plus fortes pertes revenant aux industrielles et aux valeurs de l'énergie (-1,05%).

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi mais ont nettement réduit leur pertes dans le sillage de Wall Street bien que les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine restent en toile de fond.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,18% à 5.438,23 points. Le Footsie britannique a laissé 0,07% et le Dax allemand a perdu 0,58%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,38%, le FTSEurofirst 300 de 0,31% et le Stoxx 600 de 0,36%.

TAUX

Le regain de tension entre Washington et Pékin a fait fléchir les rendements des Treasuries, ces derniers retrouvant dans ce cas-là leur statut de valeur refuge.

Celui du 10 ans cédait 1,2 point de base à 2,3927% et celui du 30 ans 1,5 point de base à 2,825%.

CHANGES

Le dollar a profité des incertitudes entourant les élections législatives européennes de la semaine prochaine.

La livre britannique en particulier a touché un plus bas de quatre mois de 1,2733 dollar, affectée par les craintes entourant la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne surtout dans le contexte de ce scrutin.

Elle aggravait encore ses pertes, cédant 0,66% à 1,2714 dollar, tandis que l'euro gagnait 0,45% à 87,72 pence.

PETROLE

Les cours du pétrole ont terminé en baisse vendredi sur le Nymex mais les contrats du Brent et du WTI texan ont enregistré une hausse hebdomadaire sur les craintes de nouvelles perturbations des approvisionnements en provenance du Proche-Orient.

Le Brent a gagné autour de 2% cette semaine et le WTI quelque 1,7%.

A SUIVRE LUNDI 20 MAI :

Discours de Jerome Powell sur "l'évaluation des risques dans notre système financier" à l'occasion d'une conférence organisée par la Réserve fédérale d'Atlanta.

(Amy Caren Daniel, Sruthi Shankar, Stephen Culp, Abhinav Ramnarayan, Tom Finn, Kate Duguid, Devika Krishna Kumar; Wilfrid Exbrayat pour le service français)