Publicité

Wall Street se replie face aux tensions commerciales

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini mercredi en nette baisse face à la menace d'une nouvelle aggravation du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, dont ont particulièrement souffert les grandes valeurs industrielles américaines et le secteur pétrolier.

Après quatre séances consécutives de hausse, l'indice Dow Jones a perdu 219,21 points (-0,88%), à 24.700,45 . Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 19,82 points (-0,71%), à 2.774,02. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a abandonné 42,587 points, soit 0,55%, à 7.716,611.

Toutes les grandes Bourses à travers le monde ont baissé mercredi au lendemain de nouvelles menaces commerciales des Etats-Unis contre la Chine.

L'administration de Donald Trump a publié mardi soir une liste de produits chinois représentant 200 milliards de dollars (171 milliards d'euros) d'importations américaines que Washington pourrait taxer à 10% dans deux mois en l'absence d'accord avec Pékin. La Chine a prévenu qu'elle riposterait.

Cette menace de guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales intervient en outre alors que débute la saison des résultats trimestriels d'entreprise aux Etats-Unis. Morgan Stanley a prévenu ses clients que ce télescopage pourrait déclencher une nouvelle vague d'aversion au risque si les entreprises commençaient à mettre en garde sur les conséquences de ce bras de fer commercial sur leurs bénéfices à venir.

Les grands groupes industriels, sensibles aux tensions commerciales, ont particulièrement souffert à Wall Street, à l'image de Boeing (-1,89%), principal contributeur à la baisse du Dow Jones, mais aussi de Caterpillar (-3,18%) ou de 3M (-1,89%).

LES FABRICANTS DE SEMI-CONDUCTEURS AUSSI AFFECTÉS

Les valeurs technologiques (-0,51%) ont été également affectées, à l'image des fabricants de semi-conducteurs comme NXP, AMD, Broadcom, Micron ou Nvidia qui ont abandonné entre 1,7% et 2,8%. L'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie a lâché 2,59%.

Le pétrole compte aussi parmi les premières victimes de cet affrontement entre les Etats-Unis et la Chine. Le Brent a chuté de près de 7% et le brut léger américain de 5%, entraînant dans leur sillage les valeurs de l'énergie (-2,15%), au premier rang desquelles les "majors" pétrolières Chevron (-3,19%) et Exxon Mobil (-1,28%).

"La tendance du jour n'a pas bien débuté en raison des craintes liées aux droits de douane", dit Michael Antonelli (Robert W. Baird). "La chute du pétrole ajoute le facteur en plus à la baisse."

Tous les grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, à l'exception du secteur défensif des services aux collectivités ("utilities") (+0,87%) et, dans une moindre mesure, de la distribution (+0,04%).

Aux valeurs individuelles, Twenty-First Century Fox a perdu 3,98% après avoir relevé son offre sur le groupe britannique de télévision Sky. Comcast, qui livre bataille à Fox dans ce dossier, a en revanche gagné 1,29%.

American Airlines est tombé de 8%, plus forte baisse du S&P-500, après avoir abaissé sa prévision de croissance du chiffre d'affaires total par siège/mile disponible (TRASM).

A rebours de la tendance, Fastenal a bondi de 10%, de loin la plus forte hausse du S&P-500, après la publication par le distributeur de produits industriels et de matériaux de construction de résultats trimestriels supérieurs aux attentes.

LE DOLLAR SE RAFFERMIT

Environ 6,0 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains contre une moyenne de 6,9 milliards sur les 20 séances précédentes.

Malgré les inquiétudes sur le front commercial, le dollar s'est nettement raffermi, prenant 0,6% face à un panier de devises de référence comme face à l'euro, repassé nettement sous 1,17 dollar. Le billet vert a même touché un plus haut de six mois face au yen, pourtant valeur refuge, au-dessus de 112 yens.

L'attention des cambistes a été surtout attirée par les données du département américain du Travail montrant une hausse plus forte que prévu des prix à la production en juin aux Etats-Unis.

Les tensions commerciales ont en revanche fait reculer le rendement des emprunts du Trésor américain en contribuant à soutenir la demande pour une adjudication de Treasuries à 10 ans pour 22 milliards de dollars. Le rendement à 10 ans des Treasuries a baissé de quatre points de base à 2,84%.

Les investisseurs s'attendent désormais à ce que l'adjudication d'emprunts du Trésor à 30 ans prévue jeudi soit elle aussi une réussite et l'écart de rendements entre les titres à 5 et 30 ans est passé sous les 19 points de base pour la première fois depuis 2007.

(Avec Amy Caren Daniel à Bangalore et James Thorne à New York; Bertrand Boucey pour le service français)