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Wall Street reflue modérément après les annonces de la Fed

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé en baisse modérée une séance heurtée mercredi, après que la Réserve fédérale eut comme prévu relevé son taux d'intervention d'un quart de point et eut projeté deux autres hausses des taux d'intérêt cette année et non plus une.

La Fed a aussi renoncé à son engagement de maintenir les taux à un niveau suffisamment bas pour stimuler l'économie "pendant quelque temps" tout en manifestant son intention de tolérer une inflation supérieure à son objectif au moins jusqu'en 2020.

"Qu'elle parle de quatre hausses des taux cette année et non pas de trois, c'est décevant. On savait tous qu'elle remonterait les taux en juin mais on pensait qu'elle pourrait marquer une pause en septembre; apparemment ce ne sera pas le cas", a observé Stephen Massocca (Wedbush Securities).

"Il semble que la Fed soit un peu plus confiante pour ce qui est d'atteindre l'objectif d'inflation, voire de le dépasser un petit peu", a noté Katie Nixon (Northern Trust Wealth Management), jugeant que les quatre hausses de taux prévues pour cette année sont un peu surprenantes.

La Fed prévoit que l'inflation atteindra 2,1% cette année et se maintiendra à ce niveau jusqu'en 2020.

L'indice Dow Jones a cédé 119,53 points, soit 0,47%, à 25.201,20 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 11,22 points (0,40%) à 2.775,63 points. Le Nasdaq Composite a lâché 8,10 points (0,11%) à 7.695,7 points.

Les dégagements ont été généralisés et les indices ont fini non loin de leurs planchers de séance, ce qui explique que la plupart des indices S&P sectoriels ont fini dans le rouge, y compris celui des financières (-0,3%), alors même que ces valeurs tendent à bénéficier d'un resserrement des taux d'intérêt.

Les traders auront également appris ce mercredi que les prix à la production aux Etats-Unis ont augmenté plus fortement que prévu en mai, affichant leur plus forte hausse annuelle depuis près de six ans et demi, mais les pressions de fond sont restées modérées.

La statistique a eu peu d'effet sur la Bourse et les Treasuries mais elle a contribué toutefois à aplanir un peu plus la courbe des rendements.

Du côté des valeurs, le secteur des médias a été très suivi, après qu'AT&T eut obtenu mardi l'autorisation inconditionnelle de la justice américaine d'acheter Time Warner.

AT&T a perdu plus de 6% et Time Warner a gagné 1,8%.

Dans le même secteur, Twenty First Century Fox a pris 7,7%, le feu vert donné au rachat de Time Warner par AT&T ayant déclenché des spéculations sur une offre imminente de Comcast (-0,19%) pour la plupart des actifs que Fox avait déjà accepté de vendre à Walt Disney (+1,9%).

La suite ne s'est pas faite attendre. Comcast a annoncé immédiatement après la clôture qu'il proposait de racheter moyennant 65 milliards de dollars (55 milliards d'euros) les actifs que Twenty-First Century Fox avait accepté de céder à Walt Disney en décembre.

Les actions Comcast, Fox et Disney variaient peu en après-Bourse.

Les annonces de la banque centrale n'ont eu guère d'effet sur le dollar, qui a fini sur une note stable, sauf contre l'euro, vis-à-vis duquel il a cédé 0,44%.

Les gains enregistrés par le billet vert immédiatement après que la Fed eut dit qu'elle projetait non pas une mais deux autres hausses des taux cette année ont été ensuite annihilés par des prises de bénéfice à la veille d'une autre réunion monétaire très suivie, celle de la Banque centrale européenne, durant laquelle pourrait être évoqué le calendrier du dénouement de son programme d'assouplissement quantitatif (QE).

"Nous sommes dans un marché très instable et l'Europe doit en définitive se faire plus de souci que nous", a dit Juan Perez, cambiste de Tempus Consulting.

"La probabilité de deux hausses de plus va sans doute augmenter et entraîner le dollar à sa suite", a noté Daragh Maher, chef de la stratégie changes de HSBC Securities USA.

En toute logique, le resserrement monétaire de la Fed, ainsi que ses propos sur l'inflation, ont provoqué une vivehausse des rendements obligataires américains.

Le deux ans a atteint 2,602%, au plus haut depuis août 2008, avant de revenir à 2,586% contre 2,541% mardi.

Le 10 ans a atteint un pic de trois semaines de 3,01% avant de redescendre à 2,988%, tandis que le 30 ans a inscrit un plus haut d'une semaine de 3,122% puis est revenu à 3,110%.

Le spread entre le cinq et le 30 ans s'est rétréci à 24,4 points de base, au plus bas depuis janvier 2012.

(Avec Richard Leong et Gertrude Chavez-Dreyfuss)