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Wall Street pâtit de l'attentisme des investisseurs

NEW YORK (Reuters) - Après avoir louvoyé la veille sans cap bien précis, Wall Street a fini la séance de mercredi en baisse plus sensible, les investisseurs ayant préféré rester en coulisses dans l'attente de nouvelles sur le front commercial et prendre leurs bénéfices à la suite des gains copieux engrangés depuis le début de l'année.

L'indice Dow Jones a perdu 133,17 points, soit 0,52%, à 25.673,46 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 18,20 points, soit 0,65%, à 2.771,45 points. Le Nasdaq Composite a laissé 70,44 points (0,93%) à 7.505,92 points.

L'indice S&P-500 affiche un gain de 11% depuis le début de l'année et n'est plus qu'à 5% de son record de clôture du 20 septembre, grâce à la "patience" dont la Réserve fédérale a décidé de faire preuve vis-à-vis de la normalisation de sa politique monétaire et à l'espoir que Pékin et Washington puissent résoudre bientôt leur contentieux commercial.

Cet espoir prend d'autant plus d'importance que la "saison" des résultats touche à sa fin et que le marché doit se trouver de nouvelles incitations au trading.

L'optimisme né dudit espoir, patent en tout début de semaine, n'a pas tenu face à un indice S&P qui n'arrive pas à se maintenir durablement au-dessus de la barre de résistance des 2.800 points et qui a terminé dans le rouge cinq des six dernières séances au terme d'échanges heurtés.

"C'est bien calme et tout dépend du commerce et jusqu'à ce que ça se débloque nous continuerons de fluctuer sans tendance", a dit Ryan Nauman, stratège d'Informa Financial Intelligence.

"Rien de bien particulier; le marché a gagné tellement en si peu de temps et a intégré beaucoup des éléments positifs anticipés sur le dossier commercial", a noté Aaron Clark, gérant de GW&K Investment Management.

"L'année est vraiment bonne pour le S&P-500 et nous savons tous que ça ne continuera pas à ce rythme parce que le rapport risque/retour sera nul voire en baisse dans le temps; donc, à mon avis, on a des prises de bénéfice", a-t-il ajouté.

"En l'absence de catalyseur positif, c'est facile de prendre son bénéfice", a renchéri David Joy (Ameriprise Financial). "Je ne pense pas que les fluctuations du jour soient forcément annonciatrices d'une tendance".

Le marché ne semble pas avoir beaucoup réagi à la publication du Livre Beige de la Réserve fédérale. Celle-ci y observe que Le ralentissement de la croissance mondiale et 35 jours de fermeture partielle des administrations fédérales ont affecté l'économie des Etats-Unis au début de l'année sans qu'elle arrête pour cela de croître.

Le volume a été de 7,3 milliards de titres échangés, ce qui est conforme à la moyenne des 20 dernières séances.

VALEURS

L'indice des "small caps" Russell 2000 a perdu 2,0%, sa plus forte perte de l'année. L'indice Dow Jones du transport, très suivi, a cédé 0,5%, sa neuvième perte d'affilée, une série inédite depuis février 2009.

General Electric a décroché de 8% et continué de subir les répercussions de ses annonces de la veille. Le conglomérat a fait savoir mardi qu'il anticipait un cash flow tiré de son pôle industriel négatif cette année, en raison surtout de la mauvaise passe que traverse son segment énergie.

A côté de lui, Exxon Mobil a perdu 1,13%, le pétrolier ayant annoncé qu'il allait ouvrir ses caisses pour investir plusieurs années durant dans le redressement de sa production pétrolière et gazière.

Le pétrolier a contribué au recul de 1,28% de l'indice sectoriel de l'énergie, le deuxième plus élevé de la journée, plombé aussi par une hausse des stocks de brut américains bien plus forte que prévu.

La santé est l'autre secteur qui a pesé sur la tendance, avec une perte de 1,47%, la plus forte du jour, dans le sillage des glissements de 2,4% pour Pfizer ou encore de 3% pour Amgen.

La démission inattendue mardi de Scott Gottlieb, commissaire de la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité sanitaire américaine, met mal à l'aise un secteur qui a déjà quelques soucis en matière de fixation des prix des médicaments ou avec d'autres aspects de la réglementation.

Amazon.com a cédé 1,4%, après que le Wall Street Journal eut rapporté que le géant du commerce en ligne fermerait d'ici la fin avril la totalité de ses 80 magasins "éphémères" (pop-up stores) aux Etats-Unis.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le secteur privé aux Etats-Unis a créé 183.000 emplois en février, un chiffre légèrement inférieur aux attentes, selon l'enquête mensuelle publiée mercredi par ADP.

Le déficit commercial des Etats-Unis a fortement augmenté l'an dernier pour atteindre son plus haut niveau en 10 ans, gonflé notamment par le déficit avec la Chine qui a atteint un record, malgré les droits de douanes imposés par l'administration Trump sur une série de produits.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont peu évolué mercredi dans un climat de prudence à la veille des annonces de la Banque centrale européenne.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,16% à 5.288,81 points. Le Footsie britannique a pris 0,17% et le Dax allemand

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,08%, le FTSEurofirst 300 0,12% et le Stoxx 600 0,04%.

CHANGES

Les dollars canadien et australien ont touché des plus bas de deux mois contre le dollar américain, les cambistes pensant que les taux ne bougeront pas dans ces deux pays, voire pourraient être abaissés face à un tassement de l'activité économique.

Le dollar est sinon resté stable face à la plupart des autres monnaies après la publication du Livre Beige de la Fed.

Son indice face à un panier de devises de référence était stable à 96,874, non loin d'un pic de deux semaines atteint mardi.

TAUX

Les rendements des Treasuries ont rétrogradé avec la Bourse et en réaction aux propos du président de la Fed de New York John Williams relatifs à l'absence de pressions inflationnistes aux Etats-Unis où une croissance moins prononcée est devenue une "nouvelle norme".

Le rendement du 10 ans perdait 2,9 points de base à 2,69%, tandis que celui du 30 ans laissait 1,6 point de base à 3,071%. Le rendement du papier à deux ans cédait 3,5 points de base à 2,516%.

PETROLE

Les cours du pétrole ont terminé en ordre dispersé mercredi sur le marché new-yorkais Nymex, comme ils l'avaient fait la veille, le brut texan ayant été affecté par une accumulation des stocks de brut américains bien plus importante que prévu, tandis que le Brent est parvenu à se ménager une petite hausse.

A SUIVRE JEUDI 7 MARS :

Publication du PIB révisé de la zone euro au quatrième trimestre à 11h00.

Décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) à 13h45, suivie de la conférence de presse à 14h30.

(Medha Singh et Amy Caren Daniel, Lewis Krauskopf, Laila Kearney, Kate Duguid, Gertrude Chavez-Dreyfuss, Richard Leong; Wilfrid Exbrayat pour le service français)