Wall Street mitigée avant les résultats, Boeing alourdit le Dow

par Stephen Culp

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini sur une note mitigée lundi, les investisseurs ayant marqué une pause pour se préparer à des résultats trimestriels attendus en baisse pour la première fois depuis 2016, dans un marché affaibli par le repli de Boeing.

L'indice Dow Jones a perdu 83,97 points, soit 0,32%, à 26.341,02. Le S&P-500, plus large, a pris 3,03 points, soit 0,10%, à 2.895,77, en hausse pour la 8ème séance d'affilée, une première depuis octobre 2017. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 15,19 points (+0,19%) à 7.953,88 points.

Le S&P n'est plus qu'à 1,5% de son record de septembre, dopé par la décision de la Réserve fédérale de ne pas procéder à une hausse de taux cette année et par l'espoir de voir les Etats-Unis et la Chine résoudre leur contentieux commercial.

Les banques ouvriront le bal des publications trimestrielles avec notamment JPMorgan Chase et Wells Fargo vendredi et Citigroup et Goldman Sachs lundi.

Les analystes attendent en moyenne une baisse des bénéfices de 2,2% au premier trimestre, selon des données Refinitiv.

"J'ai le sentiment que les analystes sont trop pessimistes mais pas de beaucoup", dit Oliver Pursche, responsable de la stratégie de marché chez Bruderman Asset Management. "Il faut attendre de voir mais cela va dépendre largement des secteurs."

Au-delà des résultats, les investisseurs attendent le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), qui sera publié mercredi, pour voir, entre autres, si une baisse des taux a été évoquée en mars.

Sur le front du Brexit, la Première ministre britannique Theresa May, qui poursuit ses difficiles tractations avec l'opposition travailliste, a formellement demandé aux Européens un report de la date du Brexit au 30 juin, tout en précisant que le départ du Royaume-Uni pourrait intervenir plus tôt, si l'accord de retrait était ratifié par le Parlement.

VALEURS

Les plus fortes baisses sectorielles du S&P ont été pour les services collectifs (-0,73%) et les industrielles (-0,44%), ces dernières étant plombées par Boeing.

Le compartiment de l'énergie a pris en revanche 0,49%, tiré par la hausse des cours du brut.

Boeing a cédé 4,44%, pesant lourdement sur le Dow Jones, à la suite de sa décision annoncée vendredi de réduire de près de 20% la production mensuelle de ses 737 en raison de l'interdiction de vol qui frappe les 737 MAX depuis l'accident d'Ethiopian Airlines le 10 mars.

L'avionneur aura du mal à assurer cette année plus de 500 livraisons de son 737 MAX, et encore à condition de pouvoir les reprendre au début de l'été, selon des analystes.

La plus forte baisse du S&P 500 a été pour General Electric, en recul de 5,19% après un abaissement de recommandation de JPMorgan.

Micron Technology, déclassé par Cowen & Co, a laissé 0,97% mais Symantec (+5,44%, en tête du S&P), Snap (+3,63%) et Procter & Gamble (+1,27%) ont profité à l'inverse de relèvements de recommandation, ce dernier ayant signé au passage un record à 105,13 dollars.

Egalement en vue, le fabricant de composants Versum Materials s'est apprécié de 1,13% après avoir reçu une offre d'achat améliorée du laboratoire allemand Merck KGaA

LES INDICATEURS DU JOUR

Les nouvelles commandes à l'industrie américaine ont un peu fléchi en février mais les livraisons ont augmenté après quatre mois de baisse, témoignant d'un ralentissement de l'activité manufacturière doublé d'un gonflement des stocks.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en très légère baisse pour la plupart, les investisseurs ayant préféré ne pas s'engager sur le marché à l'approche de la réunion de la BCE et d'une saison des résultats qui n'apparaît pas prometteuse.

La Banque centrale européenne (BCE) réunit mercredi son Conseil des gouverneurs et non jeudi, et la question d'une hausse des taux étant réglée, on attend surtout d'elle qu'elle soit plus précise sur les conditions des futures opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO).

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,08% à 5.471,78 points. Le Footsie britannique a pris 0,07%, tandis que le Dax allemand a cédé 0,39%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,27%, le FTSEurofirst 300 0,26% et le Stoxx 600 0,19%.

TAUX

Le rendement de l'obligation du Trésor américain à 10 ans a progressé dans un marché calme en attendant un afflux de dette publique et privée, avec une adjudication de 78 milliards de dollars de Treasuries et l'émission d'une obligation du géant saoudien Aramco sur le marché international.

CHANGES

Le dollar a perdu du terrain face à un panier de devises de référence, de bons indicateurs économiques ayant apaisé les inquiétudes sur la croissance mondiale et limité les mouvements vers les actifs moins risqués comme le billet vert.

L'euro en revanche a encore progressé par rapport à son plus haut d'un mois touché la semaine dernière, en attendant la réunion de la Banque centrale européenne.

De son côté, la livre sterling progresse à peine face au dollar et recule un peu face à l'euro en ce début d'une semaine décisive pour le Brexit. Les dirigeants européens se réuniront mercredi soir en sommet extraordinaire à Bruxelles pour examiner la nouvelle demande de report formalisée par May. En l'état, et à défaut d'un accord dans l'intervalle, le Brexit est théoriquement programmé pour vendredi prochain.

PÉTROLE

Les cours du pétrole sont en nette hausse, ayant atteint des plus hauts de cinq mois, portés par les perturbations de production en Libye où des combats font rage.

Le contrat mai sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagné 2,14%, à 64,43 dollars et le baril et le Brent prend 1,05% à 71,08 dollars. En séance, le WTI et le Brent ont touché des plus hauts depuis novembre à respectivement 64,48 et 71,19 dollars.

(Avec Stephen Culp, Juliette Rouillon pour le service français)