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Wall Street limite ses pertes en clôture

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini en baisse jeudi, désarçonnée par des annonces de Donald Trump susceptibles de raviver les tensions géopolitiques et commerciales, mais le marché est parvenu à limiter ses pertes en fin de séance et le Nasdaq a pratiquement fini à l'équilibre, aidé par Netflix.

L'indice Dow Jones a cédé 75,05 points, soit 0,30%, à 24.811,76 et le S&P-500, plus large, a perdu 5,53 points ou 0,20% à 2.727,76. Le Nasdaq Composite des valeurs de croissance a abandonné 1,53 point (0,02%) à 7.424,43.

Le Dow Jones avait auparavant reculé jusqu'à 25.605 points à l'annonce de l'annulation du sommet historique qui devait réunir le président américain et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un le 12 juin à Singapour. Donald Trump a motivé sa décision par "l'hostilité affichée" de la Corée du Nord, bien qu'elle ait tenu quelques heures plus tôt sa promesse de mettre hors service son site d'essais nucléaires.

La décision de l'administration Trump d'ouvrir une enquête sur les importations automobiles, de nature à compliquer les négociations commerciales avec la Chine, a aussi pesé sur la tendance même si elle a profité à Ford et General Motors.

"Nous sommes à la merci de l'administration (Trump), pas seulement sur la Corée du Nord mais aussi avec l'annonce de possibles tarifs sur les importations automobiles", déplore Liz Ann Sonders, stratège chez Charles Schwab à New York.

"C'était vraiment un motif d'optimisme", commente Peter Tuz, président d'Investment Counsel à Charlottesville (Virginie), au sujet du sommet avec Kim. "Mais je ne serais pas surpris qu'il (Trump) change de nouveau d'avis dans les prochaines semaines, le temps que chaque partie se calme et réfléchisse à ce qui servirait au mieux ses intérêts."

NETFLIX EN HAUT DE L'AFFICHE

Sept des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en baisse, emmenés par celui de l'énergie qui a décroché de 1,67% dans le sillage du marché pétrolier.

Les cours du brut ont perdu plus de 1%, leur plus forte baisse en deux semaines, le marché spéculant sur une possible augmentation de la production de l'Opep pour compenser la chute des pompages au Venezuela et l'éventuel impact de sanctions contre l'Iran.

Les valeurs financières ont cédé 0,71% en réaction au compte rendu de la réunion de mai de la Réserve fédérale, qui a tempéré les anticipations d'accélération du rythme de hausse des taux aux Etats-Unis.

La menace de taxes sur les voitures étrangères a profité à Ford (+1,57%) et General Motors (+1,43%) mais le titre de Fiat Chrysler coté à New York a perdu 0,93%, en ligne avec l'action cotée à Milan (-1,84%) et l'ensemble du secteur automobile européen.

Au sein du Dow Jones, les compagnies pétrolières ExxonMobil (-2,29%) et Chevron (-1,62%) ont accusé les plus fortes baisses alors que General Electric a signé la meilleure performance en reprenant 2,96% à 14,60 dollars. Le groupe industriel a rassuré sur son dividende après les doutes de la veille qui avaient fait plonger le titre de plus de 7%.

La vedette de la séance a toutefois été Netflix, qui a un temps dépassé la capitalisation boursière de Disney, le numéro un mondial du divertissement, en atteignant un record à 354 dollars, soit une valeur de 153 milliards de dollars pour le géant de la vidéo en ligne. Le titre a finalement clôturé à 349,29 dollars, un gain de 1,33% sur la séance.

Dans la distribution, le vendeur d'électronique grand public Best Buy a décroché de 5,05% après la publication de ses résultats trimestriels, marqués par un ralentissement de la croissance de ses ventes en ligne. La plus forte baisse du S&P-500 a été pour Whirlpool, en baisse de 8,28%.

LE DOLLAR MARQUE UNE PAUSE

Quelque 6,3 milliards d'actions ont changé de mains sur les différents marchés américains, à comparer à une moyenne de 6,6 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, le dollar a cédé du terrain face aux principales devises et notamment le yen japonais, l'annulation du sommet Trump-Kim servant de prétexte à des prises de bénéfice après son rally entamé à la mi-avril.

Le yen, aidé par son statut de valeur refuge, a repris 0,7% pour revenir à un plus haut de deux semaines de 109,28 pour un dollar. L'euro a gagné 0,2% à 1,1724 dollar mais reste bien parti pour afficher une sixième semaine consécutive de baisse, une série sans précédent depuis janvier 2015.

Le dollar avait déjà commencé à marquer le pas mercredi après la publication des "minutes" de la Fed et les cambistes s'attendent à le voir rester en mode pause vendredi avant le long week-end du Memorial Day, lundi étant ferié aux Etats-Unis.

Du côté des taux longs, le rendement de l'emprunt à 10 ans a reculé à un plus bas du jour de 2,97% en réaction à l'annulation du sommet, avant de revenir à 2,98% en clôture.

Le regain de tension a aussi propulsé l'or a plus de 1.300 dollars, l'once de métal fin atteignant un plus haut de neuf jours de 1.306,56 dollars sur le marché spot.

(avec Medha Singh et Savio D'Souza à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)