Publicité

Wall Street finit en partie rassurée sur le commerce et la Fed

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - La Bourse de New York a fini sur une note faible mercredi mais bien au-dessus de ses plus bas du jour, le marché ayant repris confiance après les déclarations sans réelle surprise au Congrès du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, du représentant au Commerce, Robert Lighthizer, et de l'ex-avocat de Donald Trump Michael Cohen.

L'indice Dow Jones a perdu 72,82 points, soit 0,28%, à 25.985,16 et le Standard & Poor's 500, plus large, a cédé 1,52 point, soit 0,05%, à 2.792,38.

Le Nasdaq Composite a progressé de 5,21 points, soit 0,07%, à 7.554,51.

Lors d'une audition à la Chambre des représentants, Robert Lighthizer a déclaré que les différends commerciaux avec la Chine était trop sérieux pour être réglés par la simple promesse par Pékin d'une augmentation des achats de produits américains.

De son côté, Jerome Powell a repris pour l'essentiel ses déclarations de mardi au Sénat, en confirmant que la Fed arrêterait d'ici la fin de l'année la réduction de son bilan.

Le S&P-500, qui perdait 0,67% au plus bas du jour, a effacé ses pertes après ces déclarations, faisant quelques brèves incursions en territoire positif dans l'après-midi.

"Les deux facteurs qui orientent les marchés, ce sont la politique de la banque centrale et les négociations commerciales. Deux des types les plus importants dans ces deux dossiers ont été entendus aujourd'hui. Comme ils ont dit des choses raisonnables et mesurées, (les actions) ont repris du terrain", explique Brian Battle, directeur du trading de Performance Trust Capital Partners.

Egalement entendu ce mercredi, l'ex-avocat du président américain Michael Cohen a qualifié son ancien client de "raciste", d'"arnaqueur" et d'"escroc" mais a précisé ne détenir aucune preuve d'une collusion avec Moscou pendant la campagne de 2016.

"La plupart des gens s'attendaient à un coup d'éclat lors de l'audition de Cohen. Ils n'ont pas eu ce qu'ils attendaient donc le marché s'est reprise", a dit Brian Belski, directeur de la stratégie d'investissement de BMO Capital Markets.

Il a estimé par ailleurs que le regain de tension entre l'Inde et le Pakistan constituait un élément favorable aux actifs américains, considérés comme plus sûrs.

VALEURS

Sept des onze grands indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge, le recul le plus marqué étant pour celui de la santé (-0,49%), plombé par la chute de 15,06% du groupe pharmaceutique Mylan après des résultats et des prévisions inférieurs aux attentes.

Le compartiment de l'énergie a pris 0,39%, tiré par la progression des cours du pétrole. Exxon Mobil a gagné 1,03%, l'une des meilleures performances du Dow.

Parmi les plus fortes hausses du jour, le distributeur d'électronique grand public Best Buy a bondi de 14,11% après avoir battu le consensus en matière de ventes à données comparables, annoncé le paiement d'un dividende et présenté un plan de rachats d'actions.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le déficit commercial américain s'est fortement creusé en décembre à 79,5 milliards de dollars (69,8 milliards d'euros), soit 12,8% de plus qu'en novembre, selon des estimations préliminaires du département du Commerce, qui alimentent les craintes d'un ralentissement de la croissance du produit intérieur brut (PIB).

Les commandes à l'industrie aux Etats-Unis, elles, ont augmenté de 0,1% seulement en décembre, cinq fois moins qu'attendu, et les commandes de biens d'équipement hors défense et aéronautique, considérées comme un bon baromètre des projets d'investissement des entreprises, ont reculé de 1,0% contre -0,7% en première estimation.

Sur le front de l'immobilier, les promesses de ventes de logements anciens ont augmenté de 4,6% en janvier alors que le consensus tablait sur une hausse de 0,4% seulement.

TAUX

Les rendements des bons du Trésor américain ont fini la journée en nette hausse, un mouvement paradoxal après les chiffres du déficit commercial, qui suggèrent un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre.

En fin de séance, celui des titres à dix ans prenait cinq points de base à 2,686%, le deux ans 1,6 point à 2,50%.

"Tout le monde a été un peu surpris par les mouvements à New York", a commenté Justin Lederer, analyste obligataire de Cantor Fitzgerald en expliquant que "les indicateurs ne vont pas dans le sens d'un soutien aux taux".

CHANGES

Le dollar a profité de son statut de valeur refuge dans un contexte marqué par les tensions entre l'Inde et le Pakistan comme par les incertitudes sur les discussions commerciales USA-Chine.

En fin de journée, l'indice mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de référence prenait 0,14%.

L'euro cédait alors 0,1% à 1,1369 dollar.

Les tensions indo-pakistanaises avaient auparavant profité au franc suisse et au yen, devises refuges par excellence.

La livre sterling reste par ailleurs orientée à la hausse avec la perspective d'un report du Brexit. Elle a franchi le seuil de 1,33 dollar pour la première fois depuis cinq mois.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont fini dans le rouge dans un contexte de tensions internationales et après les déclarations de Robert Lighthizer sur le commerce USA-Chine.

À Paris, l'indice CAC 40, après cinq séances consécutives de hausse, a terminé en repli de 0,26% à 5.225,35 points. Le Footsie britannique a perdu 0,61% et le Dax allemand 0,46%. L'EuroStoxx 50 a cédé 0,20%, le FTSEurofirst 300 0,33% et le Stoxx 600, qui avait atteint mardi son plus haut niveau depuis début octobre, a abandonné 0,28%.

La journée a été marquée notamment par la chute de 11,74% d'Air France-KLM au lendemain de l'annonce de l'irruption de l'Etat néerlandais au capital, qui fait craindre que les dissensions politiques ne compliquent la gestion du groupe.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé sur une hausse marquée après l'annonce d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis et les déclarations du ministre saoudien de l'Energie laissant entendre que l'Opep et ses alliés n'ont pas l'intention de céder à la pression de Donald Trump en faisant baisser le prix du baril.

Le contrat avril sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 1,44 dollar, soit 2,59%, à 56,94 dollars le baril. Le Brent a pris 1,18 dollar (1,81%) à 66,39 dollars.

Les stocks de brut aux Etats-Unis ont diminué de 8,65 millions de barils la semaine dernière alors que les analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 2,8 millions de barils.

À SUIVRE JEUDI

La journée de jeudi sur les marchés sera animée entre autres par les indices PMI officiels chinois, la première estimation du produit intérieur brut (PIB) américain au quatrième trimestre, retardée d'un mois par le "shutdown", et les résultats annuels de Carrefour et Engie.

(Avec Sinéad Carew à New York)