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Wall Street rattrapée une fois de plus par la guerre commerciale

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - La Bourse de New York a fini dans le rouge mardi après avoir effacé ses gains du début de séance, la perspective d'une prolongation du climat de tension entre les Etats-Unis et la Chine sur leurs relations commerciales ayant fini par décourager la prise de risque.

Après le week-end de trois jours du Memorial Day, l'indice Dow Jones, qui gagnait 0,5% au plus haut du jour, a perdu 237,92 points, soit 0,93%, à 25.347,77.

Le S&P-500, plus large, a cédé 23,67 points, soit 0,84%, à 2.802,39 après être monté jusqu'à 2.840,51.

Le Nasdaq Composite a reculé de 29,66 points, soit 0,39%, à 7.607,35.

Le président américain, Donald Trump, a déclaré lundi qu'il n'était "pas encore prêt" à conclure un accord commercial avec la Chine mais a dit tabler sur un compromis à terme, sans plus de précision.

"Le marché essaie de conserver son élan mais on manque de catalyseurs à la hausse et je ne sais pas ce qui pourrait le faire monter", a commenté Randy Frederick, vice-président de Charles Schwab.

"A chaque fois que les acheteurs entrent en action, l'enthousiasme finit par s'essouffler et disparaître avant la fin de la séance, ce qu'on a observé encore une fois aujourd'hui."

VALEURS

Dix des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini la séance en territoire négatif, les reculs les plus marqués touchant les produits de consommation courante (-1,79%)et les services aux collectivités ("utilities") (-1,61%).

La seule exception est pour le compartiment des services de communication, qui a progressé de 0,17%.

Parmi les plus fortes baisses du S&P-500, Kraft Heinz a chuté de 6,59% et touché un nouveau plus bas historique.

A la hausse, le spécialiste des semi-conducteurs Advanced Micro Devices (AMD) a bondi de 9,8%, le marché saluant la présentation de nouveaux processeurs susceptibles selon des analystes de lui permettre de gagner des parts de marché sur Intel. Ce dernier a cédé 2,24%, l'une des plus fortes baisses du Dow.

Le spécialiste du traitement des paiements de Total System Services a pris 4,75% après l'annonce de son rachat par Global Payments (-2,98%) pour environ 21,5 milliards de dollars (18,9 milliards d'euros).

L'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard a quant à lui pris 2,86% après le relèvement de la recommandation de Goldman Sachs, à "acheter" contre "neutre".

LES INDICATEURS DU JOUR

L'indice de confiance du consommateur du Conference Board a atteint en mai son plus haut niveau depuis novembre à 134,1, dépassant largement les attentes puisque les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 130,0.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les principales places boursières européennes ont fini la journée dans le rouge, rattrapées par le regain de tension entre le gouvernement de Rome et les autorités européennes sur le sujet toujours sensible des finances publiques de l'Italie.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,44% à 5.312,69 points et à Francfort, le Dax a reculé de 0,37%. Londres a pour sa part résisté au repli général (-0,07%), à la faveur notamment de la hausse des valeurs minières.

L'EuroStoxx 50 a cédé 0,45%, le FTSEurofirst 300 0,19% et le Stoxx 600 0,22%.

Le compartiment bancaire a cédé 0,34%, pénalisé par la baisse des taux souverains et par le repli des banques italiennes, dont l'indice FTSE a perdu 1,27%. A l'inverse, le secteur automobile (+0,7%) a de nouveau profité de l'annonce du projet de rapprochement entre Renault (+0,83%) et Fiat Chrysler (-1%).

TAUX

Les inquiétudes persistantes sur le commerce et les tensions entre Rome et Bruxelles sur le budget italien ont fait reculer les rendements obligataires des deux côtés de l'Atlantique.

Celui des bons du Trésor américain à dix ans a cédé six points de base pour finir la journée à 2,2675% après être tombé à 2,262%, son plus bas niveau depuis septembre 2017.

L'appétit des investisseurs pour les actifs refuges a nourri la demande pour les adjudications du jour, permettant au Trésor d'émettre pour 81 milliards de dollars de titres à des rendements au plus bas depuis février 2018 pour les titres à deux ans et depuis décembre 2017 pour le cinq ans.

En Europe, le dix ans allemand a terminé à -0,158%, au plus bas depuis septembre 2016, alors que son équivalent italien, qui avait déjà pris 11 points de base lundi, a bondi de quatre points supplémentaires pour atteindre 2,697%.

CHANGES

La baisse des rendements des Treasuries n'a pas affecté le dollar, qui s'appréciait en fin de séance de 0,32% par rapport à un panier de devises de référence, une hausse favorisée par la bonne surprise de la confiance du consommateur.

L'euro s'échangeait alors autour de 1,1165 dollar, en repli de près de 0,3% face au billet vert, la monnaie unique européenne souffrant elle aussi des tensions liées à la politique budgétaire italienne.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en hausse sur le marché new-yorkais Nymex, resté fermé pendant trois jours, rattrapant ainsi une partie du retard pris avec la progression du Brent la veille à Londres.

Le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 51 cents, soit 0,87%, à 59,14 dollars le baril.

Le Brent, qui était monté d'un peu plus de 2% la veille sur le marché londonien, a fini inchangé à 70,11 dollars.

La hausse du WTI a aussi été favorisée par les inondations dans le centre des Etats-Unis, qui freinent l'activité au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma, référence pour les contrats à terme.

(Avec Chuck Mikolajczak à New York et Amy Caren Daniel à Bangalore)