Wall Street ignore le rapport sur l'emploi et bat ses records

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a enchaîné vendredi une deuxième séance consécutive de records, la faiblesse des créations d'emploi aux Etats-Unis ayant été éclipsée par la progression des valeurs technologiques.

L'indice Dow Jones a pris 62,11 points, soit 0,29%, à 21.206,29. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a gagné 9,01 points, soit 0,37%, à 2.439,07. Le Nasdaq Composite a pour sa part fini en hausse de 58,97 points (+0,94%) à 6.305,80.

Ces trois grands indices ont battu leurs records en séance et en clôture et, sur la semaine, le Dow a pris 0,6%, le S&P-500 0,96% et le Nasdaq 1,54%.

Le nombre de créations d'emplois (138.000) a diminué de manière inattendue le mois dernier aux Etats-Unis et les chiffres des deux mois précédents ont été révisés en baisse.

Ce ralentissement survient cependant sur un marché américain du travail quasiment au plein emploi, avec un taux de chômage tombé à un creux de 16 ans à 4,3%.

L'économie américaine n'a besoin de créer que 75.000 à 100.000 emplois par mois pour répondre à l'accroissement de la population active.

Ce rapport mensuel sur l'emploi ne change rien aux anticipations des investisseurs, qui voient la Réserve fédérale augmenter à nouveau ses taux, pour la deuxième fois de l'année, lors de sa prochaine réunion des 13 et 14 juin. La Fed a déjà procédé en mars à un premier tour de vis monétaire en 2017 et elle en anticipe trois au total sur l'ensemble de l'année.

Les traders estiment à 90,7% la probabilité d'une hausse de taux d'un quart de point ce mois-ci aux Etats-Unis, selon les données Thomson Reuters.

"Je ne dirais pas que ces données soutiennent l'idée d'une hausse de taux mais (la Fed) est sur une trajectoire et elle ne va pas en changer, au moins en juin", dit Jim Tierney, responsable des investissements du fonds Concentrated US Growth chez AllianceBernstein à New York.

"Les actions sont à des records et, dans une certaine mesure, les actions ignorent certains indicateurs de court terme", ajoute-t-il.

L'ÉNERGIE PÉNALISÉE PAR LE RECUL DU PÉTROLE

Parmi les secteurs les plus performants de la séance ont figuré les technologies (+1,04%) et, dans une moindre mesure, l'industrie (+0,49%).

Les premières ont été portées notamment par la nette progression du titre Broadcom (+8,5%), plus forte hausse du S&P-500 et qui affiche désormais un gain de 44% depuis le début de l'année. Plusieurs intermédiaires ont relevé leur objectif de cours sur le titre après la publication par le fabricant de semi-conducteurs de ses résultats trimestriels.

Les poids lourds de la cote Apple (+1,42%) et Microsoft (+2,37%) ont aussi contribué au dynamisme du secteur, le plus en vue en ce moment à Wall Street avec une envolée de plus de 20% depuis le début de l'année.

Les valeurs industrielles ont pour leur part été portées par le secteur aéronautique, notamment Boeing, dont le titre, principal contributeur à la progression du Dow, a fini en hausse de 1,55% après un record en séance à 191,69 dollars.

La compagnie Delta Air Lines, avec un gain de 2,69%, a affiché la plus forte progression de l'indice sectoriel de l'industrie après avoir annoncé une hausse de 3,5% sur un an de son revenu unitaire par passager en mai. Elle a entraîné ses concurrentes dans son sillage comme United Continental (+1,3%).

Du côté des baisses, le secteur de l'énergie (-1,18%) a souffert du recul continu des cours du pétrole, qui ont perdu plus de 4% sur la semaine avec un Brent repassé sous les 50 dollars le baril.

Exxon Mobil a cédé 1,49% et Chevron 1,11%.

Les valeurs financières, qui profitent de taux d'intérêt plus élevés, ont effacé une partie des pertes affichées après la publication du rapport mensuel sur l'emploi mais ont tout de même accusé un repli de 0,37%, avec par exemple des baisses de 0,8% pour Goldman Sachs et Bank of America.

Le dollar est tombé à un plus bas de sept mois face à un panier de devises de référence, comme face à l'euro à 1,1280 dollar, après les chiffres des créations d'emploi, qui ne remettent pas en cause une hausse de taux en juin mais font naître des doutes sur la capacité de la Fed à poursuivre son resserrement monétaire au second semestre.

Les rendements des emprunts du Trésor américain ont eux aussi fléchi, le 10 ans reculant à 2,1539%.

L'or a en revanche connu une quatrième semaine consécutive de progression, avec une hausse d'environ 1% pour la seule journée de vendredi.

(Bertrand Boucey pour le service français)