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Wall Street freinée par les banques et Priceline

par Noel Randewich

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini mardi sans grand changement après avoir effacé l'intégralité de ses pertes en toute fin de séance, sauf pour le Nasdaq, au terme d'une journée marquée par le recul des valeurs financières et par la chute du titre Priceline.

Les investisseurs craignent en outre une baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) moins forte que ne le promettait Donald Trump à l'issue des débats en cours au Congrès des Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a fini par arracher 8,81 points (+0,04%), à 23.557,23. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, n'est en revanche pas parvenu à basculer in extremis dans le vert et a cédé 0,49 point, soit -0,02%, à 2.590,64. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique et davantage pénalisé par Priceline, a pour sa part fini en repli de 18,653 points (-0,27%) à 6.767,783.

Ces trois grands indices ont battu leurs records en début de séance mais les investisseurs cherchent des raisons de poursuivre la hausse, en partie alimentée depuis un an par la promesse du président américain d'un allègement massif de la fiscalité des entreprises.

Les yeux sont tournés vers le Congrès, où le projet républicain d'abaisser le taux de l'IS de 35% à 20% risque de se heurter à des intérêts particuliers.

"Il y a un certain scepticisme sur le fait que la réforme fiscale soit adoptée", dit Donald Selkin, responsable de la stratégie de marchés chez Newbridge Securities.

"Le fait que le Russell baisse est le signe qu'il y a des inquiétudes quant à l'avenir de la réforme fiscale car les petites entreprises ont tendance à avoir des taux effectifs d'imposition plus élevés que les grandes entreprises", ajoute-t-il.

L'indice Russell-2000 des petites capitalisations a perdu plus de 1%.

Au-delà de ces incertitudes politiques, les investisseurs constatent que la courbe des taux continue de s'aplatir aux Etats-Unis, l'écart de rendement entre les emprunts du Trésor à deux et 10 ans n'ayant jamais été aussi faible depuis 10 ans.

LES "UTILITIES" BRILLENT

Le rendement à deux ans a grimpé à 1,63% tandis que le 10 ans a reculé vers 2,31%. Le 30 ans a pour sa part touché un creux de six semaines à 2,765%.

"Nous avons une tendance assez puissante à l'aplatissement qui se poursuivra probablement en 2018", pense John Canavan, stratège de marché chez Stone & McCarthy Research Associates.

Une telle situation est problématique pour les bénéfices des banques, qui empruntent à court terme pour distribuer du crédit à plus longue échéance.

L'indice des valeurs financières a cédé 1,33%.

Le titre Goldman Sachs, en baisse de 1,51%, a été le principal frein à la progression du Dow Jones, tandis que Citigroup (-1,48%), JPMorgan (-2,01%), Wells Fargo (-2,01%) ou encore Bank of America (-2,05%) ont aussi pesé sur la tendance.

A l'inverse, les services aux collectivités ("utilities"), secteur défensif par excellence avec ses rendements sûrs, ont brillé avec un gain de 1,23%, meilleure performance sectorielle du jour.

Le gros de la saison des résultats est désormais passé mais elle continue d'animer la tendance.

Priceline a ainsi chuté de 13,52%, les prévisions du site de réservation touristique pour le quatrième trimestre ayant déçu les investisseurs.

TripAdvisor a provoqué une déception encore plus grande avec ses propres prévisions et le site de recommandation touristique a pour sa part été sanctionné d'un plongeon de son titre de 23,22%.

Il s'agit des deux plus fortes baisses du S&P-500.

Après les publications de plus de 400 des 500 composants du S&P-500, les bénéfices des entreprises américaines au troisième trimestre sont attendus en hausse moyenne de 8%, contre une prévision de croissance de 5,9% début octobre, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

Environ 7,0 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre 6,4 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes.

Sur le marché des changes, le dollar s'est légèrement raffermi face à un panier de devises de référence (+0,15%) et face à l'euro, repassé sous 1,16 dollar.

Les cours du pétrole ont cédé un peu du terrain gagné la veille avec les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Ils pourraient amplifier leur reflux après les statistiques de l'association professionnelle API montrant une réduction moins importante que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis.

(Avec Tanya Agrawal à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)