Wall Street freinée par le rebond du dollar, record pour le Dow

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini sur une note contrastée jeudi, le rebond du dollar et une baisse d'Apple ayant freiné le S&P-500 et le Nasdaq alors que le Dow Jones s'est maintenu à flot, porté par Boeing et 3M qui l'ont propulsé à de nouveaux sommets.

L'indice Dow Jones a gagné 140,67 points, soit 0,54%, à 26.392,79, nouvelle clôture record, après un pic absolu à 26.458,25 en séance.

Le S&P-500, plus large, n'a pu faire mieux qu'une hausse de 1,71 point ou 0,06% à 2.839,25, suffisante toutefois pour signer une nouvelle clôture record.

Le Nasdaq Composite a abandonné de son côté 3,90 points (-0,05%) à 7.411,16.

Le dollar est reparti à la hausse face à un panier de devises après une déclaration du président Donald Trump qui, interviewé par CNBC à son arrivée au Forum économique mondial à Davos, a dit souhaiter un "dollar fort".

La veille, le billet vert avait connu sa plus forte baisse en sept mois après des propos du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin affirmant au contraire que la faiblesse du dollar était un atout pour l'économie américaine.

L'euro/dollar abandonnait 0,1% sous 1,24 dollar vers 22h50 GMT, après un pic de trois ans à 1,2536, et l'indice dollar remontait de 0,3% à 89,466 après un point bas de trois ans également à 88,438.

L'attention des investisseurs est par ailleurs restée focalisée sur les résultats de sociétés du quatrième trimestre.

Caterpillar a en particulier connu une séance agitée après des résultats pourtant meilleurs que prévu. Le titre du constructeurs d'engins, en hausse de près de 8% depuis le début de la semaine dans l'anticipation de bons chiffres, a d'abord gagné jusqu'à 2,8% avant de virer à la baisse puis de remonter dans l'après-midi, terminant finalement sur un gain de 0,61% à 169,37 dollars.

"Il y a eu cette forte hausse à l'ouverture puis tout à coup une baisse qui a un peu coupé l'élan du marché", commente Peter Costa, président d'Empire Executions à New York. "A partir de là on a commencé à voir des prises de bénéfice."

Pour Jack Ablin, responsable des investissements chez BMO Private Bank à Chicago, les prises de bénéfice ne doivent pas masquer l'attrait retrouvé des poids lourds du Dow Jones.

"Si la croissance continue comme on le prévoit, on devrait voir une rotation hors des techs au profit de ces sociétés 'value'", dit-il. "Et Caterpillar en est le parfait exemple."

Apple en a fait les frais avec un recul de 1,79%, la plus forte baisse du Dow Jones, alors que Boeing et 3M ont à l'inverse porté l'indice avec des gains respectifs de 2,52% et 1,89%.

Les analystes prévoient en moyenne une croissance de 12,7% des bénéfices des sociétés du S&P-500 au quatrième trimestre, selon les données de Thomson Reuters. Parmi les sociétés ayant déjà publié, 78,4% ont dépassé les attentes, à comparer à une moyenne de 72% sur les quatre derniers trimestres.

Après une faste année 2017, les trois grands indices de Wall Street affichent déjà des hausses de plus de 6% pour 2018, ce qui chez certains réveille des craintes de correction.

"C'est un marché qui ignore toutes les mauvaises nouvelles et prospère sur les bonnes. Cela fait peur. La correction sera cruelle, froide et brutale quand elle se produira", avertit Jake Dollarhide, chez Longbow Asset Management à Tulsa.

Environ 7,2 milliards d'actions ont changé de mains contre une moyenne de 6,7 milliards sur les 20 dernières séances.

INTEL GRIMPE APRÈS LA CLÔTURE

Six des 11 grands indices sectoriels du S&P-500 ont fini en hausse, avec en tête le services aux collectivités qui ont pris 1,53% en réaction à la baisse des rendements obligataires elle-même provoquée par le rebond du dollar.

Parmi les autres valeurs en vue, le groupe de défense Northrop Grumman a grimpé de 3,68%, record à la clé, après des résultats meilleurs que prévu et le marché a aussi salué la publication du laboratoire Biogen, en hausse de 2,09%.

Whirlpool a gagné 2,30% à 183,09 dollars, malgré des résultats mitigés, le numéro un mondial de l'électroménager continuant de bénéficier de l'annonce cette semaine d'une hausse des tarifs douaniers sur les lave-linge.

A la baisse, Ford a été sanctionné d'un recul de 3,98%, à 11,57 dollars, après l'annonce d'un bénéfice trimestriel inférieur au consensus.

Intel et Starbucks publiaient à leur tour leurs résultats après la clôture de Wall Street, avec des réactions opposées dans les transactions électroniques : le fabricant de semi-conducteurs gagnait plus de 3% quand la chaîne de cafés reculait d'autant, après avoir communiqué des prévisions prudentes.

La reprise du dollar a fait retomber les rendements des emprunts d'Etat, également pénalisés par une forte demande pour une adjudication de notes à sept ans. Le rendement du 10 ans, référence du marché obligataire américain, est retombé à 2,888% contre 2,937% mercredi soir.

Les cours des matières premières et l'or ont également fléchi. Sur le marché pétrolier, le Brent revenait vers les 70 dollars après avoir franchi jeudi matin les 71 dollars pour la première fois depuis décembre 2014.

(Véronique Tison pour le service français)