Wall Street finit en ordre dispersé, optimisme sur le commerce

par Sruthi Shankar et April Joyner

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en ordre dispersé mardi soutenue par les valeurs technologiques et des évolutions perçues comme positives sur le front des relations commerciales.

Les résultats décevants du laboratoire pharmaceutique Pfizer, la chute des cours du pétrole et un regain d'inquiétudes sur les conséquences de la hausse des coûts sur les profits des entreprises ont en revanche pesé sur la tendance.

Les valeurs américaines ont réduit leurs pertes initiales après des déclarations du représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, selon lesquelles l'administration américaine ne souhaite pas changer le système économique chinois mais entend limiter les préjudices qu'il crée pour les Etats-Unis et ouvrir davantage la Chine à la concurrence étrangère.

Le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo, a de son côté déclaré que Mexico allait répondre aux propositions américaines concernant le secteur automobile dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et qu'un accord était possible si les négociateurs font preuve de suffisamment de créativité et de flexibilité.

Le président américain Donald Trump a par ailleurs décidé de prolonger d'un mois, au 1er juin, les exemptions accordées à l'Union européenne (UE), au Canada et au Mexique pour les droits de douane sur l'acier et l'aluminium.

"Il y a un certain niveau d'inquiétude qui s'est diffusé dans ce marché", a dit Tim Ghriskey, responsable des investissements chez Inverness Counsel. "Mais il y a des perspectives positives sur le commerce."

L'activité du secteur manufacturier américain a fléchi en avril, pour le deuxième mois consécutif, sous l'effet de la pénurie de main d'oeuvre qualifié et de contraintes croissantes sur les capacités de production, ont par ailleurs montré les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) publiés mardi.

L'enquête a aussi fait ressortir une hausse de la composante des prix acquittés par les entreprises notamment de matières premières comme l'acier ou l'aluminium, frappés de nouveaux droits de douanes par Washington.

Les profits des entreprises devraient afficher cette année leur plus forte croissance au premier trimestre depuis sept ans, en grande partie grâce aux baisses d'impôts mais les investisseurs s'inquiètent de plus en plus de la hausse des coûts.

La hausse des prix acquittés intervient alors qu'ils s'interrogent aussi sur une possible accélération du rythme de remontée des taux d'intérêt par la Réserve fédérale dont le comité de politique monétaire communiquera ses décisions mercredi à l'issue d'une réunion de deux jours.

L'indice Dow Jones a cédé 64,10 points (0,27%) à 24.099,05. Le S&P-500, plus large, a pris 6,75 points, soit 0,25%, à 2.654,80.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 64,44 points (+0,91%) à 7.130,70.

Quelque 6,56 milliards d'actions ont changé de mains sur les marchés américains, à comparer avec une moyenne de 6,54 milliards sur les 20 dernières séances.

DOLLAR EN HAUSSE, PETROLE EN BAISSE

Apple, qui a fait état de résultats trimestriels supérieurs aux attentes et d'un relèvement de 100 milliards de dollars de son programme de rachats d'actions, a pris jusqu'à 5% dans les transactions électroniques après-Bourses puis a cédé une partie de ses gains pour gagner environ 2%.

Match Group, l'exploitant du site de rencontres en ligne Tinder, a signé la pire séance de son histoire avec une chute de plus de 22% après l'annonce par Facebook du lancement prochain d'une fonctionnalité concurrente pour les utilisateurs du réseau social.

Pfizer abandonne 3,3% à la clôture, en tête des baisses du Dow Jones, plombé par des ventes jugées décevantes de quelques-uns de ses principaux médicaments.

Merck & Co termine aussi en baisse, cédant 1,5% en dépit d'un relèvement de sa prévision de bénéfice annuel après avoir publié un bénéfice supérieur aux attentes au premier trimestre.

Les constructeurs automobiles ont connu des évolutions contrastées après l'annonce d'un recul de leurs ventes au mois d'avril alors que la demande des consommateurs continue à faiblir.

General Motors a fini en repli de près de 0,9%, Ford gagne 0,18% et Fiat Chrysler Automobile (FCA) 0,36%.

Le spécialiste des matériaux de construction USG a terminé en hausse de 4,4% après avoir annoncé l'ouverture de discussions en vue de se vendre éventuellement à l'allemand Gebr Knauf, sous la pression notamment de son principal actionnaire Berkshire Hathaway qui en détient 31%.

Sur le marché des changes, le dollar poursuit sa hausse et revient en territoire positif par rapport à son niveau de la fin de l'année dernière. Son indice contre un panier de six autres grandes devises internationales progresse de 0,69% à 92,47.

Le billet vert a franchi plusieurs seuils techniques contre le dollar australien, la couronne suédoise, le franc suisse, la livre sterling mais aussi l'euro. La devise européenne est repassée sous le seuil 1,20 dollar pour la première fois depuis le 11 janvier, à 1,1991 dollar.

L'appréciation de la devise américaine pénalise le pétrole en net repli en dépit de la menace des Etats-Unis de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, une décision qui entraverait les capacités d'exportation de brut de l'Iran.

Le contrat juin sur le baril de Brent cède 1,86% à 73,31 dollars et celui sur le baril de brut léger américain (WTI) recule de 1,63% à 67,46 dollars.

(Marc Joanny pour le service français)