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Wall Street subit l'impact du rétrogradage des techs

par Tanya Agrawal et Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé la séance de mardi en baisse, en dépit d'une solide statistique de confiance du consommateur, emportée par une nouvelle glissade des valeurs high tech qui a particulièrement affecté le Nasdaq.

Les pertes de l'ensemble de la cote se sont aggravées après que le chef de file de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, eut décidé de repousser le vote de la réforme de la santé afin d'obtenir un soutien plus large des sénateurs de son parti.

La réforme de la santé est le premier grand chantier de politique intérieure de l'administration Trump et un test de sa capacité à porter à leur terme les autres projets que sont les baisses d'impôt, les dépenses de grands travaux et la déréglementation.

"Le marché aime la certitude mais c'est de l'incertitude qu'on a à présent. Qu'est-ce que ça sera lorsqu'il faudra aborder le prochain sujet?", a dit Peter Costa (Empire Executions).

"Il est vrai aussi que lorsque le marché atteint un certain niveau, toute incertitude quelle qu'elle soit, surtout lorsqu'elle touche le gouvernement, ne peut qu'avoir un effet négatif", a-t-il ajouté.

L'indice Dow Jones a perdu 98,89 points (0,46%) à 21.310,66 points. Le S&P-500 a cédé 19,69 points (0,8%) à 2.419,38 points. Le Nasdaq Composite a laissé 100,53 points (1,61%) à 6.146,62 points.

L'indice de la santé a abandonné 0,92% mais ce n'est pas la perte sectorielle la plus prononcée.

Elle revient à l'indice des high techs, qui a perdu 1,67%, poussé vers le bas par des valeurs telles qu'Apple (-1,43%), Microsoft (-1,87%) et Alphabet (-2,47%), ce dernier s'étant vu infliger mardi par la Commission européenne une amende record de 2,42 milliards d'euros pour abus de position dominante.

Depuis le début de l'année, cet indice a gagné autour de 18%, ce qui fait encore de lui le principal contributeur au récent rally qui a multiplié les records. Toutefois, l'épaisseur des valorisations de ce secteur commence à donner la migraine aux investisseurs.

Au point de vue macroéconomique, la confiance du consommateur aux Etats-Unis s'est améliorée en juin, contrairement à ce qui était attendu, et l'indice la mesurant est ressorti à 118,9 contre 117,6 en mai et un consensus le donnant à 116,0.

Le marché attendait par ailleurs un discours que la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen a prononcé à l'occasion d'une manifestation à Londres. Sans exclure que survienne une nouvelle crise financière, celle-ci a toutefois observé que l'économie était bien plus saine à présent.

Patrick Harker, le président de l'antenne de la Fed de Philadelphie, a dit lui que la Fed prévoyait à juste titre de relever une nouvelle fois ses taux directeurs d'ici la fin de l'année, la faiblesse récente de l'inflation étant vraisemblablement momentanée.

"Pour l'heure, la Fed a plus ou moins envie de relever les taux car elle ne voudrait pas être prise de court et devoir remettre ça dans le cas d'une récession", a dit Brad McMillan (Commonwealth Financial).

Les actions des câblo-opérateurs Charter Communications et Comcast ont perdu respectivement 0,84% et 0,86%, à la suite d'informations voulant qu'ils discutent d'un partenariat avec l'opérateur télécoms Sprint, qui lui a au contraire progressé de 2,12%.

Les investisseurs se préparent à la "saison" des résultats du deuxième trimestre après un solide premier trimestre. Le S&P-500 a un PER de près de 18, bien au-dessus de sa moyenne de long terme de 15.

Le report du vote sur la réforme de la santé aux Etats-Unis a lourdement pesé sur le dollar qui avait déjà subi l'impact des dernières déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE).

Ce dernier a évoqué mardi de possibles inflexions de la politique monétaire de la BCE, tout en soulignant que d'éventuels changements dépendraient de conditions financières favorables à l'échelle mondiale.

L'euro a atteint 1,1349 dollar, un plus haut depuis août 2016, quant à l'indice du dollar, qui mesure son évolution face à un panier de devises de référence, il a inscrit un plus bas de 13 jours de 96,344. Le franc suisse a affiché un pic de sept mois de 0,9593 par dollar.

En revanche, le billet vert a peu réagi aux propos de Janet Yellen.

Les dernières déclarations de Mario Draghi ont également pesé sur les Treasuries, dont les rendements ont monté de concert avec ceux de leurs homologues européens.

La courbe des rendements, qui s'était bien aplatie ces derniers temps, s'est redressée, alors que l'écart entre les papiers à cinq et 30 ans était auparavant tombé à 92,70 points de base, le plus faible depuis la fin 2007.

(Avec Sam Forgione et Karen Brettell à New York)