Wall Street fait du surplace, sauf le Dow en hausse

par Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini sur une note mitigée jeudi, dans un marché plombé par un recul de 2% de Facebook et occupé à analyser le projet de réforme fiscale enfin dévoilé par des élus républicains de la Chambre des représentants.

L'indice Dow Jones, qui ne compte pas Facebook parmi ses 30 composantes, a gagné 81,25 points, soit 0,35%, à 23.516,26 points mais le S&P-500, plus large, n'a pu faire mieux qu'un gain de 0,49 point (0,02%) à 2.579,85 et le Nasdaq Composite a reculé de 1,59 point (0,02%) à 6.714,94.

L'événement du jour a été la présentation du projet de réforme fiscale qui pourrait permettre au président Donald Trump de concrétiser, après des mois d'attente, ses promesses de baisses d'impôts massives mais le scepticisme demeure quant à la teneur du texte qui sera voté au bout du compte.

Les principales mesures, comme attendu, portent sur une baisse à 20% de l'impôt sur les sociétés, contre 35% actuellement, et sur une réduction de sept à quatre du nombre de tranches de l'impôt sur le revenu.

La réforme fiscale était l'une des promesses de campagne des républicains qui ont contribué à propulser Wall Street à des records depuis l'élection de novembre 2016.

"Ce que le marché nous dit aujourd'hui, c'est qu'il reste beaucoup d'inconnues", commente William Delwiche, stratège chez Baird à Milwaukee. "Il est difficile à ce stade de tirer des conclusions sur ce que sera le texte finalement adopté."

La suppression prévue de crédits d'impôts pour l'achat de voitures électriques ou pour des emprunts immobiliers a d'ores et déjà pesé sur les valeurs concernées jeudi.

L'annonce, à une heure de la clôture, de la nomination de Jerome "Jay" Powell à la présidence de la Réserve fédérale en remplacement de Janet Yellen, dont le mandat se termine en février prochain, n'a eu aucune incidence sur la tendance, ce choix consensuel du président Donald Trump ayant été largement anticipé par les marchés.

Powell, déjà membre du conseil des gouverneurs de la banque centrale, partage largement les idées de la présidente sortante en matière de politique monétaire mais est partisan d'une plus grande dérégulation dans la finance. Son choix était le plus consensuel pour le marché.

APPLE EN HAUSSE EN APRÈS-BOURSE

Six des 11 grands indices sectoriels S&P-500 ont fini en repli, la plus forte baisse étant pour les télécoms (-1,01%) alors que les financières (+0,86%) ont soutenu le Dow Jones et le S&P.

Facebook, en recul de 2,05%, a le plus contribué à la baisse du S&P et du Nasdaq. Le réseau social a publié mercredi soir des résultats de bonne facture mais va fortement augmenter ses dépenses consacrées à la sécurité pour combattre la propagation de "fake news".

Tesla a chuté de 6,80% après avoir fait état de la plus forte perte trimestrielle de son histoire et repoussé de nouveau l'objectif de production de sa berline grand public, dont les ventes pourraient par ailleurs pâtir de la suppression des incitations fiscales fédérales si elle se confirme.

A la pharmacie, le titre coté à New York de Teva a sombré de 19,90% après un nouvel abaissement des objectifs de résultats du géant israélien des génériques.

Le fabricant de produits de grande consommation Newell Brands a plongé de 26,80% après la publication de résultats inférieurs aux attentes, accompagnés de prévisions revues en baisse.

Plus forte baisse du Dow Jones, le géant chimique DowDuPont a perdu 1,75% après avoir publié des ventes nettes légèrement inférieures aux attentes pour son premier trimestre clos depuis la fusion entre Dow Chemical et DuPont.

Egalement à la peine, Time Warner a décroché de 3,75% en réaction à des informations selon lesquelles le département de la Justice pourrait bloquer le projet de fusion du groupe de médias avec l'opérateur télécoms AT&T, lequel a cédé 1,13%.

Le secteur de la construction immobilière a pâti de la possible suppression de déductions fiscales pour les crédits immobiliers. Toll Brothers a perdu 6,09% et Lennar 3,27%, entraînant aussi le distributeur spécialisé Home Depot (-1,61%) et son concurrent Lowe's (-4,09%).

Apple a regagné à l'inverse 0,73% avant la publication de ses résultats à la clôture, salués par une hausse de plus de 3% du titre en après-Bourse avant la sortie, vendredi, du nouvel iPhone X.

Les volumes se sont étoffés avec 7,4 milliards d'actions échangées sur les différents marchés américains contre une moyenne de 6,2 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, le dollar s'est tassé de 0,1% face à un panier de devises de référence, et de 0,4% contre l'euro, après sa forte hausse de la veille suite au statu quo sans surprise de la Fed sur ses taux.

Le fait du jour a surtout été le repli de 1,4% du sterling après l'annonce par la Banque d'Angleterre que sa première hausse de taux en 10 ans ne serait suivie que d'une remontée "très graduelle" du coût du crédit au cours des trois prochaines années.

Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à 10 ans a fléchi à 2,35% contre 2,38% à la clôture de mercredi.

(avec Sruthi Shankar et Tanya Agrawal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)