Wall Street devrait encore reculer avant les négociations USA-Chine

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en net repli jeudi et les Bourses européennes reculent à mi-séance, au plus bas depuis six semaines, tandis que les rendements obligataires refluent, la crainte d'une nouvelle escalade dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine restant au premier rang des préoccupations des investisseurs.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de plus de 0,6%; le Standard & Poor's 500 et le Nasdaq s'acheminent ainsi vers une quatrième séance consécutive de repli.

Si les déclarations de la Maison blanche évoquant la volonté de la Chine de conclure un accord commercial ont permis de limiter le repli des actions américaines mercredi, les déclarations des deux côtés ont été plus offensives à quelques heures de la reprise des discussions officielles à Washington: Donald Trump a reproché à la Chine d'avoir "rompu l'accord" conclu précédemment et Pékin a dit se préparer à toutes les éventualités.

La crainte d'un échec des pourparlers vendredi, qui entraînerait immédiatement le relèvement, de 10% à 25%, des droits de douane américains sur 200 milliards de dollars de produits chinois, a donc repris le dessus, avec pour première conséquence un net repli des marchés boursiers.

En Asie, le Nikkei à Tokyo a perdu 0,93% et le SSE Composite à Shanghai 1,48%. En Europe, le Stoxx 600 recule de 0,7%, le FTSEurofirst 300 de 0,71% et l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,01%.

À Paris, le CAC 40 cède 1,11% à 5.357,24 points vers 11h30 GMT. À Francfort, le Dax lâche 0,71% et à Londres, le FTSE 100 abandonne 0,24%.

Le CAC et le Stoxx 600 évoluent au plus bas depuis le 29 mars. L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50, lui, poursuit sa remontée, au plus haut depuis début janvier.

"L'hypothèse d'un accord (USA-Chine, ndlr) à un moment donné cette année reste la plus probable mais elle est retombée de 75-80% vers 60-65%", résume David Lafferty, responsable de la stratégie de marché de Natixis Investment Managers.

"A ce stade, le recul du marché n'est encore qu'un bruit de fond en attendant d'y voir plus clair. S'agit-il d'une remise à niveau temporaire en attendant une poursuite des négociations ou les discussions ont-elles bel et bien échoué ? On ne le sait pas encore."

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

Sur les marchés européens, les secteurs les plus exposées aux tensions commerciales accusent une nouvelle fois les replis les plus marqués: l'indice Stoxx de l'automobile cède 1,8%, celui des ressources de base 1,37%.

Le compartiment automobile pâtit aussi des commentaires prudents de Continental (-3,58%) et de Bosch sur les perspectives de reprise du marché.

La baisse des rendements obligataires, la probabilité de plus en plus faible d'une hausse des taux d'intérêt et les risques de ralentissement économique prolongé pénalisent parallèlement les financières: le compartiment des banques perd 1,25%, celui de l'assurance 1,35%.

Parmi les plus fortes baisses du CAC 40, Valeo recule de 3,51%, Crédit agricole de 3,05% et Renault de 2,43%.

La lanterne rouge est toutefois pour ArcelorMittal, qui chute de 4,93% après avoir revu à la baisse sa prévision de demande pour le marché européen à l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels en parlant d'un contexte "difficile".

Les secteurs de l'immobilier (+0,54%) et des services aux collectivités ("utilities") (-0,17%) surperforment, profitant de leur caractère défensif.

TAUX

Conséquence du repli sur les actifs jugés les plus sûrs: l'écart de rendement entre les obligations d'Etat américaines à dix ans et les bons à trois mois est revenu autour de trois points de base, contre environ 15 points il y a moins d'un mois, ce qui menace le marché d'une nouvelle inversion de la courbe.

Le rendement des Treasuries à dix ans évolue sous 2,45% après avoir touché mercredi un plus bas de cinq semaines à 2,426%.

En Europe, celui du Bund allemand à dix ans reste négatif à -0,056% après être revenu, à -0,067%, à son niveau du 29 mars.

Les rendements irlandais et espagnols évoluent tout près de leurs plus bas historiques avant des adjudications qui suscitent une forte demande.

CHANGES

Le repli sur les actifs jugés les plus sûrs constitue aussi le principal facteur d'animation du marché des devises: le yen a atteint un pic de trois mois face au dollar et de plus de quatre mois face à l'euro.

Le dollar, lui, est quasi stable face à un panier de devises de référence et l'euro recule légèrement contre le billet vert, autour de 1,1185.

Le yuan chinois a quant à lui touché un plus bas de quatre mois face a dollar, l'inquiétude liée aux droits de douane américains occultant les chiffres mensuels de l'inflation en Chine, marqués par la plus forte hausse des prix à la production depuis quatre mois.

PÉTROLE

En net repli en début de journée, les cours du brut ont effacé au fil des heures l'essentiel de leurs pertes, l'impact du regain des tensions commerciales étant compensé par celui de la baisse inattendue des stocks aux Etats-Unis, venue rappeler que les fondamentaux du marché restaient porteurs.

Le Brent a ainsi repassé le seuil des 70 dollars le baril après un plus bas à 69,57 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est remonté à plus de 62,10 dollars.

MÉTAUX

Les cours des métaux de base, eux, restent orientés à la baisse, le cuivre et le nickel accusant leur troisième séance de repli d'affilée face aux craintes pour le commerce mondial.

Le cuivre à Londres a touché son plus bas niveau depuis le 15 février à 6.111 dollars la tonne et le nickel est revenu au plus bas depuis le 29 janvier.

(Édité par Blandine Hénault)