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Wall Street attendue en repli, l'Europe reste dans le rouge

par Juliette Rouillon

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en léger repli mercredi et les Bourses européennes restent dans le rouge à mi-séance, dans des marchés gagnés par la vague d'inquiétude qui a démarré en Asie face aux tensions entre l'Inde et le Pakistan qui incitent les investisseurs à rechercher les valeurs refuge comme le yen et le franc suisse.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse d'environ 0,2%.

À Paris, le CAC 40 perd 0,23% à 5.226,67 vers 12h25 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,51% et à Londres, le FTSE laisse 0,75%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,41%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,34% et le Stoxx 600 de 0,42%.

Le Pakistan a annoncé mercredi avoir abattu deux chasseurs de l'armée de l'air indienne mais précise n'avoir pas eu d'autre choix et ajoute qu'il ne souhaite pas une escalade entre les deux puissances nucléaires.

"Cette annonce rajoute une nouvelle couche de risques pour les investisseurs", dit Charles St-Arnaud, responsable de la stratégie chez Lombard Odier, qui note que les réactions de marché restent assez limitées à ce stade.

Les intervenants surveillent aussi le deuxième sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, huit mois et demi après leur rencontre historique de Singapour, pour reprendre leurs discussions en vue d'une dénucléarisation de la Corée.

Les deux dirigeants ont entamé le sommet en se disant optimistes sur les chances de parvenir à un résultat "encore meilleur" qu'à Singapour.

L'attention est également suspendue à la nouvelle intervention du président de la Réserve fédérale prévue auprès de la Commission des Services financiers de la Chambre des représentants, à 15h00 GMT.

Mardi lors de son audition par la Commission bancaire du Sénat, Jerome Powell a affirmé que la croissance de l'économie américaine devrait rester solide cette année malgré la montée des risques et des indicateurs conjoncturels moins soutenus récemment et redit que la Fed resterait "patiente" en ce qui concerne de futures hausses de taux.

La tendance boursière européenne a été affectée sur le plan macroéconomique par le fait que le sentiment économique en zone euro est à son plus bas niveau depuis deux ans, et, sur le plan microéconomique, par des nouvelles alarmantes sur Air France-KLM et sur Beiersdorf.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Mylan a publié des résultats et prévisions inférieurs aux attentes et eBay a informé Elliott Management qu'il était disposé à céder certains de ses actifs et le faire entrer dans son conseil d'administration.

VALEURS EN EUROPE

Air France-KLM accuse sa plus mauvaise séance depuis fin 2008 avec une chute de 10,45% après l'annonce de l'entrée au capital de l'Etat néerlandais, qui entend détenir le même niveau de participation que l'Etat français, ce qui alimente les craintes d'un conflit politique susceptible de freiner la restructuration de la compagnie aérienne.

L'Etat néerlandais s'est comporté comme un "raider" et son initiative est "inamicale, surprenante et contestable", a déclaré mercredi une source du ministère de l'Economie français.

Cette chute pèse sur l'ensemble du secteur des transports, en repli de 1,66%, plus forte baisse sectorielle en Europe.

Deuxième plus net recul sectoriel, les biens de consommation courante dont l'indice perd 1,3%, pénalisé par la prévision de marge d'exploitation décevante de l'allemand Beiersdorf.

Le titre chute de 9,8% pour tomber à un plus bas de deux ans. Dans son sillage, Henkel, Reckitt et Unilever cèdent de 1,4% à 3,7%.

Egalement en baisse, Marks and Spencer cède 9,0% après l'annonce de la création d'une coentreprise avec Ocado (+4,44%) dans la distribution alimentaire en ligne qu'il financera via une augmentation de capital et une baisse de 40% du dividende.

Parmi les valeurs en hausse, BioMérieux (+5,07%) se distingue, le spécialiste des diagnostics in vitro ayant publié une croissance organique supérieure au consensus.

Les résultats trimestriels du chimiste allemand Bayer sont également bien accueillis (+4,77%).

TAUX

Le rendement des Treasuries à dix ans évolue autour de 2,6357% après avoir reculé mardi dans le foulée des déclarations du président de la Fed et de la baisse plus forte que prévu de la confiance du consommateur américain.

En Europe, le dix ans allemand se maintient autour de 0,11%.

CHANGES

Le yen, à son plus haut depuis le 15 février face au dollar, et le franc suisse, à un pic de trois semaines face au billet vert, profitent de leur statut de valeurs refuge face aux tensions entre l'Inde et le Pakistan.

La livre sterling a franchi le seuil de 1,33 dollar pour la première fois depuis cinq mois.

La devise britannique monte depuis que Theresa May a proposé mardi aux députés britanniques, s'ils ne ratifient pas d'ici au 12 mars le projet d'accord de retrait négocié avec les Européens, de voter sur un Brexit sans accord à la date prévue du 29 mars puis sur un report court et limité de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

L'euro est quasiment inchangé autour de 1,139 dollar.

PÉTROLE

Les cours du brut sont en hausse après la publication par l'American Petroleum Institute (API) de chiffres montrant une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

Le marché anticipe par ailleurs un maintien de la politique de production de l'Opep malgré les critiques de Donald Trump.

L'Opep et ses alliés ne diminuent que progressivement leur production de pétrole, a déclaré mercredi le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al-Falih, en réponse au président Donald Trump qui leur demande de relâcher leurs efforts pour soutenir les cours du brut.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) monte à plus de 56,50 dollars le baril et le Brent à près de 65,20 dollars.

(Avec Julien Ponthus, édité par Wilfrid Exbrayat)