Wall Street attendue en baisse avec la montée des tensions

par Juliette Rouillon

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse de près de 0,7% mercredi et les Bourses européennes perdent autour de 1,5% à mi-séance, face à la montée des tensions entre Washington et Pékin d'une part, et Rome et Bruxelles d'autre part.

Dans ce contexte, les investisseurs se tournent massivement vers les valeurs refuge et notamment vers les obligations d'Etat dont les rendements chutent.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,55% à 0,75%.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 1,85% à 5.214,59 points vers 12h00 GMT, au plus bas depuis le 28 février. À Francfort, le Dax cède 1,42% et à Londres, le FTSE cède 1,28%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 1,33%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,6% et le Stoxx 600 de 1,42%, au plus bas depuis le 8 mars.

Pékin n'a pas tardé à répliquer aux déclarations de Donald Trump lundi affirmant qu'il n'était "pas encore prêt" à conclure un accord commercial: la presse officielle chinoise rapporte en effet que la Chine est prête à user de sa position dominante sur le marché des terres rares comme arme dans les négociations commerciales avec les Etats-Unis.

De son côté, l'administration Trump a déclaré mardi que les politiques de changes de neuf pays partenaires, dont la Chine, nécessitaient de rester sous étroite surveillance.

Cette absence d'avancée dans les négociations commerciales intervient sur fond de données macroéconomiques peu encourageantes pour le deuxième trimestre et de tensions renouvelées en Europe autour des finances publiques italiennes.

La Commission a formellement demandé au gouvernement italien des explications sur la détérioration de ses finances publiques.

Face au risque d'une guerre commerciale prolongée entre les deux premières puissances mondiales, dans laquelle l'Europe et le Japon pourraient être entraînés, les investisseurs s'inquiètent pour la croissance mondiale.

"Les avancées des derniers mois dans les relations sino-américaines n'étaient finalement qu'une illusion. La nouvelle salve de protectionnisme américain est une mauvaise surprise pour les économistes et les marchés financiers", selon Laurent Clavel, économiste chez AXA Investment Managers.

La Banque centrale européenne (BCE) estime de son côté dans sa Revue de stabilité financière semestrielle que la dégradation de la croissance dans la zone euro contribue à la montée des risques pour la stabilité financière. Parmi les sources de vulnérabilité, elle évoque notamment le risque de bulles immobilières, l'endettement des Etats ou encore le Brexit.

VALEURS EN EUROPE

Tous les secteurs en Europe sont orientés en baisse mais les compartiments les plus cycliques sont les plus délaissés. La technologie perd 2,01% et les ressources de base abandonnent 2,56%.

Lanterne rouge du CAC 40, ArcelorMittal recule de 4,52% après avoir annoncé une nouvelle réduction de sa production d'acier sur son principal marché en Europe en raison de la faiblesse de la demande et d'importations élevées.

Casino recule de 3,95% après l'abandon d'un acompte sur dividende en 2019 et de la dégradation de sa note de crédit par S&P tandis qu'Elior lâche 2,03% après l'abaissement de sa prévision de croissance organique pour 2018-2019. et

Les bancaires (-1,57%) souffrent du net repli des rendements obligataires, qui pèse sur la rentabilité du secteur.

Parmi les valeurs qui résistent à la tendance baissière, EDF avance de 2,87%, plus forte hausse du SBF 120, un trader évoquant une réaction retardée à l'évocation d'un projet de séparation des actifs de production nucléaires.

Dans le secteur des médias, l'allemand ProsienbenSat.1 prend 3,58% en réaction à la prise de 9,6% de son capital par l'italien Mediaset. A Paris, Lagardère gagne 1,03%.

TAUX

En Europe, le rendement à 10 ans allemand s'est enfoncé un peu plus en territoire négatif, à -0,172%, au plus bas depuis août 2016..

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, qui a cédé six points de base (pdb) mardi à 2,2675%, recule encore de trois points de base, à 2,238%, à un plus bas de 20 mois. Sur le mois, il a perdu 30 pdb.

Il évolue ainsi en dessous du rendement des obligations à trois mois, qui s'établi à 2,357%, une inversion de la courbe qui peut éveiller les craintes d'une récession économique à venir aux Etats-Unis.

Le rendement à 10 ans italien est reparti à la baisse après la nette remontée des derniers jours qui l'a porté jusqu'à 2,708% en début de matinée, tandis que les rendement espagnols et portugais perdent environ cinq points de base pour toucher des plus bas record.

CHANGES

Les devises les moins risquées comme le yen et le franc suisse ont le vent en poupe et le dollar, soutenu par son statut de monnaie de réserve, parvient à renforcer ses gains de mardi.

La devise américaine profite aussi de la faiblesse de l'euro, pénalisé par le regain de tensions autour des finances publiques de l'Italie. La devise unique évolue tout juste au-dessus de 1,1150 dollar, en baisse de 0,07%.

PÉTROLE

Les cours du brut perdent plus de 2% dans la crainte que la prolongation des tensions sino-américaines n'affecte le demande mondiale de pétrole.

Le baril de Brent retombe à 68,35 dollars et celui du brut léger américain se traite à 57,55 dollars.

MÉTAUX

Le cuivre et d'autres métaux industriels sont en net repli dans la crainte des conséquences de l'escalade des tensions commerciales sur la demande.

AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE clé À L'AGENDA

(Édité par Marc Angrand)