Publicité

Vu du Royaume-Uni. “En France, il y a une confrontation permanente entre police et population”

L’attaque d’un commissariat de police à Champigny-sur-Marne est l’expression d’un vieux malaise français, observe Adam Sage. Le correspondant en France du quotidien britannique The Times explique les échecs de la République qui ont mené à la situation compliquée dans de nombreuses banlieues aujourd’hui.

Courrier international : Un commissariat à Champigny-sur-Marne a été attaqué par une quarantaine de personnes avec des tirs de mortiers d’artifice. Quelques jours avant, deux policiers étaient blessés par balle dans une autre banlieue. La haine “antiflics” a-t-elle franchi un palier en France ?

Adam Sage : Les relations entre la police et la population ont historiquement toujours été très tendues en France, où on observe une espèce de confrontation permanente. C’est très différent en Grande-Bretagne. La police n’a jamais été perçue comme un service public. Au Royaume-Uni, le policier, c’est l’agent qui aide les personnes âgées à traverser la rue. Certes ça ne colle plus à la réalité mais c’est loin de l’image de la police en France qui est assez brutale, peut-être aussi parce que c’est un pays plus violent. Donc oui, un palier a été franchi, mais au sein seulement de cette relation historiquement tendue.

Comment l’expliquez-vous ?

La France est dans une situation assez similaire à celle des États-Unis, avec des individus qui se sentent exclus de la population blanche et majoritaire et qui ne perçoivent pas la police comme leur police. À Champigny-sur-Marne se mêlent des trafiquants de drogue qui veulent rester tranquilles et un sentiment d’exclusion qui est facilement exploitable. On peut l’expliquer par des années d’échec d’intégration, et des années d’échec aussi dans le fonctionnement de la police : les fonctionnaires ont des salaires très bas qui ne couvrent pas le coût de la vie et ils sont nombreux à ne pas vouloir travailler en région parisienne, là où il y a de la violence. La région est ainsi laissée à des fonctionnaires inexpérimentés. Ceci n’est pas spécifique à la France, on le voit ailleurs. Mais cela heurte peut-être plus en France à cause des valeurs de la République, “liberté”, mais surtout “égalité”.

[...] Lire la suite sur Courrier international

À lire aussi :