Vous scrollez beaucoup sur les réseaux sociaux ? Attention, cela serait aussi néfaste pour votre santé que le tabac ou le sucre
Faire défiler des vidéos sur notre smartphone peut paraître anodin. Pourtant, cette manie pourrait nous nuire en amplifiant notamment les symptômes de dépression et d’anxiété.
Pour chasser l’ennui, certains s’essaient à de nouvelles activités. Mais nombreux sont ceux qui ne font plus cet effort, préférant passer du temps à “scroller” des vidéos sur leur portable, un phénomène appelé “switch digital”, véritable source d’inquiétude chez les professionnels de santé. Et pour cause : le fait de faire défiler rapidement des vidéos de manière récurrente sur TikTok, Instagram ou Facebook amplifierait les symptômes de dépression et d’anxiété.
Et ce n’est pas tout. Si cette manie de consommer rapidement de courtes séquences a généralement pour but de tromper l’ennui, elle ferait en réalité l’effet inverse, selon les résultats obtenus par une équipe de chercheurs de l’université de Toronto Scarborough au Canada."Nos recherches démontrent que, si les gens accélèrent, avancent ou zappent les vidéos pour éviter de s’ennuyer, ce comportement augmente en fait l’ennui. Cela rend aussi le visionnage moins satisfaisant et moins stimulant. L’ennui vient de ce décalage entre notre implication et celle que nous aurions souhaité avoir”, a expliqué au Washington Post Katy Tam, des propos relayés par Le Parisien.
Concrètement pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont demandé à plus d’un millier de volontaires de visionner une seule vidéo pendant 10 minutes puis sept autres beaucoup plus courtes, avec la possibilité de passer instantanément à la suivante.
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“On a le sentiment d’être vidé”
Les résultats ont été sans appel : la majorité des participants ont déclaré se sentir plus ennuyés, moins satisfaits et moins engagés lorsqu’ils scrollaient les vidéos. "Je ne suis pas étonné de ce résultat. Quand vous regardez une vidéo longue d’au moins une dizaine de minutes, sans pouvoir avancer rapidement ou zapper, un effet de stimulation du système de récompense finit par être sécrété par le cerveau qui a été attentif. À l’inverse, de très courtes vidéos enchaînées produisent le même effet que la cigarette ou le sucre, une excitation importante qui procure du plaisir puis, ensuite, un crash. Au bout de cinq ou dix crashs, on a le sentiment d’être vidé”, a expliqué de son côté Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d’addictologie.
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À noter que les réseaux sociaux utilisent désormais de puissants algorithmes pour cerner les attentes des internautes et capter leur attention au maximum, un phénomène qui peut conduire à une certaine accoutumance et avoir de lourdes conséquences. Interrogée par Yahoo il y a quelques semaines, Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’Enfance, avait déjà alerté sur ce phénomène. “Quand les adolescents consomment trop les écrans, la capacité d’apprentissage et de concentration vont diminuer”, des faits qui peuvent mener à un décrochage scolaire. Face à cette réalité des plus alarmantes, une clinique a même ouvert ses portes en début d’année, en Suisse, pour des séjours de désintoxication numérique.