"Je voulais créer le manque": Perrine Laffont explique pourquoi elle va tourner le dos aux compétitions cette saison
"Ça n’a pas été facile car je suis une compétitrice, mais je suis en paix avec cette décision", reconnaît d’entrée la skieuse ariègeoise, entre deux séances d'entraînement physique à Albertville. Perrine Laffont, championne olympique 2018, ne sera donc pas en Finlande dans une quinzaine de jours pour la première étape de la Coupe du monde 2023-2024. À 25 ans et avec déjà 54 podiums en Coupe du monde, dont 30 victoires, l'Ariégeoise a quasiment tout vécu. Du bonheur à PyeongChang aux larmes à Pékin, elle a besoin de s'octroyer une pause avant les prochaines olympiades à Milan et Cortina d'Ampezzo en 2026.
"On prend les objectifs sur le long terme"
La décision a été prise après consultation de son entourage médical et technique, notamment au moment de se projeter sur les prochaines échéances: "Maintenant, on prend les objectifs sur le long terme. On se projette sur 2025 et 2026. L’hiver prochain, il n’y a pas de championnat du monde ni de JO", explique-t-elle. D’autant que le calendrier de la saison à venir offre de nombreux déplacements coûteux en énergie et en temps sur les skis. "On s’est rendu compte que j’avais plus besoin de passer du temps à l'entraînement parce que la compétition, je connais (...) Mon palmarès est fait. Maintenant, ce n’est que du bonus ce qui va m’arriver, mais je sais qu’il me faut de la fraîcheur pour être performante."
Couper avec le stress de la compétition
La quintuple championne du monde veut donc faire le plein de bonnes énergies avant de retrouver ses concurrentes: "Ça fait sept ans que je joue un classement général et on sait que ça prend beaucoup d’influx parce qu’il y a énormément de stress. C’est très intense mentalement et il y a tout un processus de régénération après chaque saison pour repartir à zéro et récupérer des quatre mois de compétitions. Là, on veut une plus longue partie de récupération" Perrine Laffont ne s’est jamais cachée à ce sujet. Elle avait notamment participé au documentaire "Strong" de Canal +, qui aborde la dépression dans le sport de haut-niveau.
"J’aime énormément créer le manque"
Revenue à l'entraînement en septembre, plus tard que les saisons précédentes, la Pyrénéenne avait prévu depuis un moment de faire le point sur sa motivation. Un doute méthodique qui s’est installé depuis plusieurs saisons: "J’aime énormément créer le manque. C’est déjà ce que je faisais après les hivers. Je coupais tout, j'arrêtais de m’entraîner et dès que je ressentais l’envie de repartir, je repartais!" Un moyen pour elle de jauger sa soif de compétition mais aussi sa santé mentale: "C’est pour moi le dernier curseur de performance. Souvent ce qui fait la différence entre les grands champions et les très grands champions."
Arrêter totalement? "Ça ne m’a pas effleuré l’esprit!"
Si la décision est sûre et réfléchie pour la saison à venir, elle n’est pas définitive. Quand la question de savoir si elle avait pensé à mettre fin à sa carrière s’est posée, l'Ariégeoise n’a pas hésité: "Non, pas du tout! Même si j’ai fini la saison très fatiguée, ça ne m’a pas effleuré l’esprit. J’ai eu la chance de reconstruire tout un nouveau staff après les derniers Jeux et je me suis régalé à évoluer avec eux." Perrine Laffont s’est entourée notamment de son entraîneur personnel Anthony Benna, avec qui la collaboration est au beau fixe. Après avoir parfait sa condition physique, la Française prévoit cet hiver de s'entraîner autour de chez elle "pour éviter les voyages qui sont la cause de beaucoup de fatigue". Elle espère se frotter de nouveau aux bosses début décembre, à l’Alpe d’Huez, avant la venue de la Coupe du monde.