Comment vont se dérouler les consultations d'Emmanuel Macron pour trouver un Premier ministre
C'est la première grande initiative politique présidentielle depuis les législatives anticipées. Emmanuel Macron a convié les chefs de partis et de groupes parlementaires, ce vendredi 23 août à l'Élysée, plus de six semaines après les résultats du scrutin. Ces rencontres devraient aboutir à la nomination d'un Premier ministre, un mois et demi après la démission de Gabriel Attal.
Une série d'échanges à l'Élysée pour trouver un nouveau Premier ministre et un futur gouvernement? Emmanuel Macron va rencontrer les chefs de partis et des groupes parlementaires ce vendredi 23 août.
Cette initiative du président de la République est la première depuis le résultat des élections législatives qui a donné lieu à une Assemblée tripartite sans majorité -et d'où aucune coalition ne se dégage pour l'instant. Une Assemblée que l'Élysée qualifie de "Parlement des minorités" à la veille de cette succession de rencontres hautement politiques.
Post-"trêve olympique" souhaitée par Emmanuel Macron, l'Élysée estime "utiles" ces 6 semaines de temps mort "car chaque force a fait des propositions. Et certains se sont dit disponibles". Marquant la reprise de la vie politique et tandis que les partis entament la tournée de leur université d'été, ces concertations devraient signer la fin de la gestion des affaires courantes par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal.
Ces rencontres entre Emmanuel Macron et les ténors des partis et des groupes, en vue de former un futur gouvernement de coalition se poursuivront jusqu'à lundi. Le président de la République a exprimé son souhait d'un "dialogue loyal, sincère et utile", a assuré l'Élysée. Qui ajoute que ces rendez-vous doivent être suivis de la nomination d'un nouveau Premier ministre, sans préciser de calendrier précis néanmoins.
Le NFP ouvre le bal des discussions
Seule à n'avoir pas suivi du tout la trêve politique pendant les Jeux de Paris 2024 en multipliant les déplacements pour se faire connaître du grand public, Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire à Matignon, sera également au rendez-vous ce vendredi.
À ses côtés, Emmanuel Macron va également recevoir tous les autres représentants du NFP, Marine Tondelier pour les écologistes, Olivier Faure pour les socialistes, Manuel Bompard pour les insoumis et Fabien Roussel pour les communistes. Ainsi que les chefs des groupes parlementaires de gauche comme par exemple Mathilde Panot, à la tête des députés mélenchonistes. Cet entretien, le premier de tous, aura lieu à 10h30. Les Insoumis ont déjà annoncé qu'ils s'exprimeront à l'issue de l'échange.
La haute fonctionnaire a peu de chances de succéder à Gabriel Attal. Après sa nomination dans la douleur fin juillet comme candidate du Nouveau front populaire, Lucie Castets a en effet vu son nom balayé dans la foulée par Emmanuel Macron lors de son interview du mercredi 23 juillet sur France 2.
À la veille de sa rencontre avec celle qui est actuellement en congé de son poste à la mairie de Paris, l'Élysée sous-entend que la position du président de la République n'a pas changé.
"Il faut une majorité large et stable qui ne tombe pas dès la première motion de censure déposée", a rappelé le palais présidentiel.
À ce stade, plusieurs ténors à Renaissance, en cœur avec la Droite républicaine (ex-Les Républicains) et le Rassemblement national, ont en effet d'ores et déjà annoncé qu'ils déposeront une motion de censure en cas d'Insoumis présents dans le futur gouvernement.
Tous les partis les uns après les autres
Après le NFP, Emmanuel Macron accueillera sa famille politique et ses alliés, Renaissance ainsi qu'Horizons et les centristes du Modem.
La rencontre s'annonce agitée, sur fond de querelles pour savoir qui va briguer la tête du parti présidentiel. Alors qu'il a été élu à la tête du groupe parlementaire Ensemble pour la République, Gabriel Attal pourrait également ambitionner de s'emparer de la direction du parti. L'ex-Première ministre Élisabeth Borne a également annoncé mercredi 21 août sa volonté de briguer le poste.
Après le bloc central fort d'environ 160 députés, le chef de l'État recevra les représentants de la Droite républicaine (ex-Les Républicains). Si le président du groupe à l'Assemblée, Laurent Wauquiez, a d'ores et déjà exclu une coalition et une participation gouvernementale, il s'est dit en revanche prêt à former des compromis.
En union avec le président des LR au Sénat, Bruno Retailleau, il avait présenté fin juillet un "pacte législatif d'urgence" pour sortir de la "situation de crise" que traverse le pays, selon ses mots. Treize propositions de loi que les deux hommes se sont en revanche engagés à faire voter si elles étaient reprises par le camp présidentiel.
En fin de journée, ce sera au tour du groupe LIOT puis à celui de la gauche radicale de fouler le perron de l'Élysée.
Marine Le Pen et Jordan Bardella reçus lundi
Enfin lundi 26 août, les portes présidentielles s'ouvriront pour recevoir l'extrême droite. Marine Le Pen et Jordan Bardelle, respectivement cheffe de file des députés RN et président du parti, ont bien reçu leur invitation officielle.
La seule solution pour le RN -qui a loupé de peu la première place du podium des législatives après être sorti vainqueur des européennes-, c'est une nouvelle dissolution de l'Assemblée.
Voici "la seule issue politique possible" pour sortir la France de "l'état de paralysie" auquel a conduit le résultat des élections législatives, a affirmé mardi 20 août sur France info la députée RN Edwige Diaz, assurant que le parti prépare déjà cette future éventualité. Celle-ci ne pourra néanmoins pas intervenir avant l'été prochain, dans la mesure où un délai d'un an doit séparer deux dissolutions.
Le patron de Républicains Éric Ciotti, qui avait annoncé s'allier au RN pour les législatives, se mettant ainsi au ban de son propre parti, sera reçu dans la foulée de Marine Le Pen et Jordan Bardella, a indiqué l'Élysée.
Cette même journée, Emmanuel Macron devrait également rencontrer les présidents de l'Assemblée et du Sénat, soit la nouvellement réélue Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.
Toujours pas de date précise pour la désignation d'un Premier ministre
Espérant qu'à l'issue de ces concertations un nouveau Premier ministre et un futur gouvernement émergent enfin, Emmanuel Macron souhaiterait un changement de logique, souligne l'Élysée.
"Tout le monde doit changer de logique. On passe du fait majoritaire à la coalition".
Quant à la date exacte de la future nomination du successeur de Gabriel Attal, "rien n'est exclu, rien n'est arrêté!" ménage toujours le palais présidentiel.
Pourtant, le temps presse. La rentrée parlementaire va arriver vite. Et avec elle, l'incontournable vote du texte sur le budget (le fameux projet de loi de finances 2025). Sans coalition et accord sur ce texte fondamental qui fixe les enveloppes de l'État pour faire avancer les institutions et administrations publiques, le pays pourrait se retrouver à l'arrêt.