Vol MH17: veto russe à la création d'un tribunal international

par Michelle Nichols NATIONS UNIES (Reuters) - La Russie a opposé mercredi son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies prévoyant la constitution d'un tribunal international chargé de faire le jour sur la destruction en vol d'un avion de la Malaysia Airlines l'été dernier au-dessus de l'est de l'Ukraine. Onze des quinze pays membres du Conseil ont voté en faveur de ce projet présenté par la Malaisie, l'Australie, les Pays-Bas, la Belgique et l'Ukraine; trois se sont abstenus (Chine, Angola et Venezuela). Le vote négatif de la Russie, membre permanent du Conseil, a valeur de veto. Le vol MH17 qui devait assurer la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur a été abattu le 17 juillet de l'année dernière avec 298 personnes à son bord. Il s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine, dans une zone contrôlée par les séparatistes prorusses. Les Pays-Bas, dont étaient originaires les deux tiers des victimes, soupçonnent fortement les séparatistes prorusses d'avoir abattu le Boeing avec un missile sol-air Bouk de fabrication russe. La Russie accuse l'armée ukrainienne d'avoir tiré le missile. Dans la journée, quelques heures avant le vote à l'Onu, le président russe, Vladimir Poutine, avait redit son opposition à la création d'un tribunal international pour juger les responsables de la destruction du Boeing 777. "Le président russe a confirmé sa position selon laquelle la création d'un tel organe judiciaire serait inopportune", a déclaré le Kremlin dans un communiqué, à la suite d'un entretien téléphonique entre Poutine et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. A l'issue du vote, le chef de la diplomatie néerlandaise, Bert Koenders, a dit juger "incompréhensible qu'un membre du Conseil de sécurité fasse obstruction à la justice dans une tragédie qui a affecté un si grand nombre de personnes". "IL NE LEUR SERA PAS PERMIS D'ÉCHAPPER À LA JUSTICE" Son homologue australienne, Julie Bishop, a promis que les responsables de la destruction de l'avion ne pourraient pas "se cacher derrière le veto de la Fédération russe". "Il ne leur sera pas permis d'échapper à la justice", a ajouté la ministre, dont le pays a perdu 39 ressortissants dans la catastrophe du vol MH17. Elle a ajouté que les cinq pays à l'origine du projet de résolution allaient à présent réfléchir à un autre moyen de mettre en oeuvre des poursuites judiciaires. L'ambassadrice américaine Samantha Power a déclaré pour sa part qu'"aucun veto ne fer(ait) obstacle à ce que ce crime haineux fasse l'objet d'une enquête et de poursuites". "Les tentatives de déni de justice ne font qu'intensifier la souffrance des familles des victimes (...) Tel est l'effet du veto russe de ce jour", a-t-elle poursuivi. La Russie avait proposé son propre projet de résolution, qui prévoyait un rôle accru de l'Onu dans une enquête sur la destruction en vol du Boeing de la Malaysia Airlines sans constituer de tribunal spécial. Son ambassadeur à l'Onu, Vitali Tchourkine, a jugé "regrettable" que les pays à l'origine du texte aient poussé pour une mise aux voix de leur projet alors même qu'ils savaient qu'ils s'opposeraient à un veto. "Cela indique à notre avis que des desseins politiques leur importaient plus que des objectifs pratiques", a-t-il poursuivi. Le 21 juillet 2014, quatre jours après la destruction du vol MH17, le Conseil de sécurité avait adopté à l'unanimité une résolution exigeant "que l'on contraigne les responsables de l'incident à répondre de leurs actes et que tous les Etats s'associent pleinement aux efforts déployés pour établir les responsabilités". (avec Gabriela Baczynska à Moscou; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)