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«Vodka Factory», les femmes à l’isolement

Mais qu’est-ce qu’elles picolent ! Des verres et des verres de vodka-soda, remplis à ras bord. Le soir, la nuit, entre copines, pour oublier, rire, se battre ou pleurer. Où sont les hommes ? Le documentaire Vodka Factory les ignore et l’assume. Le sujet de prédilection de son réalisateur, Jerzy Sladkowski, ce sont elles, ces femmes seules, abandonnées par des maris alcooliques et violents, ce grand mal dont souffre la Russie. A Jigouliovsk, à 1 000 kilomètres de Moscou, il fait nuit toute la journée ou presque. Un accordéon lointain et lent renforce la mélancolie cafardeuse du lieu, entre gris et neige. Dans cette Russie profonde vit Tania, quinqua qui a élevé seule ses trois enfants. Elle vend et contrôle les tickets dans un bus fatigué, tout en rêvant au retour d’un amour de jeunesse. Sa fille Valia, mère d’un petit garçon, est ouvrière dans la distillerie de vodka du coin, un grand bâtiment en briques, sinistre. Avec ses ongles manucurés paillettes, elle colle des étiquettes, à la chaîne, toute la journée, sur des bouteilles de vodka. Quand elle retire sa blouse bleue d’ouvrière, Valia est en talons aiguilles et manteau de fausse fourrure. Elle s’imagine grande actrice, à la capitale. Elle ne sait pas quoi faire de son gosse. Après l’usine, elle a cours de danse orientale ou de théâtre. Ce jour-là, elle a choisi un extrait de la Mère, de Gorki. Elle récite, litanie : «Franchement, c’est quoi notre vie ? As-tu vraiment vécu ?» Mère et fille, tabassées puis rescapées du désastre conjugal, gardent la tête hors de l’eau sans pour autant la garder froide. Valia et ses sourcils épilés, ses yeux trop maquillés, préfère ses rêves de starlette à son fils. Tania retrouve son fameux amoureux d’il y a trente ans. Ils se bécotent à l’arrière du bus. Elle a peut-être un peu honte. Mère et fille montrent tout à la caméra de Sladkowski. Leurs engueulades sont capturées avec une finesse incroyable. Les bonnes femmes de l’usine aussi sont sans filet : ça jase, ça charrie, ça (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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