Vladimir Poutine et le patron de l’ONU Antonio Guterres se serrent la main, et ça n’a pas plu à la veuve d’Alexeï Navalny

Le président russe Vladimir Poutine serre la main au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de leur rencontre en marge du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024.
ALEXANDER NEMENOV / AFP Le président russe Vladimir Poutine serre la main au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de leur rencontre en marge du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024.

INTERNATIONAL - Une poignée de main avec « un meurtrier ». La veuve d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, a regretté, jeudi 24 octobre, que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ait serré la main du président russe Vladimir Poutine lors du sommet des Brics à Kazan. Les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois depuis avril 2022 afin d’évoquer la guerre en Ukraine.

Au sommet des Brics à domicile, Vladimir Poutine met en scène son non-isolement à l’international

« C’est la troisième année de la guerre, et le secrétaire général des Nations unies serre la main d’un meurtrier », a ainsi taclé l’opposante russe en exil dans un message publié sur X (ex-Twitter).

Condamnation de la France

Ce rapprochement a aussi été dénoncé par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. « De voir le secrétaire général au côté de Vladimir Poutine, qui déshonore son siège au Conseil de sécurité, c’était une forme d’inquiétude pour moi », a déclaré le chef de la diplomatie française sur France 5 jeudi 24 octobre, comme vous pouvez l’entendre dans la séquence ci-dessous.

Le ministre français a également rappelé que le chef du Kremlin, « membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU », « viole délibérément, depuis deux ans et demi, le droit international en Ukraine et s’est rendu coupable de crimes de guerre ».

Guterres persona non grata en Ukraine

Sur X, de nombreux observateurs et journalistes se sont également indignés de ce que certains qualifient de « courbette » du chef de l’ONU face à Vladimir Poutine. « Cette image devrait signer la fin de Guterres. Un clown qui se prosterne devant Poutine. Il n’a plus la moindre crédibilité, légitimité ni dignité », fustige le reporter de guerre indépendant Cyrille Amoursky. De son côté, Elsa Vidal, essayiste et journaliste à RFI a estimé dans l’émission C Ce soir sur France 5 qu’« Antonio Guterres donne une partie de sa légitimité à Poutine ».

En se rendant à Kazan, Antonio Guterres a fait un « mauvais choix » qui « ne fait qu’endommager la réputation de l’ONU », a pour sa part déploré l’Ukraine.

Ce vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a refusé de recevoir à Kiev le secrétaire général des Nations unies. « Après Kazan, il (Guterres, nldr) voulait venir en Ukraine mais le président n’a pas confirmé sa visite », en raison de « l’humiliation » infligée au droit international à Kazan.

Discussions de la situation en mer Noire à celle du Proche-Orient

Lors de son échange avec Poutine, Antonio Guterres a rappelé que « l’invasion russe de l’Ukraine » est une « violation » du droit international, selon un communiqué du bureau du porte-parole du secrétaire général diffusé à New York.

Le chef de l’ONU a d’autre part souligné au président russe son attachement à « la liberté de navigation en mer Noire », capitale pour l’Ukraine et la sécurité alimentaire et énergétique mondiale.  « Il soutient totalement la poursuite des négociations à cet égard », a ajouté le communiqué, saluant notamment les efforts de la Turquie sur ce dossier.

La mer Noire est une voie commerciale cruciale pour l’Ukraine, un des plus gros producteurs et exportateurs de céréales du monde, mais elle est devenue un champ de bataille depuis le début de l’invasion russe en février 2022.

Antonio Guterres et Vladimir Poutine ont d’autre part discuté de la situation au Proche-Orient, en particulier « l’absolue nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, ainsi que le besoin d’éviter une nouvelle escalade régionale », a précisé le communiqué.

Le Kremlin n’a à pour l’instant pas encore fourni d’informations sur le contenu de leurs discussions en tête-à-tête.

Avec cette réunion des Brics, Vladimir Poutine entendait démontrer l’échec de la politique occidentale de sanctions et d’isolement de la Russie, notamment auprès des pays appartenant à ce qui est souvent décrit comme le « Sud global », et afficher sa volonté de mettre à bas l’« hégémonie » supposée de l’Occident dans les relations diplomatiques mondiales pour favoriser l’avènement d’« un monde multipolaire ».

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