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Vladimir Poutine célèbre en Crimée la victoire sur le fascisme

Vladimir Poutine s'est rendu vendredi en Crimée, ici à Sébastopol, pour commémorer la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie et proclamer le succès du rattachement à la Russie de cette péninsule arrachée à une Ukraine que Moscou dit désormais aux mains de fascistes. /Photo prise le 9 mai 2014/REUTERS/Maxim Shemetov

par Darya Korsunskaya et Alexander Winning SEBASTOPOL (Reuters) - Vladimir Poutine s'est rendu vendredi en Crimée pour commémorer la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie et proclamer le succès du rattachement à la Russie de cette péninsule arrachée à une Ukraine que Moscou dit désormais aux mains de fascistes. A Marioupol, ville de l'est de cette même Ukraine où les séparatistes pro-russes ont l'intention d'organiser dimanche un référendum d'autodétermination sur le modèle de celui du 16 mars en Crimée, de violents affrontements ont fait jusqu'à 20 morts, selon Kiev. D'autres sources avancent des bilans moins lourds. "Je suis sûr que 2014 restera dans les annales de notre grand pays comme l'année où les nations qui vivent ici ont fermement décidé d'être avec la Russie, proclamant leur fidélité à la vérité historique et à la mémoire de nos ancêtres", a déclaré le président russe, dont c'était la première visite en Crimée depuis l'annexion. "Il reste beaucoup de travail à accomplir mais nous surmonterons toutes les difficultés parce que nous sommes ensemble, ce qui signifie que nous sommes plus forts", a-t-il ajouté lors d'une brève allocution prononcée à l'issue du défilé auquel il a assisté à Sébastopol. A Kiev, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a dénoncé une "provocation qui confirme à nouveau que la Russie cherche délibérément à exacerber les tensions dans ses relations avec l'Ukraine". En visite à Tallinn, Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, a jugé la visite de Vladimir Poutine "malvenue". "VÉRITÉ HISTORIQUE" Avant de prendre la direction de la Crimée, le président avait assisté à un premier défilé militaire sur la place Rouge, à Moscou, où il a rendu un hommage appuyé à l'Union soviétique pour sa contribution à la défaite de l'Allemagne nazie. "C'est notre pays qui a traqué les nazis dans leur tanière et obtenu leur destruction totale et définitive au prix de millions de victimes et de terribles souffrances." "Nous serons à jamais les gardiens de cette vérité éclatante et éternelle et ne tolérerons ni la trahison ni l'effacement de tous ces héros qui, sans se préoccuper de leur propre sort, ont préservé la paix sur la planète", a-t-il ajouté. Si l'Ukraine et la Russie avaient l'habitude de commémorer le même jour la victoire de 1945, le nouveau gouvernement a renoncé cette année aux défilés, craignant qu'ils ne donnent lieu à des affrontements avec des "provocateurs" pro-russes. "Il y a 69 ans, aux côtés de la Russie, nous avons combattu et vaincu le fascisme. L'histoire se répète sous une forme différente. Désormais, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont avec nous", a souligné le Premier ministre Arseni Iatseniouk, lors d'une cérémonie organisée à la cathédrale Saint-Volodimir de Kiev. A Marioupol, une vingtaine de "terroristes" pro-russes ont été tués par les forces ukrainiennes alors qu'ils tentaient de prendre le siège de la police, selon le ministre ukrainien de l'intérieur Arsen Avakov. Les précédents bilans faisaient état de trois à huit morts. D'autres sources indiquent par ailleurs que ce sont les forces ukrainiennes qui ont attaqué le bâtiment pour tenter d'en déloger les militants pro-russes. Mardi, le ministre de l'Intérieur avait parlé de 30 morts près de Slaviansk, ce qui n'a pas été confirmé depuis. AUTODÉTERMINATION Apparemment décidé à jouer l'apaisement, Vladimir Poutine avait réclamé mercredi le report du référendum prévu dimanche dans les provinces de Donetsk et de Louhansk, mais les séparatistes pro-russes ont refusé d'obtempérer. Vendredi à Sébastopol, le président russe a invité la communauté internationale à respecter les intérêts et les droits de ses concitoyens, y compris celui à l'autodétermination. "Nous traitons tous les pays et tous les peuples avec respect. Nous respectons leurs droits et leurs intérêts. Mais nous invitons tout le monde à faire de même avec les nôtres, y compris celui de rétablir une justice historique, et avec le droit à l'autodétermination", a-t-il déclaré. Les électeurs des deux provinces ukrainiennes concernées par le référendum, qui forment le bassin houiller du Donbass où vivent six millions d'habitants, seront donc invités à se prononcer sur la sécession de la "République populaire de Donetsk", instaurée par les séparatistes. La victoire du "oui" est loin d'être acquise à en croire les sondages et la participation pourrait en outre être faible. A Bruxelles, les ambassadeurs des Etats membres de l'UE ont donné leur accord de principe à l'ajout de 15 noms, dont ceux de plusieurs entreprises de Crimée, sur la liste européenne des sanctions, a-t-on appris de sources diplomatiques. Le gel des avoirs et l'interdiction de visas entrés en vigueur après l'annexion de la Crimée concernent à l'heure actuelle 48 Russes et Ukrainiens jugés responsables de la crise, mais aucune entreprise n'a encore été visée. (Avec Nigel Stephenson et Katya Golubkova à Moscou, David Mardiste à Tallinn, Ralph Boulton, Pavel Polityuk, Aleksandar Vasovic, Elizabeth Piper à Kiev et Alessandra Prentice à Slaviansk; Jean-Philippe Lefief pour le service français)