Vivendi prêt à une fusion de TIM et Open Fiber dans le fixe

PARIS/MILAN (Reuters) - Vivendi, l'actionnaire principal de Telecom Italia (TIM), s'est dit prêt dimanche à soutenir une fusion entre l'opérateur italien et Open Fiber dans le réseau fixe si les conditions sont réunies.

Le groupe français de médias et de divertissement a dans le même temps relancé ses attaques contre le fonds activiste américain Elliott, le deuxième actionnaire de TIM avec un peu moins de 10% du capital.

Les deux adversaires s'écharpent sur les moyens de redresser l'opérateur télécoms italien plombé par un endettement de plus de 25 milliards d'euros.

Elliott prône une scission du réseau de TIM et sa fusion avec Open Fiber - une idée aussi défendue par le gouvernement italien - alors que Vivendi voulait voir le groupe conserver le contrôle de son principal actif.

"Pour Vivendi, le réseau fixe est au coeur de la création de valeur de TIM", peut-on lire dans un document disponible sur le site internet du groupe français.

"Vivendi est prêt à soutenir la fusion d'Open Fiber et de TIM si les conditions sont bonnes et justes d'un point de vue opérationnel, financier et réglementaire et si cette fusion est supervisée par un conseil contrôlé par des administrateurs indépendants".

Open Fiber est conjointement contrôlé par l'établissement public italien Cassa Depositi e Prestiti (CDP) et le groupe énergétique italien Eni.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CRUCIALE LE 29 MARS

L’assemblée générale de TIM du 29 mars doit se prononcer sur la proposition de Vivendi de révoquer cinq des dix membres du conseil d’administration issus de la liste du fonds activiste Elliott et de les remplacer par cinq administrateurs indépendants, précise encore Vivendi dans un communiqué de presse.

"La négligence du conseil d'administration nommé par Elliott a fragilisé la situation financière de TIM", ajoute le groupe français de médias et de divertissement dans le document. "La valeur pour les actionnaires a été détruite et les risques ont augmenté."

Pour Vivendi, la future composition du conseil d’administration "redonnera à TIM les conditions et les garde-fous nécessaires pour disposer d’une gouvernance adéquate et tenir ses promesses".

"Elle devrait également permettre au conseil d’agir de manière plus efficace et cohérente", poursuit l'entreprise française.

Jeudi, Telecom Italia s'est engagé à accélérer la réduction de ses coûts, à augmenter le retour aux actionnaires et à faire croître ses bénéfices à partir de 2020 sous la direction de son nouvel administrateur délégué Luigi Gubitosi.

Son nouveau plan stratégique 2019-2021 vise à convaincre les investisseurs que le groupe peut redresser son cours de Bourse et faire face à l'émergence de nouveaux concurrents, en substance Open Fiber avec son réseau de fibre optique et l'offre low-cost de téléphonie mobile lancée en Italie par le français Iliad.

Les finances de l'ex-monopole télécoms italien ont été mises à mal par les 2,4 milliards d'euros - bien plus qu'initialement prévu - qu'il a mis sur la table pour obtenir ses fréquences de cinquième génération.

TIM entend réorganiser ses opérations sur son marché intérieur, tout en y investissant trois milliards d'euros par an. Il prévoit aussi de développer ses opérations au Brésil et entend lancer plusieurs initiatives stratégiques pour créer de la valeur.

En Bourse, l'action Telecom Italia a gagné 11,28% depuis le début de l'année mais, sur douze mois, le titre a perdu près de 25% de sa valeur.

(Caroline Pailliez et Matthieu Protard à Paris et Stephen Jewkes à Milan; édité par Henri-Pierre André)