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Vivendi prêt à débattre avec Elliott de la stratégie de TIM

par Agnieszka Flak

MILAN (Reuters) - Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et président du conseil d'administration de Telecom Italia, pourrait suspendre ses fonctions exécutives au sein de l'opérateur télécoms italien pendant le débat en cours sur la stratégie de l'ex-monopole, a fait savoir mercredi un porte-parole de Vivendi.

Le fonds activiste Elliott Management a annoncé la semaine dernière avoir pris une participation dans Telecom Italia (TIM), tout en contestant la stratégie de Vivendi, son premier actionnaire, et en se disant prêt à présenter ses propres candidats au conseil d'administration afin d'améliorer la stratégie, la valeur et la gouvernance.

"Durant la période consacrée à ce débat stratégique, Arnaud de Puyfontaine a fait savoir qu'il était disposé à suspendre ses fonctions exécutives au sein de TIM", a dit le porte-parole de Vivendi.

Le groupe français, premier actionnaire de TIM avec environ 24% du capital, appuie le nouveau plan stratégique présenté la semaine dernière par l'opérateur italien mais est prêt à étudier toute initiative qui serait soutenue par les actionnaires dans le but de doper le cours de l'action, a dit le porte-parole.

"Comme toujours, ce sont les actionnaires qui décideront", a-t-il dit.

Vivendi a investi près de quatre milliards d'euros dans TIM depuis son entrée au capital de l'opérateur historique à la mi-2015. Le groupe de Vincent Bolloré a progressivement resserré son emprise sur l'entreprise en désignant les deux tiers de ses administrateurs et en plaçant son propre président du directoire à la présidence exécutive.

La montée en puissance du groupe français a entraîné des tensions avec d'autres actionnaires et avec le gouvernement italien, qui considère TIM comme une entreprise d'importance stratégique. Rome s'est octroyé l'an dernier des pouvoirs spéciaux pour conserver un droit de regard sur les décisions stratégiques de l'ex-monopole.

La capitalisation boursière de TIM a fondu de plus d'un tiers depuis l'entrée au capital de Vivendi, même si ce dernier met en avant une tendance de plus long terme. De fait, le titre a perdu plus de 70% de sa valeur depuis le début 2005.

TIM n'a plus versé de dividende depuis 2012, mais le nouvel administrateur délégué Amos Genish a laissé entrevoir de meilleurs retours pour les actionnaires avec le nouveau plan stratégique sur trois ans présenté la semaine dernière.

Vivendi a qualifié le plan 2018-2020 d'"ambitieux et réaliste" et plusieurs intermédiaires, notamment Goldman Sachs et Bryan Garnier, ont relevé leur recommandation sur TIM dans la foulée.

Mais l'irruption d'Elliott au capital pourrait annoncer d'autres changements plus radicaux.

L'investisseur activiste n'a pas encore fait connaître ses propositions mais selon des sources il réclamera une majorité d'administrateurs indépendants, la conversion des titres d'épargne en actions ordinaires et la scission de l'activité de réseaux.

"Elliott Management s'en prend régulièrement aux Etats et aux entreprises (...) et est connu pour son approche financière focalisée sur le court terme, ce qui aboutirait le plus vraisemblablement dans ce cas au démantèlement de TIM", a dit le porte-parole de Vivendi.

Elliott s'est refusé à tout commentaire.

Le fonds a jusqu'à mardi pour proposer des amendements à l'ordre du jour de l'assemblée générale de TIM, prévue le 24 avril.

(Avec la contribution de Stephen Jewkes, Wilfrid Exbrayat et Véronique Tison pour le service français)