Vivarte va supprimer près de 1.500 emplois en France

par Pascale Denis PARIS (Reuters) - Vivarte, géant français de l'habillement et de la chaussure, a présenté mardi aux représentants de son personnel un plan social portant sur près de 1.500 emplois, touchant principalement La Halle aux vêtements, son enseigne phare plombée par la chute de ses ventes et de lourdes pertes. Au total, selon les chiffres communiqué par Vivarte, 1.344 postes nets seront supprimés à La Halle, soit 30% de ses effectifs, en tenant compte du transfert de certains salariés qui seront repris par d'autres magasins de l'enseigne ou par d'autres marques du groupe, qui détient également Naf Naf, Kookaï, André, Minelli ou Chevignon. Fragilisée par la détérioration de l'environnement, la forte dégradation de ses résultats et par une stratégie de montée en gamme inadaptée, La Halle aux vêtements va voir 244 de ses magasins fermer, sur un total de 608 magasins en France. Chez le chausseur André, 105 postes nets seront supprimés et 37 magasins seront fermés - situés généralement dans de petites villes de province - sur un total de 247, tandis qu'une trentaine d'emplois seront aussi supprimés au siège et à la logistique de Kookaï. "L'objectif est de remettre La Halle à l'équilibre sur un périmètre réduit et recentré sur ses meilleurs magasins en terme d'emplacement et de chiffre d'affaires", a déclaré un porte-parole de Vivarte. Il a précisé qu'à ce jour "aucune cession de marque" n'était à l'ordre du jour, alors que des spéculations ont circulé sur une restructuration drastique du groupe passant par un éventuel recentrage sur la chaussure. Pour les syndicats, ce sont 1.599 suppressions d'emplois qui pourraient potentiellement intervenir à La Halle, si les salariés concernés par les transferts vers d'autres magasins n'étaient pas reclassés. Un plan de restructuration plus détaillé devrait être présenté aux salariés mercredi. RÉSULTAT DIVISÉ PAR PRÈS DE DEUX Le groupe Vivarte a vu ses résultats divisés par près de deux à l'issue de son exercice décalé 2013-2014, lestés par un décrochage des ventes de La Halle aux vêtements. En baisse continue depuis l'exercice 2011-2012, ses ventes ont chuté de 10,3% à 2,684 milliards d'euros à la fin de l'exercice clos en août 2014, selon des documents obtenus par Reuters. Le résultat avant impôts, intérêts, dépréciation et amortissement (Ebitda) a été divisé par près de deux, à 170 millions d'euros, contre 327 millions un an plus tôt, et la rentabilité opérationnelle est tombée à 6,3%, contre 10,9%. A elle seule, La Halle aux vêtements a vu son chiffre d'affaires décrocher de 14,5% au cours du dernier exercice, dans un marché français de l'habillement en recul de 0,9% l'an dernier. Son Ebitda est passé dans le rouge avec une perte de 72,8 millions. L'enseigne à bas prix installée dans de vastes dépôts à la périphérie des villes a d'abord été rattrapée par la crise de 2008, puis par la concurrence d'internet et d'autres enseignes à très petits prix comme Kiabi ou, plus récemment, l'irlandaise Primark qui a fait des débuts en fanfare en France en 2013. Pour la relancer, l'ancien PDG de Vivarte, Marc Lelandais, a misé sur une coûteuse stratégie de montée en gamme, qui n'a pas produit les effets escomptés, la coupant de sa clientèle populaire et vidant ses magasins. Aujourd'hui, Vivarte veut que La Halle "renoue avec sa clientèle familiale et populaire des périphéries urbaines", a précisé le porte-parole du groupe. Elle doit se recentrer sur son coeur de cible et refondre ses collections, a-t-il ajouté. Vivarte est passé sous le contrôle de ses fonds créanciers en octobre 2014 après un accord de restructuration portant sur 2,0 milliards d'euros de dettes négocié par Marc Lelandais, remercié et remplacé par Richard Simonin. La dette, contractée par le fonds Charterhouse pour le rachat de l'entreprise en 2007, avant l'éclatement de la crise financière, en avait fait l'un des plus gros LBO (rachat avec effet de levier) européens. Le groupe emploie environ 22.000 personnes en France dont 4.560 à La Halle aux vêtements et environ 500 chez André. (Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)