Vite Vu

Gueule d’ange de Vanessa Filho (1 h 48).

Difficile de ne pas regarder ce film, où Marion Cotillard joue une cagole alcoolique peroxydée, sans avoir à l’esprit sa prestation autobiographique dans Rock’n Roll de son compagnon Guillaume Canet, où on la voit peaufiner son rôle à la maison du matin au soir en adoptant l’accent québécois vu qu’elle doit jouer dans un Xavier Dolan. Ici, on l’imagine titubant dès l’aube et ne prononçant plus un mot, la diction pâteuse de la meuf envapée des mois pour être prête à performer dès le premier clap. Ce récit de la relation entre une mauvaise mère et sa fille mal barrée (elle se murge à 10 ans) est signé Vanessa Filho, qui a fait beaucoup de photos et de clips avant de passer à la réalisation de ce long métrage inutilement peinturluré de références à la photographie américaine. Tout sonne assez toc et clinquant au détriment de personnages réduits à des archétypes de mélo social-lifté au vernis de la crasse chic.

Solo : A Star Wars Story de Ron Howard (2 h 15).

On peut s’étonner de trouver un briscard multitâche comme Ron Howard à la tête de ce spin-off de la franchise Star Wars, qui survient moins d’un an après le merveilleux The Last Jedi de Rian Johnson et qui contredit une stratégie de renouvellement générationnel impulsé ou du moins affiché par Lucas lui-même. Mais les coulisses de Solo ont été agitées puisqu’aux commandes du navire initial on trouvait le duo Phil Lord et Chris Miller, les auteurs de la Grande Aventure Lego qui ont été lourdés après cinq mois de tournage, notamment parce qu’ils semblaient prendre des libertés avec le script et tirer le film vers la comédie. Howard a été appelé à la rescousse et à gérer l’affaire en bon père de famille. Le résultat est un western-SF dévitalisé, au délicieux goût d’eau de vaisselle, d’autant plus absurde qu’on est censé assister à l’aube frémissante d’une mythologie et non au remix gâteux d’un vieux tube seventies.

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