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En Afghanistan, le chef du Pentagone met en garde contre l'EI

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter est arrivé vendredi en Afghanistan, où les forces de sécurité locales ont essuyé récemment de sérieux revers face à une recrudescence des attaques des taliban. /Photo prise le 1er décembre 2015/REUTERS/Gary Cameron

par Yeganeh Torbati BASE FENTY, Afghanistan (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, en visite vendredi en Afghanistan, a souligné la menace que représente dans ce pays l'Etat islamique (EI), qui a lancé ces derniers mois des attaques dans la province orientale de Nangarhar. Les forces de sécurité locales ont également essuyé récemment de sérieux revers face à une recrudescence des attaques des taliban. Le chef du Pentagone, qui venait de passer deux jours en Irak, s'est entretenu avec des militaires américains et des responsables afghans, notamment son homologue Masoom Stanekzai. Près de Jalalabad, chef-lieu de la province de Nangarhar, il a rencontré les 600 soldats américains de la base Fenty, d'où sont coordonnées des missions de formation et des opérations de logistique et de lutte antiterroriste dans l'est du pays. "Nous voyons actuellement de petits foyers de l'EIIL (ndlr-Etat islamique en Irak et au Levant) surgir à travers le monde, y compris ici en Afghanistan (...) et je dois dire que c'est une menace que nous suivons de très près", a déclaré Ashton Carter lors d'une conférence de presse. Le général américain John Campbell, qui commande les forces internationales en Afghanistan, a estimé à entre 1.000 et 3.000 le nombre de combattants de l'Etat islamique en Afghanistan, dans les provinces de Nangarhar et de Kunar, où le groupe djihadiste a affronté les forces de sécurité afghanes et les taliban. Ces derniers ont dû mobiliser des troupes pour faire face à leurs rivaux, au grand soulagement des forces gouvernementales afghanes dans certains secteurs. "DYNAMIQUE NOUVELLE" "C'est une dynamique nouvelle dans l'insurrection", a confirmé un haut responsable de la défense américaine. "Il est très important d'avoir le dessus, de surveiller et d'empêcher tout type de menace qui pourrait effectivement émerger de ce qui n'est encore qu'un élément relativement embryonnaire de l'insurrection globale", a-t-il ajouté. Evoquant l'avance récente, même provisoire, des taliban dans plusieurs régions du pays, Ashton Carter a souligné que le combat était "loin d'être terminé". "Je pense vraiment que l'Afghanistan aura encore besoin de notre soutien et de celui de la communauté internationale", a-t-il dit. Dans un rapport diffusé la semaine dernière, le Pentagone a brossé un sombre tableau de la sécurité en Afghanistan, relevant que de janvier à mi-novembre les attaques à Kaboul avaient augmenté de 27% par rapport à la même période de 2014. Les forces de sécurité afghanes ont également enregistré 27% de victimes en plus pendant cette période. Elles ont brièvement perdu fin septembre le contrôle de la ville de Kunduz, dans le nord du pays, et dû faire face la semaine dernière à une attaque contre l'aéroport de Kandahar qui a coûté la vie à une cinquantaine de civils. Barack Obama a annoncé à la mi-octobre qu'il allait ralentir le retrait des troupes américaines déployées en Afghanistan et maintenir les effectifs à leur niveau actuel, soit 9.800 hommes, pendant la majeure partie de l'année à venir. Qualifiant cette décision "d'ajustement modeste mais significatif", le président américain a expliqué ce maintien par le fait que les troupes afghanes ne sont pas aussi aguerries qu'elles devraient l'être. (Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)