Tous les virus n’ont pas eu la même facilité à conquérir l’Amérique
Deux chercheurs américains, James Lloyd-Smith, de l’université de Californie, à Los Angeles, et Elizabeth Blackmore, de l’université Yale, ont étudié comment les maladies infectieuses sont arrivées d’Europe en Amérique lors des premiers voyages transatlantiques effectués par Christophe Colomb et consorts à partir de la fin du XVe siècle. Leurs recherches, qu’ils ont synthétisées dans un article scientifique publié dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), montrent que tous les virus n’ont pas eu la même facilité à atteindre les Amériques.
“Nous savons tous que des agents pathogènes ont été introduits dans le Nouveau Monde avec des conséquences dévastatrices. Mais comment ont-ils pu y arriver sur un petit bateau avec 30 personnes à bord ?” résume James Lloyd-Smith dans le magazine Science. “Ces bateaux ne transportent pas un pathogène comme un meuble : il faut que le virus voyage et se transmette parmi les voyageurs”, appuie Elizabeth Blackmore, interrogée par New Scientist. Autrement dit, formule Science, pour qu’un virus puisse faire la traversée d’un océan, nécessitant plusieurs semaines de navigation, il faut qu’il y ait “une chaîne ininterrompue d’infections depuis le départ jusqu’à la destination”.
Un modèle mathématique
Il existe différents facteurs qui comptent dans la propagation d’un virus : sa virulence, son pouvoir pathogène, le nombre de personnes infectées au départ, le nombre total de personnes – équipage et voyageurs – à bord de la caravelle ou encore la durée de la traversée. Les deux chercheurs ont compilé ces facteurs, qu’ils ont implémentés dans un modèle mathématique.
Le virus de la grippe, par exemple, se transmet rapidement. Si un individu infecté embarquait, “l’ensemble de l’équipage aurait été contaminé et aurait guéri le temps du voyage, parce qu’il fallait plus d’un mois pour traverser l’océan lors des premiers voyages en bateau”, rapporte le site Phys.org. En revanche, New Scientist souligne que “la variole en particulier, mais aussi la rougeole, pouvait probablement persister au cours des premiers voyages, qui duraient en moyenne entre cinq et dix semaines”.
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