Publicité

Virginie Despentes signe une tribune poignante sur le racisme et le manque d'engagement des personnes blanches

Virginie Despentes, écrivaine française, assiste aux 'Quais du Polar' assises annuelles du roman policier le 28 mars 2015 à Lyon, France. (Photo by Robert DEYRAIL/Gamma-Rapho via Getty Images)
(Photo by Robert DEYRAIL/Gamma-Rapho via Getty Images)

Virginie Despentes fait partie de ces autrices qui ont toujours su trouver les mots justes pour parler de la société, de l'actualité. Elle l'a prouvé à travers ses livres, bibles féministes, et le prouve une fois de plus avec un texte puissant, "à destination de ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème". Un manifeste qui évoque le déni du racisme, par des personnes qui refusent de reconnaître les privilèges que leur accorde leur couleur de peau.

Le racisme est loin d'être derrière nous. En France comme à travers le monde, en 2020, les personnes de couleur sont toujours moins bien traitées que les blancs, et ce, à tous les niveaux. Inégalités salariales, inégalités de traitement médical, plus de risque d'être tué lors d'une interpellation par la police ou encore d'être accusé à tort d'un crime qu'elles n'ont pas commis... Les personnes racisées souffrent encore et toujours des stéréotypes liés aux couleurs de peau, à un racisme qui ne devrait plus exister, et que de nombreuses personnes refusent de voir. Un déni dénoncé par Virginie Despentes dans Lettres d'intérieur, la chronique d'Augustin Trapenard sur France Inter.

Le déni de racisme et le privilège d'"être blanc"

Dans une lettre adressée à "ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème", l'autrice rend hommage à Assa et Adama Traoré comme à George Floyd, à toutes les personnes de couleur victimes de violences policières racistes à travers le monde. Elle évoque principalement la situation au sein de l'Hexagone : "En France nous ne sommes pas racistes mais je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre", commence-t-elle, avant de citer les nombreuses discriminations et inégalités raciales qui subsistent au sein du pays. "En France on n'est pas raciste mais quand on a annoncé que le taux de mortalité en Seine-Saint-Denis était de 60 fois supérieur à la moyenne nationale, non seulement on n'en a eu un peu rien à foutre mais on s'est permis de dire entre nous ‘c'est parce qu'ils se confinent mal’.”

Avec des mots crus, sincères et réfléchis, elle évoque plusieurs des privilèges que lui apportent sa couleur de peau. "Je suis blanche. Je sors tous les jours de chez moi sans prendre mes papiers. Une blanche comme moi hors pandémie circule dans cette ville sans même remarquer où sont les policiers. Je ne peux pas oublier que je suis une femme. Mais je peux oublier que je suis blanche. Ça, c'est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l'humeur. En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix”.

Un racisme omniprésent

Avec la recrudescence du mouvement Black Lives Matter, plus présent que jamais après la mort de George Floyd, des centaines de militants proposent des ressources en ligne pour faire comprendre au grand public à quel point le racisme est toujours présent dans notre société. L'expression "privilège blanc" a toujours beaucoup de mal à passer, mais les personnes racisées tiennent à le rappeler : dire que quelqu'une personne blanche est privilégiée ne signifie pas qu'elle n'a pas eu une vie difficile. Simplement que sa couleur de peau n'a jamais été une entrave pour trouver du travail, accéder facilement aux soins, éviter les agressions racistes et éviter plus facilement les violences policières.

A LIRE AUSSI

> Après avoir salué le discours de Donald Trump, l'ex-bassiste de Nirvana fait machine arrière

> Mais pourquoi Jay-Z a-t-il appelé le gouverneur du Minnesota ?

> Beyoncé, Dr Dre, Rihanna... Après la mort de George Floyd, les stars américaines réclament justice