Virage libéral pour la diplomatie brésilienne à Buenos Aires

par Anthony Boadle BRASILIA/BUENOS AIRES (Reuters) - Le nouveau ministre des Affaires étrangères brésilien, José Serra, a marqué lundi lors de sa première visite en Argentine une nette inflexion de la diplomatie du pays, qui entend désormais privilégier les liens commerciaux aux alliances idéologiques. Âgé de 74 ans, le nouveau chef de la diplomatie brésilienne, qui s'est porté candidat à la présidentielle à deux reprises, a fait la promesse d'ouvrir de nouveaux marchés pour les exportations brésiliennes dans un contexte économique difficile. A Buenos Aires, il s'est concentré sur la rénovation de l'union douanière sud-américaine, le Marché commun du Sud (Mercosur), afin d'en faire une véritable zone de libre-échange. Doté de nouveaux pouvoirs pour négocier des accords commerciaux, José Serra prévoit en outre de renforcer les liens avec les marchés traditionnels comme l'Europe et les Etats-Unis et de développer les relations avec la Chine, devenue récemment le premier marché à l'exportation du pays. Après la préférence accordée par Lula aux relations Nord-Sud, et une position nuancée de Dilma Rousseff face aux Etats-Unis, Serra estime qu'une amélioration des relations avec Washington est inévitable, notamment grâce à un assouplissement des barrières commerciales. "Il y aura un alignement plus grand entre les Etats-Unis et le Brésil sur des questions mondiales", prédit Michael Sifton, président du groupe de réflexion InterAmerican Dialogue. L'Argentine, gouvernée par les libéraux depuis l'année dernière, jouera aussi un rôle de premier plan dans la stratégie commerciale brésilienne, le pays représentant la première destination de la production manufacturière du Brésil. "La diplomatie va de nouveau refléter les valeurs de la société brésilienne et l'intérêt de son économie, et elle ne sera plus au service des préférences idéologiques d'un parti et de ses alliés à l'étranger", a dit José Serra dans son premier discours en tant que ministre la semaine dernière. Il a en outre réprimandé le Venezuela, Cuba, la Bolivie, l'Equateur et le Nicaragua, les accusant d'interférer dans les affaires intérieures en qualifiant de "coup d'Etat" la suspension de Dilma Rousseff. Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a rappelé son ambassadeur à Brasilia à la suite de la suspension de Dilma Rousseff pour procéder à des consultations. (Julie Carriat pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)