Viols de Mazan: la suite du procès suspendue à l'état de santé du principal accusé

Croquis d'audience montrant Dominique Pelicot dans son box du tribunal d'Avignon, le 2 septembre 2024 (Benoit PEYRUCQ)
Croquis d'audience montrant Dominique Pelicot dans son box du tribunal d'Avignon, le 2 septembre 2024 (Benoit PEYRUCQ)

La suite du procès des viols de Mazan est suspendue à l'état de santé du principal accusé, Dominique Pelicot, qui ne s'est toujours pas exprimé en détail sur cette affaire mais se dit trop malade pour comparaître lundi, selon son avocate.

"Aujourd'hui, il ne sera pas là. Sauf s'il est extrait de force" de sa cellule, a affirmé maître Béatrice Zavarro avant que l'audience ne reprenne aux alentours de 09H00.

Sans exclure cette hypothèse, elle a indiqué que son client avait en tout cas "préparé une lettre" dans laquelle il indique souhaiter ne pas être extrait de sa cellule afin de se reposer. Il aurait selon son conseil, un caillot dans la vessie et un "début d'infection du rein".

Ce septuagénaire est accusé d'avoir drogué sa femme Gisèle aux anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet pendant dix ans, des faits qu'il a reconnus.

Il est jugé depuis le 2 septembre à Avignon avec 50 coaccusés et sa parole sur cette affaire hors normes, qui a suscité d'importantes manifestations en France en soutien aux victimes de violences sexuelles, est très attendue.

"Il existe une grande incertitude quant à la possibilité de Dominique Pelicot de comparaître à l'audience. Une prorogation de la suspension n'est donc pas à exclure", a déclaré dimanche soir l'un des avocats des parties civiles, Me Antoine Camus.

La dernière apparition de Dominique Pelicot remonte à mercredi. Visiblement très affaibli, il n'avait pu comparaître que brièvement pour raisons médicales.

Après une expertise, le président de la cour criminelle du Vaucluse, Roger Arata, avait ordonné jeudi la suspension du procès la journée du vendredi, tout en semant le doute sur la continuité de celui-ci pour sa reprise lundi.

"Soit Pelicot est là et on continue. S'il n'est pas là pour un, deux ou trois jours, on prolongera la suspension", avait-il d'abord dit avant d'ajouter: "Mais s'il est durablement indisponible, c'est le renvoi de l'affaire".

Un renvoi de ce dossier, très suivi en France et à l'étranger, provoquerait de nombreuses complications: "Il faut tout refixer, un agenda, la disponibilité de la salle, du tribunal, etc. Et quid de ceux qui sont en détention ? (c'est le cas de 18 des 51 accusés, NDLR) Parce qu'à ce moment-là, je peux supposer qu'il y aura des demandes de mise en liberté", avait assuré Béatrice Zavarro, après l'annonce du président de la cour.

Prévu pour durer pendant quatre mois, ce procès exceptionnel, où comparaissent des hommes âgés de 26 à 74 ans pour la plupart poursuivis pour viols aggravés, avait déjà pris du retard lors des deux premières semaines d'audience.

Si la fille et les deux belles-filles de l'accusé principal, elles aussi victimes - leur père et beau-père les avait notamment photographiées nues à leur insu -, ont déjà été entendues, ses deux fils eux n'ont pu prendre la parole.

De même, Gisèle Pelicot, désormais ex-épouse de l'accusé, doit poursuivre sa déposition.

- "Toutes Gisèle" -

Les faits visant M. Pelicot avaient éclaté au grand jour après que celui-ci a été interpellé en train de filmer sous les jupes de trois femmes, dans un centre commercial de Carpentras (Vaucluse).

En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur sa femme Gisèle au domicile conjugal, situé à Mazan (Vaucluse), des agressions sexuelles photographiées, filmées, minutieusement légendées et archivées par l'accusé.

Couvert par des médias du monde entier, devenu le symbole de la question des agressions commises sur des personnes victimes de soumission chimique, ce procès est aussi pris en exemple par les mouvements féministes pour relancer le débat sur le consentement.

Et Mme Pelicot, qui a elle-même refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, est devenue une figure de la lutte contre les violences sexuelles.

Son visage stylisé a été brandi toute la journée de samedi par 10.000 personnes qui se sont rassemblées dans toute la France pour lui apporter leur soutien.

"On est toutes Gisèle", "Violeur on te voit, victime on te croit", "Tu n'es pas seule", ont par exemple scandé les 3.500 personnes réunies à Paris.

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