Viols de Mazan: le maire reconnaît "des mots pas appropriés", mais réaffirme qu'"il n’y a pas mort d’homme"

L'élu revient partiellement sur ses déclarations. Le maire de Mazan Louis Bonnet avait affirmé à la BBC ce mardi 17 septembre qu'il n'y avait pas eu "mort d'homme" dans l'affaire des viols qui se sont déroulés dans sa commune, selon la traduction du média britannique. Une déclaration qui a fait polémique alors que le procès est actuellement en cours. Il est en partie revenu sur ses propos ce jeudi auprès du Dauphiné Libéré.

"J’ai dit quelque chose que je n’aurais certainement pas dû dire", a-t-il d'abord reconnu, assurant "regretter" certaines déclarations.

"Mon but était de montrer que Mazan n’est pas un village de violeurs, mais un village paisible, sans couvre-feu, ni de gens qui ont peur", se défend le maire. "Pour ça, j’ai utilisé des mots pas tout à fait appropriés, je le reconnais", concède-t-il encore.

L'affaire des viols de Mazan concerne le procès de Dominique Pelicot, 71 ans, qui comparaît actuellement à Avignon. Il est accusé d'avoir pendant 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, drogué son épouse Gisèle Pelicot, l'avoir violée, et l'avoir livrée à des inconnus recrutés sur Internet pour qu'ils la violent.

"Une fois que c’est dit, c’est dit"

Le maire de Mazan tempère ses déclarations auprès de la BBC, assurant qu'il s'agit "de propos qui ont été repris dans une interview qui a duré 20 minutes" et assurant avoir reçu "des rafales de questions" de la part de journalistes "venus l'interroger à trois".

"Une fois que c’est dit, c’est dit, et le journaliste l’a mis en avant parce que ça lui a plu", accuse Louis Bonnet, assurant ne pas être "habitué à être interrogé aussi souvent par la presse".

"Tous les mots comptent et on est habitué à utiliser des expressions qui ne sont pas toujours les plus adaptées à être publiées", soutient-il.

"Quand je dis: 'il n’y a pas mort d’homme', c’est vrai"

Mais il réitére ensuite en partie ses premières déclarations.

"Quand je dis: 'il n’y a pas mort d’homme', c’est vrai qu’elle n’a pas été tuée Madame Pelicot", affirme-t-il.

"Dans les affaires de viols, il y a souvent des meurtres derrière. Elle aurait pu être tuée s’ils avaient continué, que son mari avait continué à augmenter la dose pour l’endormir, dans quelques années", avance-t-il.

"Dans l’idée du meurtre, c’était de dire que lorsqu’il y a un enfant ou un policier qui se fait tuer, c’est grave aussi. C’était ma réaction un peu personnelle. Ces médias, eux, prennent en compte le scandale, le mégaprocès", juge-t-il encore.

Des propos largement condamnés

Dans une interview à la BBC datée du 10 septembre, le maire de Mazan tenait déjà des propos similaires. "Cela aurait été bien pire si [Dominique Pelicot] avait tué sa femme", estimait-il, tout en reconnaissant qu'il s'agit ici de faits "très graves".

"Quand il y a des enfants impliqués ou des femmes tuées, c'est très grave car il n'y a pas de retour en arrière. Dans le cas présent, la famille va devoir se reconstruire. Ce sera difficile, mais il n'y a pas eu de mort, donc ils peuvent encore le faire", jugeait-il.

Ces propos ont largement fait réagir. "Si la culture du viol pouvait parler, elle prendrait la voix du maire de Mazan", a notamment dénoncé l'association de défense des droits de femmes La Fondation des femmes sur X.

La journaliste Yvonne Roberts accuse le maire de Mazan, dans une tribune parue dans le journal The Observer, de "chercher à minimiser le crime". "Ces propos répugnants devraient avoir fait leur temps", déplore-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com