Viols: 15 ans requis contre l'ex-gourou d'une communauté spirituelle
L'avocat général a requis vendredi 15 ans de réclusion criminelle contre Olivier Freyre, ancien leader d'une communauté protestante, jugé par la cour criminelle de Haute-Garonne pour les viols de deux anciennes adeptes et abus de faiblesse.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Pierre Aurignac a décrit une "sujétion psychologique et physique", un mécanisme d'"emprise", d'"ascendance" de l'accusé, un Franco-suisse de 44 ans, sur des membres de la communauté, installée dans un village des Pyrénées et une "dérive sectaire".
"Il a non seulement profité de la vulnérabilité préexistante, mais il a créé, entretenu, une emprise sur chacune" de ses victimes, "il doit être condamné pour les viols" de deux membres de la communauté, a-t-il dit aux juges de la cour criminelle.
À la fin des années 2000, Olivier Freyre, âgé de 28 ans, passé par la banque Rotschild avant de se lancer dans une quête spirituelle, sa compagne et plusieurs proches s'étaient installés à Ganties, petite commune rurale de Haute-Garonne pour fonder "L'Espoir", une communauté d'inspiration protestante dissoute en 2016.
La communauté avait justifié son auto-dissolution, dans un communiqué repris à l'époque dans le quotidien La Croix, mettant en cause Olivier Freyre "fondateur et prédicateur de cette mission" qui "s'est malheureusement avéré être un loup déguisé en agneau".
Durant le procès, qui a débuté le 17 janvier, Olivier Freyre, qui comparait libre, a nié les viols, affirmant que les relations sexuelles qu'il a eues avec des femmes de la communauté étaient librement consenties.
Puis il a cherché à convaincre qu'il avait changé. "Aujourd'hui, je travaille dans le sport santé avec ma femme qui est conseillère en nutrition. Je ne veux plus jamais mettre un pied en prison. Je veux rester auprès de mes enfants". La religion? "Je ne suis plus là-dedans".
"Le système mis en place par M. Freyre est pervers et ne permet pas l'opposition", a plaidé Jasmine Medjebeur, représentant les femmes qui l'ont accusé de viol. "M. Freyre s'est immiscé au plus profond de l'intimité des membres de la communauté", "c'est un prophète autoproclamé. Un berger qui garde ses brebis."
Corine Cabalet, autre avocate de la partie civile, pointe ses victimes, "au parcours accidenté", représentaient des "proies idéales pour un leader".
Le jugement de la cour criminelle de la Haute-Garonne est attendu vendredi après-midi.
ap/bow