Violences sexuelles : la ville de Paris va débaptiser les « jardins Abbé-Pierre » après de nouvelles révélations

Lieu dédié à la mémoire de l’abbé Pierre, le centre Abbé Pierre -Emmaüs d’Esteville, où il est enterré fait partie d’une liste de lieu qui ont immédiatement pris des mesures après les révélations sur l’homme d’Église.
LOU BENOIST / AFP Lieu dédié à la mémoire de l’abbé Pierre, le centre Abbé Pierre -Emmaüs d’Esteville, où il est enterré fait partie d’une liste de lieu qui ont immédiatement pris des mesures après les révélations sur l’homme d’Église.

FRANCE - Une présence devenue indésirable. Après les nouvelles accusations de violences sexuelles visant l’abbé Pierre, l’attribution de son nom à plusieurs lieux est désormais remise en cause du fait de ces révélations choquantes sur le fondateur d’Emmaüs.

Abbé Pierre : les nouvelles révélations de violences sexuelles peuvent-elles avoir des suites judiciaires ?

Ce lundi 9 septembre, c’est la ville de Paris qui annonce son intention de débaptiser un jardin du XIIIe arrondissement, qui portait le nom de l’homme d’Église français. Révélé dans les colonnes du Parisien, le changement de nom des « jardins Abbé-Pierre » Grands Moulin, situés au 15 rue Thomas-Mann, a été confirmé au HuffPost par le cabinet de la maire de Paris. « Nous sommes en train de regarder en ce qui concerne le calendrier », nous est-il précisé.

Des vagues de témoignages accablants

Une démarche qui devrait devenir la norme dans les semaines et mois à venir. La conséquence des révélations qui ont débuté durant l’été par un rapport évoquant des faits d’agressions sexuelles perpétrés par l’abbé entre les années 1950 et 2000. Des révélations au sujet de fait d’ailleurs connus au sein de l’Église, selon le journal La Croix.

Depuis le coup de tonnerre provoqué par la première vague de témoignages du 17 juillet, le groupe Egae, chargé depuis cette date par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre de recueillir de potentiels nouveaux témoignages, une nouvelle série de révélations fracassantes a eu lieu vendredi 6 septembre : Egae a récolté 17 nouveaux témoignages (12 directs et 5 indirects) concernant des violences sexuelles qui auraient été commises sur des femmes mineures et majeures.

Les nouveaux témoignages, à date du 2 septembre, font état de contacts « non sollicités sur les seins », de « baisers forcés », de « fellations forcées » de « contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable », « d’actes répétés de pénétration sexuelle » ou encore de « contacts sexuels sur une enfant ».

Nancy retire sa plaque

Des allégations suffisantes pour motiver la Fondation Abbé Pierre à opérer également un changement de nom, comme elle l’annonçait dans la foulée des nouveaux cas recensés par Egae. Une assemblée générale extraordinaire doit avoir lieu avant la fin de l’année 2024 pour statuer définitivement sur le sujet. De son côté, l’association Emmaüs révélait dans le même temps son intention de fermer définitivement le lieu de mémoire dédié à l’abbé Pierre à Esteville, petite commune de Seine-Maritime où Henri Grouès - son nom à l’état civil - repose depuis sa mort en 2017.

Photographie prise le 25 juillet à l’entrée du Centre Abbé Pierre - Emmaüs, dont les portes sont desormais fermées au public, avec un message un soutien aux victimes de ses actes lisible par toutes et tous.
LOU BENOIST / AFP Photographie prise le 25 juillet à l’entrée du Centre Abbé Pierre - Emmaüs, dont les portes sont desormais fermées au public, avec un message un soutien aux victimes de ses actes lisible par toutes et tous.

Dans cette volonté d’effacer le nom de l’abbé Pierre des nombreux lieux qui ont été baptisés en hommage à son travail pour les plus précaires, l’AFP indique ce lundi que la ville de Nancy a annoncé le retrait d’une plaque commémorative, pourtant posée sept mois plus tôt, en hommage à l’abbé Pierre.

« Compte tenu de ces graves révélations, la municipalité de Nancy a donc décidé du retrait définitif de la plaque en la mémoire de l’abbé Pierre », écrit dans un communiqué la ville dirigée par le socialiste Mathieu Klein, estimant que « la parole des victimes doit être prioritairement entendue, respectée et soutenue », malgré « le décès de l’abbé Pierre et l’ancienneté des faits rapportés ». La plaque avait été apposée au lieu où l’abbé Pierre, député de Meurthe-et-Moselle de 1945 à 1951 pour le Mouvement républicain populaire (MRP) démocrate-chrétien, tenait sa permanence parlementaire.

Le Parisien cite plusieurs autres endroits de France susceptibles d’effectuer rapidement un changement. Parmi eux, des rues, des places ou des lieux d’espaces publics, comme à Esteville, où l’école devrait être rebaptisée selon le maire de la ville. Un square d’Alfortville, commune où l’abbé Pierre a passé la fin de sa vie, doit connaître le même sort. Le square abbé Pierre laissera ainsi sa place au square Joséphine Baker, selon le quotidien francilien. Une statue du square doit également connaître un remplacement.

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