Violences sexuelles : les étudiantes en médecine particulièrement touchées, selon cette enquête aux résultats « inquiétants »

54 % des médecins interrogés ont eu connaissance de violences sexuelles ou sexistes commises par un confrère.
David Sacks / Getty Images 54 % des médecins interrogés ont eu connaissance de violences sexuelles ou sexistes commises par un confrère.

#METOO - C’est une étude attendue de longue date. L’Ordre des médecins a rendu publique mercredi 20 novembre son enquête sur les violences sexuelles et sexistes commises par des médecins. Et ses résultats sont qualifiés de « très inquiétants ».

Contre les violences sexistes et sexuelles à l’hôpital, le ministère de la Santé annonce ses premières mesures

Selon ce sondage réalisé auprès de 21 140 médecins, 54 % d’entre eux ont eu connaissance de violences sexuelles ou sexistes commises par un autre médecin, quelle que soit la victime – patient, professionnel de santé ou autre personne.

Les femmes sont évidemment les premières victimes de ces violences : une femme médecin interrogée sur deux (49 %) déclare avoir été elle-même victime de violence sexiste ou sexuelle de la part d’un autre médecin. Dans le détail, 44 % des femmes médecins rapportent un outrage sexiste ou sexuel par un médecin, 16 % du harcèlement sexuel, 6 % une agression sexuelle, et 1 % un viol. Certaines déclarent même plusieurs faits.

PUBLICITÉ

Ces violences sont aussi particulièrement prégnantes pendant les études de médecine. Parmi les 54 % de praticiennes rapportant avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles, 48 % d’entre elles disent que les faits se sont produits alors qu’elles étaient encore étudiantes. Dans 25 % des cas, les violences ont eu lieu dans le cadre professionnel.

La batterie de chiffres du baromètre « laisse le président de l’Ordre tout à fait mal à l’aise », a déclaré celui-ci, le docteur François Arnault. « Cette situation ne peut pas durer », a-t-il ajouté, en expliquant que l’Ordre referait une autre enquête de ce type, probablement dans deux ans pour vérifier l’évolution de la situation.

Objectif tolérance zéro envers les auteurs de violences

Depuis 2019, l’Ordre a mis en place des mesures pour faciliter l’expulsion des médecins accusés de violences sexistes et sexuelles, et demande des mesures législatives pour poursuivre dans cette voie, a-t-il indiqué. « L’objectif, c’est la tolérance zéro », a-t-il dit. « Aucun acte délictueux ne doit rester sans réponse de l’Ordre à partir du moment où l’Ordre est au courant ». L’Ordre a ainsi mis en place sur son site Internet une procédure pour aider les victimes de violences sexistes ou sexuelles d’un médecin à signaler les faits.

Dans les cas où les Ordres départementaux ne traitent pas un signalement, le conseil national de l’Ordre peut se saisir du dossier et saisir lui-même la chambre disciplinaire, a indiqué François Arnault.

PUBLICITÉ

Par ailleurs, l’Ordre des médecins a demandé des modifications législatives pour pouvoir consulter le casier judiciaire (volet B2) d’un praticien quand il est mis en cause, et pouvoir consulter systématiquement le Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) en cas de demande d’inscription à l’Ordre.

Une crainte des représailles

La peur des discriminations peut dissuader les médecins de dénoncer les faits dont ils sont victimes ou témoins. Selon le baromètre, 15 % des praticiens ont eu connaissance d’une discrimination professionnelle à l’encontre d’un professionnel qui avait dénoncé des violences sexistes ou sexuelles d’un autre médecin.

Parmi eux, 28 % citent la non-obtention de postes ou l’obstacle à l’avancement, 23 % le changement de service ou la mutation forcée, 21 % les moqueries, humiliations, jugements, stigmatisation, et 20 % la mise à l’écart.

Pendant les études, l’encadrement est largement cité comme auteur d’outrage ou de harcèlement. Ainsi, 69 % des médecins victimes d’outrage accusent un enseignant ou maître de stage. La proportion est de 63 % dans les cas de harcèlement sexuel. Mais pour les faits de viols, la vision est différente : parmi les 139 médecins disant avoir été victimes de viol pendant leurs études, 47 % accusent un autre étudiant.

PUBLICITÉ

À voir aussi sur Le HuffPost :

Le médecin toulousain Baptiste Beaulieu raconte sur Instagram son agression à son cabinet par un patient

Planning familial : son cofondateur Henri Fabre accusé de violences sexuelles, un appel à témoignages lancé