Violences policières à Marseille : une quatrième enquête ouverte après les émeutes

Des manifestants face à la police anti-émeute à la porte d’Aix à Marseille, le 30 juin 2023, après la mort du jeune Nahel, tué par balle par un policier.
Des manifestants face à la police anti-émeute à la porte d’Aix à Marseille, le 30 juin 2023, après la mort du jeune Nahel, tué par balle par un policier.

JUSTICE - Après Mohamed, Abdelkarim et Hedi, Otman. Deux mois après les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, une quatrième enquête a été ouverte début juillet à Marsille pour des soupçons de violences policières, et un policier placé en garde à vue ce mardi 29 août, a annoncé le parquet de Marseille, confirmant une information de Libération.

Ce fonctionnaire est notamment soupçonné de « violences en réunion avec arme entraînant une incapacité totale de travail (ITT) de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique ».

Après la mort de Mohamed Bendriss, 27 ans, les blessures de son cousin Abdelkarim Y., 22 ans, éborgné après un tir de LBD, et les images de Hedi, 22 ans, apparaissant le crâne amputé à la télévision, c’est le visage d’Otman, 36 ans, qui est apparu ce mardi 29 août sur Marsactu, site d’informations locales. « Je n’arrive plus à sortir de chez moi, dès que je dois faire une course, aller dehors me stresse. Je ne suis plus le même », témoigne-t-il auprès de ce média d’investigation marseillais.

Aux alentours de 22h30-23h, dans la nuit du 1er au 2 juillet, Otman sort d’un tabac qui vient d’être pillé, dans le quartier de La Plaine, explique Marsactu. C’est alors qu’il aurait été violemment interpellé par des policiers, une agression pour laquelle il a porté plainte le 19 juillet. Il avait alors été convoqué deux jours plus tard par la police des polices, l’IGPN, chargée de l’enquête.

Trois enquêtes pour la nuit du 1er juillet

« De très nombreux éléments dans le dossier indiquent qu’il a été frappé par plusieurs personnes », entraînant une perte de connaissance et sept fractures au visage, a déclaré à l’AFP son avocat, Nicolas Chambardon. Selon Libération, « les blessures du jeune homme victime avaient nécessité l’intervention des pompiers ». MarsActu affirme de son côté que la victime présentait quatre fractures au visage.

Il s’agit de la troisième affaire pour la seule nuit du 1er au 2 juillet, celle au cours de laquelle Mohamed Bendriss est décédé et Hedi a été gravement blessé. La deuxième ville de France recense le seul mort lors de ces émeutes en France et sans doute le plus grand nombre de blessés, sur la trentaine d’enquêtes ouvertes par l’IGPN sur tout le territoire.

Dans ce cadre, « il faut regarder de très, très près dans quel cadre ces missions [de maintien de l’ordre] sont exercées » et renforcer « la question de formation des policiers », estime Me Nicolas Chambardon.

Interrogatoire dans l’affaire Hédi

Cette garde à vue intervient alors qu’un policier de la brigade anticriminalité de Marseille (BAC) doit être entendu ce mercredi matin par des juges d’instruction dans le cadre de l’affaire Hedi. Ce fonctionnaire, qui avait d’abord nié son implication, a finalement reconnu un tir de LBD lors d’une audience début août, au cours de laquelle il contestait son placement en détention provisoire.

Cette incarcération avait déclenché une fronde dans la police. La cour d’appel d’Aix-en-Provence avait cependant décidé de le maintenir en détention face au risque de concertation avec les trois autres policiers mis en cause, « dans l’attente de ce nouvel interrogatoire » ce mercredi, au cours duquel il devrait confirmer cette nouvelle version.

La justice avait aussi souligné que sa « dénégation fallacieuse » initiale avait jeté « le discrédit sur l’ensemble de ses propos ». « En aucun cas j’en veux à l’ensemble des policiers », mais « il y a certains moutons noirs qu’il faut éloigner du troupeau », avait déclaré Hedi fin juillet.

Otman, qui assume un « long casier judiciaire » de vols à l’arraché et de violences, dont une affaire de violence conjugale, a expliqué de son côté dans Marsactu qu’il est allé porter plainte pour « la première fois de sa vie » : « Ceux qui m’ont frappé doivent eux aussi être condamnés. »

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