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Violences policières: les multiples changements de ton d'Emmanuel Macron depuis 2017

Emmanuel Macron et des policiers devant la basilique Notre-Dame à Nice le 29 octobre 2020 - BFMTV
Emmanuel Macron et des policiers devant la basilique Notre-Dame à Nice le 29 octobre 2020 - BFMTV

En mai 2017, le candidat Macron promettait d'être intraitable à l'égard des bavures policières. "Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on ne mette pas en cause la hiérarchie policière quand il y a de manière évidente un problème", clamait-il auprès de Mediapart deux jours avant d'être élu. Quelques semaines plus tôt, en campagne, il employait déjà le terme de "violence policière" pour exprimer son incompréhension quant à l'absence de responsabilité au sein de la hiérarchie.

"Dès qu’il y a une bavure, il doit y avoir une réponse et une sanction. Mais elle est hiérarchique. Un, il faut tirer au clair les situations, deux, ce n’est pas possible quand il y a eu une violence policière qu’il n’y ait aucune sanction dans la hiérarchie policière", disait également Emmanuel Macron sur TMC.

Mais ce mardi, le ton était tout autre. Le chef de l'État a annoncé plusieurs mesures, notamment pour améliorer les conditions de travail des forces de l'ordre. "Vous pouvez être fiers des actions menées, car la République est fière de vous", a-t-il scandé à Roubaix. Pourtant, depuis son accession au pouvoir, le président de la République multiplie les déclarations contradictoires sur la police, brouillant ainsi son message envers les policiers. Retour sur quatre années de relations tendues.

· Mars 2019: "Ne parlez pas de violences policières"

C'était en mars 2019. En plein mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron est interpellé à Gréoux-les-Bains dans les Alpes-de-Haute-Provence, lors du grand débat national, organisé en réponse à la crise sociétale que traverse le pays.

"Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit", avait alors tonné le président de la République.

Le chef de l'Etat avait également estimé que les "gens qui ont décidé de s’infiltrer […] Ils ont détruit, ils ont menacé, ils ont frappé les forces de l’ordre". Il avait alors "félicité" les forces de l'ordre pour leur implication dans la sécurisation des manifestations.

· Juin 2020: "Soupçons avérés de racisme"

Les premières tensions entre Emmanuel Macron et la police interviennent en juin 2020 par l'intermédiaire du ministre de l'Intérieur de l'époque. Le 8 juin, Christophe Castaner s'exprime alors qu'Emmanuel Macron a demandé au gouvernement "d'accélérer" ses propositions pour améliorer la déontologie des forces de l'ordre.

Dans un contexte de manifestations contre les violences policières, le locataire de Beauvau annonce qu'une "suspension sera envisagée" à l'encontre des policiers "pour chaque soupçon avéré d'acte ou de propos raciste". Mais Christophe Castaner finit par rétropédaler et est remplacé un mois plus tard par Gérald Darmanin.

· Décembre 2020: "Il y a des policiers qui sont violents"

Un an et demi plus tard, le président de la République change de ton. "Il y a des policiers violents", déclare-t-il lors d'une interview accordée au média Brut le 7 décembre 2020. "Là-dessus, il faut prévenir, former et surtout sanctionner", poursuit Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat dénonce alors clairement le manque d'exemplarité de certains agents.

"Il faut comprendre pourquoi ils en sont arrivés là, mais rien ne l’excuse ni le justifie. Ce qui m’a fait honte, ce sont les faits au delà des images", martèle-t-il au sujet des policiers mis en cause dans l'affaire Michel Zecler.

Le président de la République rejette toutefois le terme de "violences policières" qui, selon lui, est devenu un "slogan pour des gens qui ont un projet politique". S'il rejette toute idée de "violence systémique" ou de "racisme systémique" au sein de la police, de la gendarmerie ou de l'Etat, Emmanuel Macron reconnaît lors de cette interview l'existence des contrôles au faciès. Une déclaration qui provoque la colère du monde policier. En réponse, le gouvernement décide de lancer le Beauvau de la sécurité, une série de tables rondes pour notamment renforcer le lien tre la police et la population.

· Septembre 2021: un "contrôle indépendant" des policiers

C'est l'une des mesures qui a été annoncée par Emmanuel Macron en conclusion du Beauvau de la sécurité. Le président de la République veut un "contrôle indépendant" des policiers pour répondre aux critiques adressées à la police des polices, l'IGPN, accusée régulièrement de complaisance envers les siens.

L'idée est de mettre en place une délégation politique de quelques députés et sénateurs qui pourrait superviser et contrôler la police. Mais l'annonce est mal accueillie par le monde policier.

"Certains pensent que l'IGPN se sont des policiers qui couvrent des policiers. Et bien non lorsqu'un policier est convoqué devant l'IGPN la nuit il ne dort pas, insiste Rocco Contento, délégué Ile-de-France à Unité SGP Police FO. Ma crainte, c'est qu'effectivement on soit contrôlé par des personnes qui ne connaissent rien de notre métier, rien de notre quotidien."

Article original publié sur BFMTV.com